Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Tale me more - Page 115

  • C'est pas trop tôt!

    lect_mars.jpgAujourd'hui j'inaugure mon lecturomètre tout neuf!

    S'il n'est pas très beau, il est assurément très vide, et rien qu'à le voir je doute déjà de l'efficacité du traitement. En effet, le mois d'avril est entamé et j'ai déjà accumulé un grand retard sur l'objectif fixé par le Dr Soundandfury, qui est de retrouver ma silhouette littéraire d'il y a quelques années. D'avant...

    D'avant. Nous en parlerons une autre fois.

     

    Retard, donc. J'ajoute de ma propre initiative ce petit journal de bord qui j'espère me motivera plus que ne le fait cet instrument barbare de mesure de mon inculture.

    Je complexais? A présent, j'obsessionne!

    Ajoutez à cela la mauvaise idée d'aller voir Alice au pays des merveilles, qui a réveillé d'anciens souvenirs et vous comprendrez à quel point c'est pénible, chaque fois que je m'aperçois à 23h passées que je n'ai rien lu de la journée, d'entendre le lapin en gilet me chanter « en retard, en retard » en boucle, «  je suis pressé pressé harassé bouleversé Je cours après le temps perdu » ...

    Cette stupide comptine en tête, je ne dors plus.

    Fichu lapin. Le premier qui me demande « quoi de neuf docteur? », me propose un civet au déjeuner ou évoque le lapin de Pâques, je l'étrangle.

    Je suis même en train de développer une allergie aux carottes.

    Je note un premier effet positif, toutefois. Afin de nourrir mon lecturomètre affamé, me voici à nouveau l'heureuse propriétaire du carton plastifié m'autorisant à emprunter des livres. Je n'avais pas mis les pieds à la médiathèque depuis presque deux ans, trop honteuse pour y retourner.

    C'est que je suis une emprunteuse compulsive, de celles qu'il faudrait ficher et interdire à l'entrée comme dans les casinos.

    J'emprunte trop, et quand la date de restitution approche je panique à l'idée de les rapporter sans les avoir tous lus. Je pourrais demander une prolongation mais allez savoir pourquoi, j'en suis incapable. Je m'illusionne en me répétant que cela ne prendra qu'un ou deux jours supplémentaires.

    Puis j'atteins la date fatidique. Puis je déborde un peu du délai, je me presse... Puis les livres sont terminés, mais ils restent sur le meuble dans le couloir car à présent je tremble à l'idée du jour où il me faudra affronter le regard de la bibliothécaire qui saura, rien qu'en me voyant franchir les portes et approcher la zone « restitution » avec une nonchalance pitoyablement mal simulée, que je suis de ces personnes qui rendent leurs livres systématiquement EN RETARD!

    Nous y revoilà, c'est un complot!

     

  • Tu baves, mamour? Ah non, pardon, c'est ton oreille.

    lamaisonenragee.jpg

     La maison enragée, Richard Matheson

    La maison enragée est un recueil de sept nouvelles publiées dans les années 50.

    L'américain Richard Matheson (Auteur de nombreuses nouvelles, et de romans dont Je suis une légende, adapté plusieurs fois au cinéma, dont très récemment avec W. Smith), y navigue entre fantastique et science-fiction.

     

    . Quand le veilleur s'endort:

    En l'an 3850, les rues sont presque désertes, les hommes réduits à l'état de larves molles. Pour en tirer quelques minutes d'activité, des médecins procèdent à de mystérieuses injections qui font rêver.

    . L'habit fait l'homme:

    Le narrateur, qui s'est éclipsé sur une terrasse lors d'une soirée, doit subir les élucubrations d'un convive ivre qui déclare avoir été témoin d'un phénomène extraordinaire: un homme aurait vu sa personnalité peu à peu dissoute et dévorée par son costume devenu vivant.

    . La chose:

    Dans un futur amélioré, sans maladie (et sans vaisselle à faire), mais tristement aseptisé, quelques familles tentent de transmettre à leurs enfants la mémoire d'une époque révolue en allant clandestinement contempler « la chose ».

    . Avis à la population:

    Un écrivain s'aperçoit un jour que les actualités ressemblent étrangement aux brouillons de science-fiction qui dorment dans ses tiroirs et s'inquiète d'une possible invasion extra-terrestre.

