Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Pharmacie - Page 2

  • Slow motion

    fille-danse-julian-barnes.jpgUne fille, qui danse, Julian Barnes

    "Mais ce sont encore les yeux que nous regardons, n'est-ce pas?
    C'est là que nous avons trouvé l'autre personne et c'est là que nous la trouvons encore"

    Lu il y a déjà plus de trois semaines... Au moins, cette fois, le retard que je prends et l'inévitable oubli-express dans lequel le roman est déjà en train de sombrer seront en accord avec le thème du livre, qui traite de l'infidélité de la mémoire...

    Le narrateur est un homme âgé. Divorcé, il déjeune encore régulièrement avec son ex-femme, qui le materne. Un courrier de notaire sert d'élément déclencheur et le replonge dans ses souvenirs de jeunesse. Il hérite une petite somme d'argent d'une femme qu'il n'a rencontrée qu'une seule fois : la mère de sa première petite amie. 

    Pour comprendre cet étrange leg, il est amené à réveiller son passé. Tout le charme de ce roman tient à la façon dont nous épousons les mouvements de sa mémoire. D'abord il nous livre sa jeunesse, la bande de copains, l'arrivée de la jeune fille, les premiers baisers. L'impression, quand il est quitté pour son meilleur ami, d'avoir été berné, manipulé.

    Puis les souvenirs sont ré-examinés, confrontés à d'autres versions, à des preuves tirées du passé et le résultat est confondant.

    J'ai bien aimé. J'ai toujours été fascinée par la façon dont on modèle notre histoire personnelle à travers de puissants filtres qui adoucissent, occultent, augmentent les contrastes. Filtres dont le contrôle nous échappe bien souvent et qu'un autre témoin du même épisode, une photo, une lettre ou un radotage de mamie peuvent venir éclairer d'un jour nouveau. Ce qui peut être terrifiant.

     

  • Oasis is good

    La 1002e nuit et les suivantes, collectif

    Est-ce que je n'ai pas toujours été là pour vous dénicher des livres incroyables ? Cette fois je fais encore plus fort avec une rareté, une exclusivité, le scoop des scoops, un livre certes publié, broché et diffusé mais que je vous mets au défi de vous procurer. Il est tellement rare qu'il n'est pas sur google et je l'ai déjà rendu à ma dealeuse en oubliant de prendre la couverture en photo. Tant pis. Vous ne venez pas ici pour regarder les images j'espère.

    Surtout que je prends tous les risques pour venir vous en parler ici sous mon identité secrète, car dans la vraie vie chaque minute de mon temps libre est scrutée par une non-voyante canadienne esclavagiste - que je ne connais ni d'Eve ni d'Adam - qui confond "service rendu gracieusement" et "travaux forcés".

    J'échappe à sa dictature juste le temps de vous présenter la 1002e nuit. Les plus fines d'entre vous auront tout de suite fait le rapprochement avec la 1001e nuit et les précédentes, vous savez, celles de Shéhérazade etc. Bon. Avouons de suite, j'ai jamais lu ça. 

    Mais ... j'ai vu l'Aladdin de Disney plus de quarante fois et je peux vous chanter la chanson du génie ! Et vous dire ce que j'ai toujours imaginé des contes de Shéhérazade : un prétexte pour éviter de se faire tripoter par un sultan vicieux. Quand je pense que je viens de me faire spoiler par des gosses... paraît qu'à la fin elle l'épouse ! Tsss... écrit par un mec ça encore. Je la plains la pauvre. Et je me demande si je dois porter plainte contre l'éducation nationale pour avoir laissé commettre une suite.

    Ah j'ai peut-être oublié dans la bataille de signaler que ce recueil est l’œuvre d'une classe de 5e. Je n'ai pas perdu tout mon réseau, on a encore l'amabilité de me prêter des livres qui m'évoquent le supplice des corrections de copies de rédaction.

    Dès le 3e conte, j'ai identifié la démarche pédagogique. Visiblement, ça a commencé par la lecture des 1001 nuits et la production d'une fiche de vocabulaire, à réutiliser au moment de l'écriture. Les plus indigentes se sont fendues d'une paire de babouches ou d'un chameau. Les obéissantes-appliquées d'un détour par les souks de Bagdad. Et les premières de la classe de spécimens de la faune locale inconnus de nos latitudes, de petites villes orientales aujourd'hui disparues et autres subtiles éruditions.

    Ensuite j'ai fait tomber mon marque-page et j'ai été incapable de m'y retrouver... rien ne ressemble tant à un conte où un jeune garçon part en quête du remède pour soigner sa mère malade et coupe la tête d'un mauvais génie pour récolter des plumes de phénix qu'un conte où une fille se découvre une jumelle inconnue et part à sa recherche en résolvant au passage des énigmes ou qu'un autre où une sœur part à la recherche de sa jumelle pour trancher le cou de leur mère malade après avoir mangé un phénix qui posait trop d'énigmes. Celle-ci est peut-être de mon cru.

    Ce qui est sûr, c'est qu'il y avait quelque part des listes. De personnages. D'éléments déclencheurs. De quêtes type. D'opposants. Et qu'il fallait piocher dans chaque liste. 

    C'était aussi très participatif comme œuvre. Il y avait des QR code à scanner pour entendre la version audio des contes lus par les enfants.

    Voilà. Vous l'aurez compris, je suis méchante par nature, mais c'était quand même choupi.

