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Médecine générale

  • Les suppliantes

    Theatre-complet.jpgLes suppliantes, Les sept contre Thèbes, Prométhée enchaîné, Eschyle

    C'est une soirée à tester des choses; J'ai mis du miel dans la ratatouille. Pendant que je réfléchis pour savoir si c'était une bonne idée, lisons Eschyle. Ça sent le roussi au club des grands esprits qui ne se rencontrent pas souvent, si je continue à me vautrer devant Netflix, je vais être définitivement déclassée.

    Commençons par Les suppliantes. Issues d'une famille d'une admirable fertilité, voici cinquante jeunes filles promises à un mariage forcé avec leur cinquante cousins. Je n'ose imaginer ce qui se serait passé s'il y avait eu une femme en plus ou une en moins ... 
    Avec papa, elles retournent sur les terres de leurs ancêtres demander protection. Elles l'obtiennent et... Je ne pense pas que je retenterai le miel. Vous n'aurez pas la suite après la pub, ça s'arrête comme ça, sec.

    Les sept contre Thèbes. Sept portes que gardent sept mecs qu'attaquent sept autres. Deux des adversaires sont frères, Etéocle et Polynice. C'était un tout petit peu plus construit que l'autre pièce. Quand j'étais plus jeune, il y avait du thêatre dans la rue et j'ai un souvenir très flou mais extrêmement fort de mon père avec nous, qui tombons sur une petite place sous des arcades, où se joue Antigone, nous avions manqué le début. C'était sûrement ma première représentation théâtrale. J'ai conservé - avec mon habitude de tout conserver, j'ai dû être un congélateur dans une autre vie - une fascination pour le personnage d'Antigone.
    Là , déception, elle n'est qu'une graine de rebelle qui fait une apparition à la fin. M'enfin au moins, on peut dire qu'il se passe quelque chose.  

    J'ai gardé pour la fin ma préférée des trois. Peut-être parce que j'y ai été moins sujette au mal de mer, sans le choeur qui se trimballe de gauche à droite ad nauseam! La pièce a tourné longtemps davantage autour de Io que de Promethée, qui parle pour combattre l'ennui de sa torture sans fin. Finalement, c'est tout de même lui remporte la palme du rebelle, puisqu'aucune menace ne le fait céder, il envoie balader Zeus au nom de la justice. 

    Le point commun de ces récits est de manquer de tension dramatique. J'ai davantage eu l'impression de lire une transposition des mythes pour la scène. Des illustrations davantage que des oeuvres à part entière. Je les ai lues dans l'ordre où je les présente, qui est aussi mon ordre de préférence. Ou bien c'est un hasard, l'échantillon est petit, ou bien il m'a fallu une acclimatation. Au début avec les Danaïdes, je pensais que le message général était "obéis aux dieux, ils sont tout puissants gare au coup de foudre".  J'ai vaguement eu le même sentiment avec Etéocle qui raille un peu les prieuses autour de lui et quand on voit comment il finit... Mais Prométhée c'est autre chose. C'était un chouette personnage aussi dans le Circé de Madeline Miller, je m'aperçois que je ne sais presque rien de lui. Je creuserai un peu un jour, à l'occasion.

    ......

    Solution au jeu du dernier article

    Un moment j ai cru que j avais oublié moi même la réponse mais non. J aurais recalé la vieille chouette à lunettes.  Le paragraphe ajouté par l'Ia est :

    "Non, ce roman il...comment dire...il manque cruellement de piquant quoi. J'ai l'impression de me faire engueuler par une de ces vieilles chouette à lunettes qui t'expliquent la vie. Oui oui, Katrina c'était très moche, les autorités ont merdé, y'a eu du racisme, tout ça. Mais ça reste tellement...plat comme récit. Pas une seule graine de folie ou de cynisme."

    Ce n' est pas tant le fait d avoir cerné mes attentes (à savoir parler peu des livres et beaucoup de tout ce qui me passe par la tête) qui m a bluffé que, dans les faux commentaires, d'avoir su comprendre à quoi renvoyaient les abréviations M1 et F2. Je me sens mi fascinée mi effrayée par ces nouveaux outils et je me demande ce qu on retiendra dans cinq ans comme la bonne réaction. 

    Nous rejoueront peut-être rapidement!

