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Médecine générale - Page 2

  • En 6 lettres, ravie de porter des cornes

    si le diable est dans les détails je l'y trouverai,suspense or not suspenseLe diable de Radcliffe Hall, Stéphanie des Horts

    Discipline, vous voyez ? Un article tous les deux jours jusqu'à retrouver la paix intérieure. Ou bien avoir épuisé mes articles en retard, les paris sont ouverts.

    Je ne peux pas me faire vraiment les dents sur ce roman parce que je n'arrive pas à savoir s'il y a eu, entre lui et moi, un énorme malentendu. En effet, j'ai tout du long pensé que la narratrice était la même dans les deux parties, sans tenir compte du fait qu'elle ne portait pas le même nom. Aurais-je dû être surprise à la fin ? ça restera un mystère... Il me semblait évident que c'était la même personne, mais un détail final m'a fait douter.

    Années 1940, la narratrice est une riche petite fille américaine, qui aime son papa, l'argent et torturer sa nounou qu'elle appelle affectueusement sa p'tite négresse.
    Douze ans plus tard, Maisie, américaine ingénue, débarque en Angleterre où elle fait la rencontre de la famille Radcliffe. Chez les Radcliffe, frères soeurs et père sont équitablement arrogants, déjantés et cruels. Objectivement, on pourrait dire "la pauvre", puisqu'elle se fait violenter, humilier, qu'on se paie sa tête à chaque instant, qu'on lui jette au visage qu'elle est une cruche, mais une cruche riche dont on veut l'argent. Elle couche dans la douleur avec les uns, les unes et les autres en se disant bien à elle-même - à raison - que ce sont des viols mais elle y retourne sans cesse, fascinée. Qu'est ce qu'elle nous agace... C'est horrible, mais on finit par lui souhaiter ce qui lui arrive, tant elle est antipathique, molle, gourde et passive. Ce roman crée un réel malaise psychologique. Après quoi on se demande comment le petit monstre qu'elle était à douze ans peut être devenu cette victime consentante. Et après quoi, encore, tout bascule, tardivement, presque quand on ne l'attendait plus et le roman devient encore autre chose.

    Très curieux phénomène, inclassable, ni bon ni mauvais. Pervers.

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  • Femme qui rit à moitié, dans mon lit

    goliarda-sapienza.jpgL'art de la joie, Goliarda Sapienza

    J'ai eu un peu de mal avec une scène de violence sexuelle pédophile qui ouvre le récit et ça aurait pu s'arrêter là. Il faudrait sur les livres des picto d'avertissement, non ? Enfin, ça fait quelques temps que je me prépare psychologiquement pour lire Triste tigre en 2024 alors on dira que c'était pour l'entrainement.

    Bien curieuse héroïne, assez difficile à saisir. D'ailleurs rien ne s'attrape à pleines mains dans ce roman bordélique, qui n'a pas d'intrigue définie, qui se contente de traverser la Sicile dans le temps et l'espace comme au galop à cru. C'est assez râpeux et déstabilisant. La nana est d'une grande force de caractère, quelques meurtres au passage dans son épanouissement personnel ne sont pas grand chose. D'un soir à l'autre, soit je m'ennuyais ferme, soit j'attendais impatiemment les scènes de sexe, soit j'étais, rarement, complètement happée par l'atmosphère. Est-ce que la maternité était un thème central ? Ou secondaire ? Et l'Histoire de la Sicile ? Même question. Le lesbianisme, la sexualité féminine, l'éducation des femmes ? Si je devais piocher 2 cartes allez, disons que c'était un roman historique féministe.

    Deux choses m'ont vraiment marquée : c'est un des rares romans que je connaisse qui s'adresse de façon aussi évidente à des femmes de plus de 40 ans. Il y a un recul, une maturité. Surtout dans les passages mères/enfants. Je me demande quel sens ça aurait de lire ça à 20 ans. Sauf pour les scènes de sexe, ça je suppose que ça plaît à tout âge mais elles sont dispersées dans le pavé, bon courage.

