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elena ferrante

  • Le mariage pour toutes

    amie prodigieuse, reste, ferranteCelle qui fuit et celle qui reste, Elena Ferrante

     "Le seul talent consiste à cacher et à se cacher le véritable état des choses".

    Les citations, c'est quand j'ai un morceau de papier dans le livre, un crayon à portée de main et que le papier survit aux divers transports ou bien quand le livre m'appartient et que j'en corne les pages. Dans un cas comme dans l'autre, je ne note que la page. Et si un mois plus tard, en la relisant rien ne me saute aux yeux, ce qui est fréquent, pas de citation.

    Page 26, cornée, je ne vois que la phrase ci-dessus qui ressorte. Pourtant ce n'est pas une pensée que je partage. J'avais peut-être envie de lancer une polémique ?

    Tout bien réfléchi, si, ça peut être sympa, une source de bonheur à peu de frais. Passons. Disons simplement que dès le début de ce volume, on sent qu'il prend un tour plus politique que les précédents, ce qui m'a bien plu. On y trouve les échos de mai 1968, quelques passages dans des facultés agitées et Lila qui travaille en usine, pour le versant prolétaire. 

    Après le mariage, le T3 aborde aussi les thèmes de la maternité, un peu, et fait revenir le fameux Nino. Les relations entre les personnages étaient un peu moins intéressantes cette fois. Je me fous à peu près complètement de qui couche avec Nino, il faut bien le dire. J'attendais de voir comment évolueraient les deux amies et je reste (mais sans impatience) sur les dents. Elles évoluent en parallèle et leurs rares échanges sont plus épineux qu'agréables. Chacune est pour l'autre une référence à tenir à distance, une carte qu'on ne doit dégainer qu'en cas d'urgence. 

    "Regarde-moi jusqu'à ce que je m'endorme. Regarde-moi toujours, même quand tu t'en vas loin de Naples.
    Comme ça, je sais que tu me vois, et ça m'apaise."

    Si c'est un talent de cacher les choses, dois-je m'attendre à ne trouver aucune réponse, aucun éclaircissement dans le dernier morceau ? 

  • Une amie qui vous veut du bien

    amie-prodigieuse-elena-ferrante.jpgL'amie prodigieuse, Elena Ferrante

    Italie, années 50, photo de couv qui évoque le passé... Aïe aïe aïe. Pourtant le petit mot à l'intérieur de mon exemplaire est tombé juste. Oui, en effet, j'aime les romans qui parlent d'amitié forte et d’ascenseur social. C'était bien vu !

    La narratrice, Lenu, décrit son enfance à Naples dans un quartier populaire et l'amitié particulière qu'elle noue avec Lila. Quand Lenu doit passer ses nuits à étudier pour s'en sortir à l'école, Lila survole le programme sans effort. Elle est plus curieuse, plus vive, plus courageuse, plus séduisante. Rien ne semble l'effrayer. Elle est brillante.

    C'est un personnage très ambigu, elle ne donne jamais les clés pour être comprise, il faut se contenter de la décoder à travers ses actes, qui ne jouent pas vraiment en sa faveur. C'est une amie tyrannique mais intense. Un point pour elle. Elle exerce une emprise terrible sur Lenu. 

    Lenu, qui ne sait que faire de sa fascination, qui s'affadit quand l'autre ne la tire pas vers le haut, me fait un peu mal au coeur. 

    Tandis que Lila, toute de rage et d'impulsivité, qui ne décolère pas d'être enfermée dans son milieu social, condamnée à n'être qu'une femme, jamais considérée à sa vraie valeur, me touche dans l'hostilité qui lui sert de défense.

    Je ne l'ai pas aimée, ou peut-être que si, beaucoup. Parce qu'elle me rappelle mes propres attachements. Je suis faite pour aimer des Lila qui brillent et me consumer dans la jalousie ensuite. Je ne suis pas Lenu, en raison de mon incapacité à fournir, contrairement à la narratrice, les efforts monstrueux pour se maintenir à niveau et rester digne d'être ne serait-ce que mise à l'épreuve.

    C'est la conclusion d'une discussion récente, d'ailleurs. Je suis méchamment envieuse... Sûrement pour ça que je n'ai pas pu piffrer la narratrice. Déjà elle s'en sort mieux que moi, elle y arrive, elle, à conserver l'estime de celle qu'elle admire. Et surtout... pffff... elle ne passe pas par ces sentiments moches, d'envie, de jalousie, de colère, qui nous abiment et qui nous font sentir minables ensuite. J'espère qu'elle va déchoir dans le volume suivant, tiens.

    L'autre atout du roman, c'est le quartier en lui même. La pauvreté, les rivalités, la misogynie qui sert de base à tout, la méfiance des parents devant cette lubie de faire des études, l'ascenseur social dont les portes ne s'ouvrent pas à l'étage attendu, l'évolution des métiers, l'intrusion douloureuse de la modernité.

    C'était un bon moment de lecture. La suite pour les ... les ... vacances !!! Avec le trône de fer, les misérables, un Karine Giebel, le dernier Jonathan Coe, peut-être la Cindy de ma femme, et Larispem T2 bien sûr. J'ai pas assez de slips propres mais pour les bouquins, la valise est déjà bouclée.