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  • Le coût de la panne

    Beau comme un homme.jpgBeau comme un homme, André Stil

    Vu la couleur jaune très marquée de mon exemplaire, exhumé de mon étagères de livres non encore lus ( système de ségrégation adopté lors de mon dernier déménagement. Ne rejoignent la vraie bibliothèque que les livres lus et appréciés. Les autres, enfin, enfin ! Je parviens à présent à m'en défaire. Il pleut des boites à livre et des assos de collecte dans le coin.) Vu la couleur, disais-je, il porte bien sa cinquantaine. J'espère qu'il n'en reste pas tant que ça, qui tombent en poussière à force de m'attendre...

    C'est un livre pour les profs, je l'ai senti exactement en ces termes, presque dès le début. Un livre à trainer sur les listes de lecture de lycée. Par conséquent je me suis étonnée de n'avoir jamais entendu le nom de cet auteur et j'ai mené ma petite enquête, il était communiste, journaliste et membre de l'académie Goncourt. Okay. Il est connu ?

    Je n'avais pas porté ce regard-là sur un bouquin depuis tellement longtemps, j'avais envie de le caser dans une séquence - mais je n'ai plus la moindre idée des programmes. Quelque chose sur le travail ? Le milieu ouvrier?

    Robert est ouvrier dans une fonderie. Un métier dur, épuisant, dans un environnement dangereux, toxique. Toute une vie dans la même usine, jusqu'au jour où Robert est mis à la porte, il n'y a plus de travail. Pour lui, brutalement, la machine s'arrête et tout se grippe. Le récit est celui des jours qui suivent ce cataclysme, des jours qui sonnent faux, à écouter une sirène qui n'est plus pour lui, à chercher un nouveau rythme en dehors de tous repères, le récit du malaise profond de l'homme déclassé. D'autant que sa femme est partie et qu'il se retrouve seul, livré à ses sombres pensées.

    Il y a du potentiel scolaire là-dedans - mais ne me demandez pas à quoi ça se mesure. J'ai beaucoup aimé, particulièrement les scènes de travail à l'usine, l'ambiance. Je ne suis pas fan des livres dans lesquels on essaie de rendre le parlé populaire, mais j'ai fini par m'habituer au style.  Belle surprise.

    Conclusion, il est moche, mais il descend au salon.

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  • La recluse de Wildfell Hall

    wildfell hall,la bronté manquante,quand on ne sait pas ce qui manque mais qu'on attend encore le tLa recluse de Wildfell Hall, Anne Brontë

    Emily, Charlotte et maintenant Anne - quand mon côté volage rencontre ma passion des listes - voilà, j'ai fait le tour des soeurs Brontë ! C'était moins torturé que les Hauts de Hurlevent, moins éparpillé que Jane Eyre. Pas joyeux, bien construit. Difficile à définir...

    L'histoire est simple et plutôt sombre. Le jeune narrateur voit sa curiosité piquée par une femme qui s'installe dans un manoir à proximité, avec son fils. Elle semble appartenir à la bonne société mais vit très modestement, sort peu et entoure de mystère son identité. Une amitié se tisse entre eux, qui évolue peu à peu mais le jeune homme se sent brutalement repoussé... Et puis plouf en plein tourments passionnels, ce fil là est mis en pause le temps d'un très long récit enchâssé qui raconte les mésaventures de la dame. Peinture de la vie privée et maritale de l'époque, c'était de ce point de vue une lecture très intéressante, à laquelle il a manqué un petit quelque chose pour emporter mon adhésion complète. Pourtant j'étais "tenue" par la construction et j'ai dévoré les pages.

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  • Les folies gangster

    bazin tete murs folie psychiatrieLa tête contre les murs, Hervé Bazin

    Gérane s'introduit de nuit dans une maison bourgeoise pour faire les poches des pardessus et les fonds de tiroir. Il repart avec un peu d'argent, oublie son chapeau mais pas les clés de la voiture du propriétaire. Il n'ira toutefois pas loin avec son butin, puisqu'il s'encastre dans un arbre au bout de l'allée. Sa victime, qui n'est autre que son père, un magistrat à la réputation irréprochable, pour étouffer la honte d'avoir un voyou pour fils s'arrange pour le faire discrètement interner. D'évasions en rechutes, Gérane va peu à peu s'enfoncer et s'enferrer dans un système psychiatrique défaillant, de plus en plus fermé et sévère.

