Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • Bois éternels Vargas

    vargas-bois-éternelsDans les bois éternels, Fred Vargas

    Grand retour des livres audio, influencée par un collègue qui fait bien plus de route que moi et que j'ai ravitaillé en dévalisant le rayon à la médiathèque. 

    Sachant combien je suis attachée au réalisme et à la cohérence des choses, d'après vous, quel avis vais-je émettre sur un roman dans lequel la police mobilise en quelques minutes un hélicoptère pour suivre un chat ? 

    Perdu (ou gagné, si vous me connaissez mieux que bien) : j'ai adoré !! C'est mon troisième Vargas, je suis préparée, ce n'est pas un polar comme un autre, c'est une sorte de rêve un peu halluciné. Une errance poétique, qui porte Adamsberg, le héros flic, tantôt à écouter les mouettes, tantôt à lire à un bébé un livre sur la maçonnerie traditionnelle... Jusqu'à ce que le crime soit résolu.

    C'est une si belle écriture que chaque fois que j'en termine un, je l'oublie, comme on oublie un songe, même très agréable. Et je m'étonne à nouveau au roman suivant d'aimer à ce point cette auteure et de l'avoir si peu lue, finalement.

    Chaque personnage secondaire est une pépite. Les normands taiseux (scènes géniales), les histoires de bouquetins, les fantômes au grenier, la femme qu'on écoute en aimer un autre, les bois de cerf encombrants mais qu'il ne faut pas séparer, l'érudition de certaines explications... C'était parfait.

     

  • La tête dans le bocal

    Premiers flocons ce soir, coincidence, feel-good, valeur sûre pour positiver, trajectoire poissons, Le froid modifie la trajectoire des poissons, Pierre Szalowski

    Opération "Vidange de PAL" oblige, on risque de voir passer d'étranges choses sur ces pages dans les semaines et mois à venir... A commencer par ce titre qui est ce qu'on nomme un"roman feel-good".

    C'est construit comme un téléfilm de noël.  Au centre un petit garçon qui apprend que ses parents vont divorcer et qui demande au ciel de l'aider. Après quoi une tempête de neige arrive, le destin de tous les habitants de l'immeuble est bouleversé et il se pense exaucé. Autour de lui, un bon copain, une call-girl qui soupire après l'amour, un veuf déprimé, un savant à l'accent slave tellement obnubilé par ses poissons et son thermomètre qu'il ne voit pas la paire de seins sous ses yeux, une directrice qui glisse sur les fesses et autres drôles de gus à problèmes.

    C'était gentillet.

     

  • Les phénix de ces bois

    dans la foret, hegland, se nourrir d'hegland et d'eau fraiche, manuel du survivaliste littéraire, initiation au renoncementDans la forêt, Jean Hegland

    Imaginez que la fin du monde advienne. Sans explosions, sans émeutes, sans hurlements, sans scènes de pillage, sans grands effets hollywoodiens. Un film catastrophe presque sans catastrophe, où vous suspendez simplement quelques secondes votre lecture au coin du feu pour remarquer que les choses ne sont plus comme elles étaient.

    La civilisation s'écroule mais vous n'êtes pas sous les décombres. Vous êtes à l'abri, à l'écart, au calme. Dans la forêt. Idée déroutante et pourtant réaliste car quelle que soit l'ampleur d'un événement mondial, il se trouvera toujours quelque part des individus isolés du reste du monde pour l'ignorer.
     
    Ils se sont installés là pour le cadre de vie, ils y élèvent leurs deux filles. Ce ne sont pas des marginaux, ils travaillent en ville, à quelques kilomètres de là. Si les filles sont, petites, éduquées à la maison, elles ne sont pas pour autant cloîtrées ni coupées du monde. A l'adolescence, l'une d'elle fréquente une école de danse, l'autre est toujours fourrée dans les livres et attend sa lettre d'admission dans une grande université.
    Il y a beaucoup de douceur dans le portrait de cette famille, au début du roman. Elle fait rêver. Comme une photo parfaite, prise au meilleur moment.
     
    Puis la mère meurt, d'une maladie il me semble. Puis la fin commence. Ce sont d'abord des pannes de courant, de plus en plus longues et rapprochées. L'énergie manque. Le père et ses deux filles suivent tout cela de loin, inquiets mais encore persuadés que tout finira par rentrer dans l'ordre. Ils font tout de même des réserves de provisions. Et lentement, la civilisation s'effondre. Les échos leur en parviennent.
     
