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Pharmacie - Page 32

  • Twilight - Dents pointues, femme perdue.

    Twilight - Fascination, Tentation, Hésitation & Révélation,
    Stephanie Meyer

    Avertissement: Cet article ne se gênera pas pour dévoiler certains éléments importants de l'intrigue, y compris ceux d'une partie du dernier tome. Futurs lecteurs qui tenez à conserver du suspense, passez votre chemin!

    Twilight.jpgMe suis beaucoup moquée, pendant qu'Amour lisait Twilight. Des quolibets d'un haut niveau, dignes de moi, des jeux de mots minables sur la succession des titres en « -tion », un mépris affiché pour les histoires de vampires et jusqu'à quelques morsures dans le cou - mais c'était plus pour mon plaisir personnel.

    Contre toute attente, ce n'est vraiment pas mal écrit. Ce serait même de sacrés bons romans, s'il n'y avait deux petits détails gênants.

    Tout d'abord, Bella. Vraiment trop nunuche. Un demi-siècle de retard. Je ne suis pas parvenue à m'attacher à elle. La gentille fifille à son papa, la gentille lycéenne. Pouah, qu'elle me semblait fade.

    Mais le coeur du problème, c'est lui. Vous allez me dire qu'un roman de vampires sans vampire ce serait se moquer du monde, mais assurément ce serait un plus pour l'histoire tant il me semble que le personnage de Bella ne prend de l'épaisseur que lorsqu'il est absent.

    Quand il est là, la demoiselle se cruchifie: ce ne sont que mièvreries, répétitions et lourdeurs (j'ai noté que l'adjectif « marmoréen » a fini par lasser d'autres que moi). « Il est trooop beau, mais qu'est ce qu'il me trouve? Comme il est foort, et rapide et tout et tout. Oups j'ai encore fait tomber ma tasse.»... Arf.

    Toutefois, au terme du second volume, j'étais réconciliée avec Bella. Cette Meyer jouait double jeu, feignant de nous peindre une idylle entre Bella et son bel Edward à laquelle elle-même ne croyait pas. Glissant presque à chaque page des indices pour nous signaler: « Hé, prenez pas ça trop au sérieux, quand même, vous les trouvez pas un peu faux, ces deux-là? Un peu trop lisses? Vous croyez que l'amour c'est aussi niais et plat?».

    Car dans Tentation, exit Edward qui nous fait le cadeau de disparaître sur plusieurs centaines de pages. L'intrigue tourne presque exclusivement autour de Bella, qui prend de l'épaisseur et autour de ses émotions, décrites avec beaucoup de justesse.

    Ainsi qu'autour de mon Jacob. Je ne serai peut-être pas tout à fait objective, car je suis amoureuse de lui, mais quand même, je n'invente rien en disant qu'à la façon dont l'auteur le décrit, on ne peut que lui donner la préférence.

    Alors qu'Edward est toujours dépeint comme guindé, taciturne, ennuyeux à mourir, exécrable psychologue, décidant de tout à la place de sa chère/chair humaine,  Bella trouve auprès de Jacob toute la tendresse dont elle a besoin à ce moment là.

    D'un côté le vampire mort et impassible, de l'autre, le bouillonnant Jacob, joueur, joyeux, drôle, tendre, passionné. Le vampire est glacé, son torse est un caillou géant. Le loup-garou a la peau toujours chaude et confortable. Avec le premier, elle ne fait rien d'autre que s'extasier et soupirer, avec le second, elle se chamaille, roule à moto, rit... Et on voudrait nous faire croire qu'il y a matière à débattre? On finit par trouver mal équilibré le partage des qualités entre les deux prétendants tant Jacob paraît mis en valeur et être le véritable héros masculin du roman.

    L'épisode du volume suivant, je l'avais préssenti: Bella est sur le point de mourir de froid, la tempête de neige fait rage, Edward est impuissant à l'aider. Le voilà contraint à faire appel au brûlant Jacob, qui, goguenard, se glisse avec délice dans le duvet de sa dulcinée dont le coeur troublé bat la chamade, tandis que le vampire inutile se contente de grincer des dents à côté. A ce moment, pour moi, tout est dit.