    Le propos de ce roman ne doit pas avoir beaucoup vieilli et c'est assez proche, il me semble, de ce qu'on pourrait dire du système carcéral : davantage un lieu de stockage qu'un lieu de soin/réhabilitation.  Hétérogéneïté des profils, copinage pour se procurer des petits extras, société qui a ses propres codes et où l'on finit par se sentir chez soi au moins autant qu'à l'extérieur.

    J'ai eu beaucoup de mal à dégager la position véritable de Bazin. Le message d'iniquité qui découle du choix de prendre pour héros un jeune homme plus dissipé que dangereux, plus instable dans sa vie que dans sa tête, plus malchanceux que criminel, est brouillé ensuite par l’insistance sur son hérédité psychiatrique - sa mère dépressive, sa sœur qui perd à son tour la raison - et pour de bon elle.

    On ne sait plus s'il a finalement de bonnes raisons d'être là, s'il se sent sain parce qu'on ne peut pas voir notre propre folie ou s'il est la victime d'un système arbitraire et d'un triste engrenage.

    Je n'avais jamais rien lu d'autre de Bazin que Vipère au poing et ne garderai d'aucun des deux un souvenir impérissable...

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  • "Corps en cage et cœur en prison" (Zazie)

    vargas.jpgL'homme aux cercles bleus, Fred Vargas

    "Victor, mauvais sort, que fais-tu dehors ?" Cette phrase à la craie accompagne de mystérieux cercles qui apparaissent la nuit sur les trottoirs, sans que jamais personne n'aperçoive leur auteur... Oeuvre d'un fou ? D'un artiste ? Ils entourent des objets anodins, oubliés, perdus, jetés. Un fait divers, pas de quoi fouetter un commissaire, me direz-vous.

    J'ai décidé de reprendre depuis le début, méthodiquement, la série de Fred Vargas avec le commissaire Adamsberg. Je n'ai lu que quelques titres, trois ou quatre, c'est suffisant et il faut être économe des bonnes choses. Avec Winterson, Fred Vargas est un autre de mes coups de foudre littéraires, un refuge sûr. Je me moque des enquêtes, j'ai déjà oublié le dénouement de celle-ci, son déroulement presque aussi. Mais elle construit un univers,  un personnage masculin que j'ai l'impression de connaître, je me glisse dans son écriture comme dans un bain à l'exacte bonne température (Quand j'ai la chance de tomber sur une baignoire quelque part, je me baigne comme un sachet de thé, très au chaud, ).  Il est vaporeux, présent sans être là, s'évade, fascine ses subordonnés, erre dans les rues, gribouille. Évolue en parallèle du monde, sans le rejeter, tendrement.

    ça doit être cela qui me plaît tellement, les angles arrondis, le bouclier passif contre la violence du monde. Et sa relation avec Camille, bien sûr. Je sais d'avance, pour avoir pioché dans la série en désordre, ce que ça vaudra. En attendant, je me laisse bercer, c'est apaisant de rêver en écho.

    " Il sentait qu'un bout de lui s'était calé comme une petite pierre au fond de Camille, et qu'elle devait en être un tant soit peu alourdie. C'était obligé. Il fallait que cela soit ainsi. Aussi vain soit à ses yeux l'amour des hommes, et quelque désobligeante soit à ce jour son humeur, il ne pouvait admettre qu'il ne demeure pas de cet amour-là une parcelle magnétisée dans le corps de Camille."

    Magnétisée... J'aurais pu le chercher toute une vie ce mot-là, sans le trouver.

    "et même ayant oublié jusqu'à son visage et jusqu'à son nom, même avec tout cela si Camille bougeait quelque part sur la terre, alors tout allait bien."

    "Tu voudrais la revoir? lui avait demandé sa soeur. Seule la dernière de ses cinq soeurs osait parler de la petite chérie. Il avait souri pour dire : "De toute mon âme, oui, au moins une heure avant de crever."

    Finalement, c'est une forme de magie, d'arriver avec de longs passages entiers comme ceux-là, d'un romantisme suranné, intense,  à ne pas être ridicule, ce qui arrive presque toujours quand on parle d'amour, car les probabilités sont faibles d'en parler à quelqu'un qui est pile dans l'étincelle, ou qui l'a connue et qui s'en souvient.

    Je vois tout en sépia, quand je lis Vargas, ça pourrait avoir trente ans de plus, le choix du vocabulaire, la lenteur paisible de l'enquête et peu importe où elle se jette dans la mer, je reste sur le bord, à regarder le courant, à rêvasser.

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