     

  • Sous exposé

    jonathan Coe, expo 58, couvertureExpo 58, Jonathan Coe

    C'était mon avant dernier Jonathan Coe ! Longue vie à toi et dépêche-toi de publier le suivant mon gars...

    Il n'était malheureusement pas terrible. Je n'y ai pas retrouvé les ingrédients qui fonctionnent d'habitude sur moi, peut-être. Il y avait moins d'humour, moins de mystère, moins de politique. Ou plutôt le thème politique était celui de la guerre froide et de l'espionnage. Et on sait ce que j'en pense.

    Même si le fonctionnaire un peu terne qui est dépoté de son bureau pour être rempoté à Bruxelles n'a rien du James Bond et que le roman joue énormément sur les codes du roman d'espionnage, ce n'est pas franchement une parodie. Ce n'est pas assez amusant pour ça.

    En résumé, on choisit un type moyen, rédacteur de brochures d'information pour le gouvernement, jeune père de famille et on l'expédie superviser les installations britanniques à l'exposition universelle de Bruxelles. Cette expo a réellement eu lieu en 1958 et comme toujours chez Jonathan Coe, c'est parfaitement documenté. L'époque est bien rendue ainsi que la rivalité avec les soviétiques. J'ai perçu l'Atomium autrement.

    Quant à notre bon père de famille, les jeunes hôtesses de l'expo lui tournent un peu la tête, ainsi que ses fréquentations russophones et la présence des Dupont et Dupond en imperméable, qui ne se cachent guère de faire mettre sa femme sur écoute et de le suivre de près. On a plus qu'à attendre pour savoir s'il va devenir un héros sexy et libéré ou le dindon de la farce.

    Hmm, tiens, à me relire, je ne le présente pas si mal. C'est quand même un roman écrit par un de mes auteurs préférés. Le bas de son échelle est le haut de beaucoup d'autres.

  • Boutique de souvenirs de l'île

    memorex cindy van wilder couvertureMemorex, Cindy Van Wilder

    Comme souvent, le savant, revêche, pas très expansif y compris envers ses enfants et qui tripatouille des trucs qui feraient bondir M. Pull Moutarde (Je l'ai revu pour un second débat. Cette fois ils ont lancé des chaises. ça se passe d'autre commentaire.) a installé son labo sur une île. Ce qui crée le décor parfait à la fois pour les vacances des gamins - les jumeaux quittent leur école très privée et le fiston vient avec sa copine - et pour une aventure avec des méchants. Et pour du mystère. Et du sentiment car leur mère est morte l'année précédente dans un attentat.

    L'écriture est de bonne qualité, la thématique devait rentrer dans le challenge annuel puisqu'il est un peu question d'éthique et d'évolution potentielle de l'être humain mais le sujet n'est pas traité avec assez de profondeur. Disons que c'est une entrée en matière intéressante et que le rythme est efficace, on a hâte de connaître la clé du mystère.

     

     

  • Détachant

    roth, tache, couvertureLa tache, Philip Roth

    Tout a commencé quand j'ai réussi à refourguer mon Winterson préféré à ma voisine de chaise du jeudi! Le roman circulait dans la rangée de derrière, elle ne connaissait pas, et suite à quelques échanges que nous avions eus, j'ai pensé que ça pouvait lui plaire. L'avenir nous dira ce qu'il en est.

    J'ai demandé en échange qu'elle me conseille un roman.  Lire sur recommandation, c'est une invitation à un jeu de piste. Il faut essayer de deviner ce qui a pesé dans la balance. A l'inverse, prendre le risque de proposer un livre, ou un film qui nous a touché, c'est s'exposer et livrer quelque chose de soi. 

    C'est encore plus intéressant, les choix qu'on fait quand on est pris au dépourvu. Elle a proposé La tache et il se trouve qu'il était déjà sur ma liste à lire, depuis fort longtemps. 

    Curieux choix. Si on est pas dans la misogynie (je n'arrive pas à trancher), au minimum, à mon sens, c'est un roman hyper masculin. Ce qui n'a rien à voir avec le narrateur ni avec le personnage central. Je n'ai eu aucun mal lire Fante, mais je n'ai à aucun moment réussi à épouser la pensée du roman de Philip Roth. Je suis restée extérieure, comme repoussée par un champ magnétique et j'ai l'intuition que cette sensation désagréable est liée au genre, sans pouvoir vous l'expliquer.

    Coleman Silk, l'homme dont nous parle le roman, est tout sauf attachant. Il est froid comme un bloc de marbre. Au début du roman, il est accusé de racisme. A propos d'étudiants absentéistes, qu'il n'a encore pas croisé une fois de l'année, il demande si ce sont de vrais élèves ou des "zombies" terme qui signifie à la fois "fantômes" et en argot "bamboula". Les étudiants en questions sont noirs.

    Or il n'y a aucun suspense, il n'est pas raciste. Il pourrait même faire s'effondrer l'accusation, mais il ne le fait pas car il faudrait pour cela sortir d'un sentier qu'il s'est tracé. Ses choix sont mauvais, cruels. On nous parle beaucoup trop de sa liaison avec une femme beaucoup plus jeune. Sa rivale à la fac, Delphine, est pathétique. Le personnage le plus réussi est un type dément, qui n'est pas revenu intact du vietnam.

    J'en ai marre de cet article, en fait.

    Je suis dessus depuis une semaine. Je ne m'en sors pas. Je suis fatiguée. Je laisse tomber.