    La fin de la saga ne m'a pas emballée, même si je la trouve d'un réalisme qui désarme tous mes arguments. Bella se réfugie dans la maternité pour fuir le dilemme qui l'étrangle, après avoir avoué à Jacob qu'elle l'aime tout autant, mais voilà, ce n'est pas possible, il y a Edward.

    Pour Jacob (et je continue à croire qu'il a la préférence secrète de l'auteur, à défaut d'avoir de son côté le grand public qui fantasme sur les vampires, c'est à la mode.) un pis aller très adroit, je dois dire, qui a l'air de tout expliquer et de contenter tout le monde en une happy end de conte de fée.

    Sinon, pour les amateurs, il y a quelques combats de vampires, un peu de sang, de-ci de-là un peu de suspense et des ennemis revanchards qui traînent du premier « -tion » au dernier «-tion ». Mais c'est secondaire.

    En conclusion, un best seller plus subtil qu'il n'en a l'air avec de quoi lire entre les lignes, un style solide et plaisant, et un bon moment de lecture malgré une fin très politiquement correcte pour faire plaisir au plus grand nombre.

    Mention spéciale à cet acteur hideux-mais-qui-a-l'air-beau-gosse choisi pour incarner Edward au ciné (j'ai pas de goût, en matière d'hommes, me direz-vous). Les films, jusqu'à présent, font ce qu'ils peuvent, mais taillent largement dans le texte.

    A lire, plutôt qu'à voir.

  • Purée!

    Patates.jpgLe cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates, Mary Ann Shaffer et Annie Barrows.

    Sous ce titre interminable (et encore, à la traduction, ils ont taillé), un roman épistolaire évoquant la seconde guerre mondiale.

    1946. Juliet, écrivain, cherche un sujet pour son prochain livre et fais la connaissance d'habitants de l'île de Guernesey (j'ai visité, c'est charmant. Mais ils roulent excessivement à gauche), qui acceptent de témoigner et racontent à tour de rôle leur expérience personnelle de l'occupation allemande.

    Aux mauvaises langues, qui suggerèrent en d'autres lieux que j'espérais trouver de la pomme de terre écrasée entre les pages, je peux enfin répondre: fi donc! Je ne suis point si naïve!

    Heureusement car de patates, il n'en a pas souvent été question (exception: un certain matin, à l'heure de partir au boulot, où je demandai fébrilement après mon livre rebaptisé « t'as pas vu mes Patates? » avant de le retrouver sous la table de nuit - et de rater mon bus).

    Disons-le tout de suite: je ne suis pas emballée. J'en avais entendu beaucoup de bien, j'étais toute disposée à encenser... et plouf. La déception.

    C'est très bien fait, pourtant. Le procédé - différentes lettres, de divers émettteurs qui sont autant de possibilités de varier les angles d'attaque - est ingénieux, réfléchi, bien maîtrisé.

    Exactement du même ennui qu'un appart' parfaitement rangé. Donne envie de déplacer en douce deux ou trois bibelots sur le buffet et de laisser traîner une paire de chaussettes.

    La vieille aigrie, à l'affut derrière ses rideaux. Le gentil garçon un peu benêt au grand coeur. La petite fille orpheline un peu sauvage à amadouer. Le type à la vie on ne peut plus banale qui ouvre un jour sa porte au prisonnier de guerre. La bonne vivante et son cochon. Le grand bourru. La demoiselle héroïque qui se sacrifie. Le vilain collabo...

    Le tout délicatement saupoudré de quelques références littéraires.

    Arrivée au milieu de l'oeuvre, j'étais partisane d'un article rageur intitulé « La guerre 39-45 pour les nuls » tant cet aspect catalogue bien propret de la guerre et de l'occupation m'agaçait.

    Mais je domine bien mon côté « mauvais poil » et je m'adoucie toute seule, en général. Ce qui n'a pas manqué. Le dernier quart, qui relève du pur romanesque, m'a plu davantage.

    Ainsi, je nuance mon jugement: c'est un très bon livre, j'y ai appris certains détails. Idéal pour ceux qui abordent le sujet et ont envie de découvrir la seconde guerre mondiale. Une oeuvre pédagogique, qui accompagnera parfaitement un cours d'histoire, en donnant un éclairage original, un brin ludique. Le style est bon, le texte accessible à un jeune lecteur, je pense.