    L'autre chose est personnelle. J'y ai retrouvé un voyage en Sardaigne vieux de plus de 10 ans et surtout la femme d'origine Sarde avec laquelle je l'avais fait. Certaines personnes appartiennent à un passé renié, effacé, honni. On pense que la terre est brûlée, re-brulée, rasée, stérile. Qu'un roman puisse faire ressortir quelque chose d'agréable de ses souvenirs-là ça m'a estomaquée. C'était diffus, mais d'une telle évidence ! Je l'ai reconnue à de multiples reprises, dans le verbe et dans l'esprit, dans le caractère de l'héroïne, même le côté cyclonique du récit, dans plein de petites choses, que je n'identifiais pas souvent mais qui m'imposaient un pont mental entre la page et elle.

    J'ignore complètement ce que Sicile et Sardaigne partagent d'histoire, au demeurant, je suis une buse dans ces questions, mais le lien doit exister, puisque j'y ai reconnu quelque chose; le plus incroyable n'est pas le pouvoir d'évocation du récit, après tout c'est le boulot de l'autrice, et sans doute sa propre culture, je n'ai pas vérifié. C'est qu'avant de le lire, je ne me rendais pas compte à quel point une femme qui n'a pas vécu en Sardaigne pouvait encore porter autant en elle de cette terre et de ses ancêtres.

    Je n'ai qu'une fois tous les 10 ans une relation/discussion assez profonde pour comprendre une autre personne. C'est exactement pour cela que je lis encore tellement, j'ai toujours cherché le monde réel dans mes lectures. Le sens, le mode d'emploi. Quand une page m'éclaire enfin quelqu'un, même un tout petit peu, ça me réjouit.

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  • Fin d'année thématique

    Un petit aperçu des romans policiers lus ces derniers mois, assez différents les uns des autres.

    bilan polar, alex lemaitre, Higashino, EkbergAlex, Pierre Lemaitre

    On dirait que je ne fais qu'esquiver Au revoir là-haut, je n'aime pas lire un livre dont j'ai déjà vu l'adaptation. Ce doit être mon 3e polar de Lemaitre, en attendant, pour un genre que je ne côtoie que de loin en loin, c'est beaucoup, trois du même auteur !  Une jeune femme kidnappée, séquestrée, soumise à la torture, ça commençait de façon assez dérangeante... Je n'ai été ni déçue, ni conquise, c'était bien. Je dois même dire que la construction est très habile, ingénieuse, on ne suit pas du tout le chemin tracé par les codes du genre. D'une partie à l'autre, les surprises sont au rendez-vous.  

     

    bilan polar, alex lemaitre, Higashino, EkbergLa femme secrète, Anna Ekberg

    Celui-ci à l'inverse est sans aucune surprise, standard, sans personnage attachant, sans dépaysement - alors que j'adore le Danemark où se passe le gros de l'action! Une lecture inutile. ( Certes, toutes les lectures sont inutiles et parfois, cette idée me donne le même tournis que la pensée de l'infini, de l'ubiquité quantique ou de la tonne de paperasse qui s'entasse à côté de mon bureau).

     

     

    bilan polar, alex lemaitre, Higashino, EkbergLe nouveau, Keigo Higashino

    J'ai gardé mon préféré pour la fin, tout doux, paisible.  Pas de violence directe, comme dans Alex, ni de bain de sang, ni de péripéties improbables comme dans la femme secrète. On se croirait revenu à l'époque de Columbo : une victime, un enquêteur et c'est bien assez. Chaque partie du livre est une mini-enquête annexe, menée par un policier très humain, aimable, à force d'observations dans le quartier du crime, des enquêtes de voisinage, pourrait-on dire, dont le lien avec l'enquête principal n'apparait pas immédiatement. Et toutes les pièces s'assemblent avec grâce au fil de ces tableaux. Un petit coup de coeur.

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  • Sors sorcière !

    Circé.jpgCircé, Madeline Miller

    Une lecture très différente du Chant d'Achille, qui ne m'a pas semblé destinée au même public, même si l'idée de fond est la même : puiser dans la mythologie et moderniser l'approche de certains personnages mineurs, les mettre en valeur en insistant sur leur psychologie.