    . Mamour:

    Ou comment devenir fou sous les assauts incessants d'une logeuse extra-terrestre poisseuse, baveuse, gluante et difforme, tombée amoureuse de vous et capable pour votre plus grand malheur d'envahir au sens propre vos pensées.

    . La maison enragée:

    Un professeur aigri, écrivain raté bourré de regrets laisse sa colère envahir sa vie, tandis que tout semble se liguer contre lui: sa femme excédée le quitte, il passe son temps à se couper, se cogner, se prendre les pieds dans les tapis... Cercle vicieux de la frustration, qui se referme petit à petit sur lui.

    . Une résidence de haut-vol:

    Le narrateur, écrivain (encore), se moque gentiment de sa femme qui lit trop de fictions et se fait des films au sujet du gardien de l'immeuble qui aurait trois yeux et de portes secrètes dissimulées dans la cave, tout cela parce que le loyer est vraiment vraiment trop modeste pour être honnête.

     

    Mon avis

    Assez de variété pour que chacun trouve son bonheur.

    Les amateurs de science-fiction se pencheront sur ces mondes futurs peu enviables, peuplés de créatures déplaisantes.

    Ceux qui comme moi préfèrent l'intrusion fantastique dans des cadres plus réalistes se tourneront vers les autres nouvelles et s'attacheront (ou non!) aux personnages masculins souvent ratés, frustrés ou malmenés. Mais pour être équitable, signalons que les femmes n'en mènent pas large non plus, nunuches ou fades (La chose), réduites à des objets de fantasmes (Quand le veilleur s'endort), vamps monstrueuses, pleurnichardes...

    Quelques procédés adroits pour tenir le lecteur en haleine, le mettre sur la piste ou le surprendre, comme le choix de l'énonciation dans Quand le veilleur s'endort.

    Ma préférence ira à Mamour, malgré (ou pour...) sa peinture de la femme-sangsue cauchemardesque, collante au possible dont on ne peut se débarrasser.

    L'habit fait l'homme et Une résidence de haut-vol me conviennent aussi, avec leurs chutes originales qui arrivent presque à me surprendre!

  • Vous êtes bien P.A.L. !

     

    cerveau.jpgChers confrères,

    Mon cabinet ouvre à peine ses portes et je me vois déjà confrontée à un cas épineux que je souhaiterais soumettre à votre savante analyse.

     

     

    Patient1.jpg

     

    Identité:  Patiente témoin

     

    Examens préliminaires:

    Courbe.jpg

     

    Bilan consultation:

    • Une P.A.L atrophiée et stagnante.

    • Des difficultés à éviter la paraphrase et à produire une critique dépassant le « c'était bien » « mouais » ou « bof ».

    • Un vocabulaire en régression.

    • Un taux de culture alarmant, proche du zéro.

     

    Cette situation daterait de quelques années, et serait liée à son entrée dans la vie active. Rien n'a été fait pour remédier à ce problème, la patiente semble au contraire se complaire depuis des mois dans un discours d'auto-apitoiement de type: « je n'ai aucune culture », « je ne suis même plus inscrite à la médiathèque », « j'aimerais bien recommencer à écrire mais j'en suis incapable ».

    Son entourage, lassé d'entendre jérémiades et excuses spécieuses (« Je n'ai pas le temps de lire, je dois faire la vaisselle. Je voudrais bien aller à la fnac mais il n'y a jamais de place pour se garer. Quant à  mon stylo, il ne marche plus et le 'y' de mon clavier se bloque toujours. ») est à l'origine de cette consultation.

    Au dire de la patiente, il y aurait eu ultimatum : Prends un bouquin, ouvre un blog, fais quelque chose ou je t'attache à ta bibliothèque et tu seras privée de saucisson pendant une semaine!

     

    Diagnostique:

    Des symptômes très préoccupants dont une confiance en soi bien entamée qu'il sera dur de rétablir... Un complexe littéraire dans sa forme aigüe, profondément installé et qui nécessitera à tout le moins une cure longue et pénible.

     

    Traitement recommandé:

    J'ai prescrit un thermomètre à objectif, réglé sur une dose moyenne de 4 lectures par mois, soit 48 livres sur l'année, ce qui représenterait déjà une belle progression pour la patiente.

    Pour entretenir sa motivation et l'aider à renouer doucement avec le plaisir de lire, je voudrais y associer d'autres remèdes, même expérimentaux et pour cela je fais appel à vous, confrères éclairés.

     

    Cordialement,

    Dr Soundandfury