    Ce n'est que par commodité pour les rares visiteurs de ce blog que je n'ai pas classé ce billet dans la rubrique « Pédiatrie ».

    Abc.jpgCar je n'ai en somme rien d'autre à reprocher à ce roman que d'être arrivé dans ma P.A.L. avec dix bonnes années de retard, après Si c'est un homme de Levi, après Les bienveillantes de Litell (quel choc ce livre!).

    A l'adolescence, j'aurais adoré Les Patates!

     

  • Tu baves, mamour? Ah non, pardon, c'est ton oreille.

    lamaisonenragee.jpg

     La maison enragée, Richard Matheson

    La maison enragée est un recueil de sept nouvelles publiées dans les années 50.

    L'américain Richard Matheson (Auteur de nombreuses nouvelles, et de romans dont Je suis une légende, adapté plusieurs fois au cinéma, dont très récemment avec W. Smith), y navigue entre fantastique et science-fiction.

     

    . Quand le veilleur s'endort:

    En l'an 3850, les rues sont presque désertes, les hommes réduits à l'état de larves molles. Pour en tirer quelques minutes d'activité, des médecins procèdent à de mystérieuses injections qui font rêver.

    . L'habit fait l'homme:

    Le narrateur, qui s'est éclipsé sur une terrasse lors d'une soirée, doit subir les élucubrations d'un convive ivre qui déclare avoir été témoin d'un phénomène extraordinaire: un homme aurait vu sa personnalité peu à peu dissoute et dévorée par son costume devenu vivant.

    . La chose:

    Dans un futur amélioré, sans maladie (et sans vaisselle à faire), mais tristement aseptisé, quelques familles tentent de transmettre à leurs enfants la mémoire d'une époque révolue en allant clandestinement contempler « la chose ».

    . Avis à la population:

    Un écrivain s'aperçoit un jour que les actualités ressemblent étrangement aux brouillons de science-fiction qui dorment dans ses tiroirs et s'inquiète d'une possible invasion extra-terrestre.

    . Mamour:

    Ou comment devenir fou sous les assauts incessants d'une logeuse extra-terrestre poisseuse, baveuse, gluante et difforme, tombée amoureuse de vous et capable pour votre plus grand malheur d'envahir au sens propre vos pensées.

    . La maison enragée:

    Un professeur aigri, écrivain raté bourré de regrets laisse sa colère envahir sa vie, tandis que tout semble se liguer contre lui: sa femme excédée le quitte, il passe son temps à se couper, se cogner, se prendre les pieds dans les tapis... Cercle vicieux de la frustration, qui se referme petit à petit sur lui.

    . Une résidence de haut-vol:

    Le narrateur, écrivain (encore), se moque gentiment de sa femme qui lit trop de fictions et se fait des films au sujet du gardien de l'immeuble qui aurait trois yeux et de portes secrètes dissimulées dans la cave, tout cela parce que le loyer est vraiment vraiment trop modeste pour être honnête.

     

    Mon avis

    Assez de variété pour que chacun trouve son bonheur.

    Les amateurs de science-fiction se pencheront sur ces mondes futurs peu enviables, peuplés de créatures déplaisantes.

    Ceux qui comme moi préfèrent l'intrusion fantastique dans des cadres plus réalistes se tourneront vers les autres nouvelles et s'attacheront (ou non!) aux personnages masculins souvent ratés, frustrés ou malmenés. Mais pour être équitable, signalons que les femmes n'en mènent pas large non plus, nunuches ou fades (La chose), réduites à des objets de fantasmes (Quand le veilleur s'endort), vamps monstrueuses, pleurnichardes...

    Quelques procédés adroits pour tenir le lecteur en haleine, le mettre sur la piste ou le surprendre, comme le choix de l'énonciation dans Quand le veilleur s'endort.

    Ma préférence ira à Mamour, malgré (ou pour...) sa peinture de la femme-sangsue cauchemardesque, collante au possible dont on ne peut se débarrasser.

    L'habit fait l'homme et Une résidence de haut-vol me conviennent aussi, avec leurs chutes originales qui arrivent presque à me surprendre!