    Il y avait quelque chose de beaucoup plus mature dans celui-ci, Achille était tourné vers l'action et l'extérieur, celui-ci est un roman du domestique et de l'intérieur (mais pas de la passivité!) et par là, on n'en retire pas les mêmes plaisirs. Je me suis sentie dans le cœur de cible en tout cas, femme, mère, la quarantaine...

    Circé est un personnage assez torturé, figure de l'exclusion, de la solitude mais d'une pugnacité qui inspire le respect. Ses moments de bonheurs au fil des siècles sont rares, arrachés à un monde hostile où elle peine à trouver sa place, jusqu'à ce qu'enfin elle se révèle à elle-même, bannie sur une île où elle deviendra la sorcière que l'on connait, rencontrera Ulysse etc. Ce qui ne mettra pas fin à ses problèmes. Elle deviendra mère par la suite et on sentira à nouveau sa souffrance et pas seulement au moment d'enfanter.

    Le récit est très humain, très réaliste d'un point de vue psychologique, un beau portrait féminin, c'est incontestable.  C'était peut être un tout petit poil sombre, si je devais émettre une réserve.

     

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  • Pour vivre heureux vivons ...?

    Trademark-baret.jpgTrilogie "Trademark", Jean Baret

    BonheurTM, VieTM et MortTM comme autant de marques déposées, tels sont les titres des 3 volumes de cette série, que j'ai beaucoup appréciée, pile dans ma veine favorite en SF, celle qui dépeint le futur à des fins politiques ou philosophiques. Nous pouvons les lire dans n'importe quel ordre, paraît-il, il s'agit en fait de différents points de vue sur la même société. Autant Bonheur et Vie se complètent à merveille, autant je n'ai pas bien saisi l'apport du dernier, Mort, je l'ai trouvé redondant.

    Dans Bonheur, les protagonistes vivent dans une société idéale, où tout est possible, où tous les souhaits peuvent être exaucés, devenir un démon en se faisant poser des prothèses, se shooter de toutes les drogues possibles, épouser un robot, où votre corps est à sculpter à volonté et où tout, ou presque, est autorisé, puisqu'après tout, n'importe quoi est une occasion de profit. La consommation tient lieu de dieu à cette société sans morale, sans jugement, où la liberté individuelle prime. A condition de consommer, ce qui une obligation légale. Les personnages portent le nom de la société qui "sponsorise" leur vie et sont littéralement noyés de publicités toutes la journée, sans y trouver à redire.

    Même chose pour Vie, qui nous projette de l'autre côté du monde, dans une deuxième organisation sociale, qui méprise les consommateurs de l'autre partie du monde et se fixe elle aussi pour but le bonheur de ses citoyens, en se fondant sur des principes complètement différents : cette fois, tous sont parfaitement égaux, ils vivent dans le même petit appartement carré dont il ne sortent jamais, leurs besoins vitaux satisfaits par un sorte de distributeur de tout/imprimante 3D, qui fournit, la nourriture, les médicaments et tous les objets de la vie courante, spartiate. Pour le reste, leur véritable vie, dès le matin, se passe dans un univers virtuel. Là, leur temps de vie sont précisément décomptés, tant de minutes à consacrer au travail (des tâches ineptes, faire tourner des cubes sur eux mêmes, aligner des cylindres, reconstituer des mots) tant de minutes pour la vie sociale, à faire danser leurs avatars, tant pour le sexe sous toutes les formes possibles.

    Le dernier volet se passe à moitié dans le dernier quartier, celui où le bonheur se définit par la foi, un vrai marché aux dieux et croyances, des plus communes aux plus excentriques, avec sa police de la foi.

    Tout cela s'accompagne, dans chaque livre, d'une sorte de trame à suspense, le petit grain dans l'engrenage.

    La qualité des récits, qui traitent de la façon de définir le bonheur, est indéniable, quand on aime ce genre, c'est intelligent, trash et brutal. Ils laissent une large part à l'interprétation, les conclusions ne sont pas livrées sur un plateau et c'est appréciable.

     

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