    Ce n'est pas l'essentiel du roman. A moins d'être un exécrable photographe, on s'arrange pour avoir le sujet au moins un peu dans le cadre.
    C'est souvent, dans un récit initiatique, que l'on commence par priver le héros de tout. Il se retrouve généralement sans parents. Comme si on ne pouvait avancer qu'une fois tranchées toutes les racines. Sauf que là, elles sont deux.
     
    J'ai adoré ce livre. Je ne l'ai jamais trouvé triste. Mais j'ai pleuré. Ce n'est pas une descente aux enfers ni un drame. C'est un retour à la nature, un dépouillement - une sorte de mue? - lent et inéluctable. Il n'y a qu'une scène de violence. Elle m'a bouleversée, par son contenu, mais aussi parce que d'ordinaire, dans le chaos, la violence est la norme. Là, elle arrive par surprise, brutale, au milieu de la paix. Elle éclate.
     
    C'est un livre dont on sort en songeant qu'il y a encore beaucoup à dire. Sur le père. Sur les livres et la musique. Sur la dernière partie... mais je n'ai pas pour habitude de discuter de la fin des livres ici.
  • Poulet en batterie

    couverture, morsures de l ombre, giebelLes morsures de l'ombre, Karine Giébel

    On sait où l'on met les pieds avec Giébel : thrillers violents, très très sombres. Celui-ci ne déroge pas à la règle. Je n'ai retrouvé qu'un seul article, celui sur Meurtres pour rédemption, mais je me souviens avoir lu au moins deux autres de ses romans et leur avoir trouvé de solides points communs : Karine Giébel interroge souvent la notion de culpabilité, personne n'est très innocent, chaque fois la souffrance est autant psychologique que physique et elle aime que ça dure un max...

    Dans Les morsures de l'ombre, un policier marié qui cède aux charmes d'une jolie jeune femme se retrouve enfermé dans une cage au sous-sol. Le séjour n'est pas à son goût. L'hôtel n'a pas même une étoile, le room-service laisse à désirer et le personnel est un peu lunatique. 

    Tandis que le monsieur meurt de froid, de faim et se fait torturer tout en jurant qu'il est innocent, le lecteur s'interroge.  C'est loin d'être un ange, ce beau gosse qui couche avec tout ce qui passe... Et si quelqu'un avait de bonnes raisons de le chatouiller un peu ? 

    Conclusion : thriller de bonne qualité quand on est amateur du genre, c'est efficace mais prévisible - encore plus quand on connait Giébel, ça ne peut qu'être pire à chaque fois qu'on tourne une page. 

  • Freedom

    freedom, franzen, oiseaux, couvertureFreedom, Jonathan Franzen

    Long calvaire que ce roman. Il était sur ma liseuse depuis des années, je ne sais plus à quel moment ni pourquoi je me suis persuadée que c'était une valeur sûre. Je suis d'autant plus déçue que le livre n'est même pas mauvais. C'est un roman américain tout ce qu'il y a de plus classique. Un peu de politique, un peu d'histoires de famille, un ton railleur. De bons ingrédients.

    Université. Patty tombe amoureuse de Richard, un jeune musicien, mais n'ose rien tenter et finit par épouser le meilleur ami de celui-ci, Walter. Le type même de l'Homme Bon : gentil, tempéré, attentionné, fidèle.
    Des années plus tard, ils ont deux enfants qui entrent dans l'âge adulte.

    J'ai presque tout dit du livre. A aucun moment je n'ai espéré quelque rebondissement que ce soit. Dans ce livre, même quand quelqu'un meurt ça ne fait pas un frisson à la surface de l'eau. C'est un long récit de vie mélancolique. Où l'on s'inquiète de voir les enfants s'éloigner. Où l'on s'interroge sur son conjoint. Où l'on continue d'avoir envie du rockeur, mais si ça devait arriver, on regretterait le gentil mari.

    C'est déprimant de réalisme et d'un bout à l'autre j'ai compté les pages en m'interrogeant sur le sens d'un récit qui ne ne pousse ni à se détendre, ni à réfléchir, ni à agir, ni à rêver.

    Il y a pourtant tout un message satirique sur la politique environnementale étasunienne puisque le gentil Walter, pour protéger les oiseaux, finit par se convaincre qu'il faut exploiter à fond toutes les zones encore préservées. Ainsi, après, quand il n'y a plus rien à extorquer à la terre, on lui fout la paix et les oiseaux reviennent... Imparable raisonnement.

    Quant au fils, il se fait happer dans une magouille autour du lucratif business de la guerre.

    C'était pourtant un récit engagé... dont je n'ai rien aimé. Suivant.