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zeruya shalev

  • La mère promise

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    J'ai beau être piètre cuisinière, je ne peux pas toujours vous donner des surgelés. Voici une lecture toute fraîche d'une semaine à peine (et savoureuse) qui me permet d'ajouter un pays à ma carte de lecture, là en tout petit, au milieu !

     

    carte lecture

    Israël. Comme c'est tombé en plein au moment de l'arrivée d'un nouveau collègue qui nous a tout de suite fait part de son admiration pour Dieudonné et de sa crainte de la domination sioniste du monde, j'ai eu peur un instant de faire partie du complot à l'insu de mon plein gré. N'hésitez pas à me le dire si vous me trouvez suspecte.

    En attendant, je suis contente de mon choix, même si c'est comme acheter des broyés du Poitou : ne prendre aucun risque, partir sur un produit qu'on aime et qu'on connait bien.

    A savoir, ici, l'adultère. 
    Iris est mère de deux adolescents. Elle a connu deux grands chocs dans sa vie : dix ans plus tôt, elle a été victime d'un attentat, l'explosion d'un bus qui lui a causé de graves blessures dont elle souffre encore. L'autre choc, à la fin de son adolescence, lorsque le garçon dont elle était amoureuse l'a quittée, brutalement, pour un motif qui lui reste incompréhensible.

    Ce sont les retrouvailles avec ce garçon, devenu un homme, un médecin qu'elle croise en consultant pour ses douleurs, qui sont le point de départ de cette oeuvre intense et plutôt surprenante.

    Le côté broyés du Poitou, c'est le rendu des émotions liées à cette relation qui tente de reprendre là où elle s'était arrêtée, comme si les êtres étaient toujours les mêmes, comme si le mari n'était pas dans l'équation. Le mélange de culpabilité et d’insouciance totale, cet instant quand ils sont seuls où toute considération extérieure cède devant l'amour. Car ils s'aiment.

    Mais bien sûr ça n'est pas si simple. Est-ce que ça efface la rupture et les mois de souffrance qui ont suivi ? Est-ce que le fait d'être, avec son mari, dans une mauvaise passe est signifiant ? L'égoïsme qui teintait leur ancienne séparation n'est-il pas toujours tapi là, dans cet amant qui ne semble pas plus que ça se préoccuper de ses inquiétudes actuelles ?

    Le traitement du thème était à la hauteur de mes attentes. J'avais un peu peur. Un peu d'appréhension quant à la fin. ça finit rarement bien, les histoires d'adultère. Je suis reconnaissante à l'auteure de m'avoir épargné cela. La surprise était ailleurs.

    Je suis incapable d'expliquer pourquoi mais je me suis rendue compte que bien sûr, je me projetais dans Iris, ce qui était à la fois prévisible et souhaité, mais pas dans l'amante. Dans la mère. De façon croissante pendant ma lecture, puis, à partir de la moitié, totalement, avec intensité, au point que l'autre thème s'est effacé.

    Autre coeur du récit, les enfants. Un ado plein de vie, qui est encore à la maison, en conflit avec son père, et une jeune fille qui part travailler à Tel Aviv et pour laquelle l'inquiétude grandit. Elle serait tombée sous l'influence d'une sorte de gourou. Toutes les réflexions qui tournaient autour de ce thème, de sa relation avec ses enfants, avant et après l'attentat, avec sa fille presque adulte, de la compétition qui parfois peut opposer les parents entre eux dans la conquête de l'affection des enfants, de la mauvaise lecture de leurs attentes, m'ont semblé très intéressantes. 

    Les deux thèmes se mêlent dans l'esprit d'Iris. Si sa fille va mal, c'est parce qu'elle agit mal, dans une sorte de charge superstitieuse, de loi qui voudrait qu'il faille payer pour cet amour, que le prix soit au moins aussi exorbitant que la culpabilité ressentie et qu'un sacrifice soit nécessaire. Si elle renonce à l'homme, alors sa fille ira mieux. 

    Je sens qu'il y a beaucoup à creuser et discuter, dans ce livre; Pourquoi le bookclub ne sert-il pas à cela plutôt qu'à manger des nems en parlant pour la 36e fois de la même série que je n'ai pas vue ???!!
    Où sont/vont les gens qui veulent vraiment partager des livres ?

    Je m'aperçois en me relisant que j'ai bien plus apprécié cette oeuvre que je ne pensais... J'ai peut-être été un peu sévère dans mon classeur, je vais ajouter une étoile.