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  • Coups de fourchette

    On passe à table, en cette veille de réveillon, avec deux romans qui nous proposaient de faire bonne chère - et bonne chair aussi.

    yeux-gros-ventre-soares.pngLes yeux plus grands que le ventre, Jô Soares

    On commence par un petit tour au Brésil, avec un polar qui aurait dû plaire à la gourmande que je suis: voilà qu'un esprit perturbé  se met dans l'idée d'assassiner les grosses femmes en les appâtant avec des gâteaux (puis de la charcuterie, quand il commence à épuiser ses idées de desserts) avant de les leur enfourner dans le gosier jusqu'à les étouffer.

    J'ai trouvé l'écriture déplorable, c'était laborieux et appliqué comme une expression écrite de collège, avec quelques scènes - je pense à celle de la course automobile - complètement hors-sujet, qui n'apportent rien, ne servent à rien. Exactement comme la contextualisation histoire...

    On perçoit presque à chaque page la volonté de nous faire aimer les personnages, de leur donner de la profondeur - mais c'est raté.

    Il y a de l'humour, c'est indéniable: Le présentateur de radio profitait de chaque intervention pour caser une publicité, souvent mal à propos. -->Comique de répétition. 

    En bref, idée excellente, résultat désastreux. Je ne dis trop rien, ça m'arrive tout le temps.

     

    zombie-browne.pngComment j'ai cuisiné mon mère, ma mère... et retrouvé l'amour, S.G. Browne

    J'ai du nez, quand même! Voici ma nouvelle devise : j'ai osé le zombie et ça m'a réussi !

    Voilà de l'humour réussi et un roman convenablement écrit et plus encore, convenablement pensé.  Imaginez : parfois, certaines personnes se réveillent après leur mort. C'est comme ça, les morts-vivants sont parmi nous. Croyez-en Andy, c'est là que les ennuis commencent.

    Vous puez, vous partez en morceaux; Ni vos parents ni vos amis n'ont plus tellement envie de vous avoir à table.
    Dans la rue, les gosses hurlent et les adultes vous jettent à la tête leurs cannettes de bière. La nuit, c'est pire : de petits voyous s'amusent à chasser ces innocents zombies pour les démembrer. il ne fait pas bon trainer dehors!
    Comme si ça ne suffisait pas, la société vous retire tous vos droits, on vous interdit de voir vos enfants, de travailler... Aucune indépendance.

    Zombie, c'est pas une vie.

    Ce roman, narré par un mort-vivant déprimé est un vrai petit bijou, bien meilleur que tout ce à quoi je pouvais m'attendre. Le résumé, très bien fait, m'avait mis l'eau à la bouche mais c'est encore bien plus amusant.

    D'autant que le sujet est sérieux, dans le fond. Il est question des minorités et de leur difficulté à faire valoir leurs droits. Bien sûr, quand ces minorités sont à la fois mortes et vivantes, l'humour nous attend au coin de la page.

    Il est si chou, Andy, touchant comme un chiot mouillé. Surtout quand il tombe amoureux, secoue sa morosité et commence à se révolter contre son statut de paria. Le pauvre, chaque fois il finit dans une cage de la S.P.A, nourri aux croquettes en attendant que ses parents viennent le chercher!

    Histoire géniale, écriture de bonne qualité.
    Je l'ai dévoré. Miam.

     

    Happy Christmas, mes virtuels amis.

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  • La femme carnaval

    monde_flamboyant_hustvedt.pngUn monde flamboyant, Siri Hustvedt

    "Sa majesté-bébé, ce nouveau-né qui se croit le centre du monde, vit encore quelque part en chacun de nous".

    Ne lire qu'un roman de la rentrée littéraire et tomber sur le livre idéal, celui qui touche le coeur et l'esprit.

    Je n'arrive toujours pas à accepter la non-existence d'Harriet Burden, j'ai l'impression qu'on m'arrache une amie. Dans la continuité de mes Vies imaginaires, j'ai choisi ce roman justement parce que j'étais attirée par "la formidable création littéraire que constitue le personnage de Harriet Burden", mais je n'ai pas pu m'empêcher de taper son nom sur Google pour vérifier.
    Et sur Facebook : quel autre endroit apporte une preuve définitive de l'existence, de nos jours?

    C'est toute l'oeuvre qui est flamboyante. Elle a de la chair, Harriet, une chaleur indéniable, épaisse et envoûtante, celle d'une femme dont on voudrait partager le canapé et boire les paroles.

    Témoignages d'amis et interviews, articles de presse, extraits de journaux intimes. A l'aide de ces quelques outils, Siri Hustvedt fait surgir du néant une artiste négligée, une femme qui a vécu toute sa vie dans l'ombre de son mari marchand d'art. Épouse fidèle et mère dévouée qui ne se sentait pas même à l'étroit. Mais quand Felix décède, l'onde de choc l'ébranle et fait surgir une autre Harriet qui consacrera le reste de sa vie à son grand projet : être enfin prise au sérieux.  Pied de nez magistral au snobisme du monde de l'art, elle qui n'a jamais été remarquée, elle rencontrera le succès en se cachant derrière des personnalités masculines, des artistes hommes qui vont endosser la paternité de ses oeuvres.

    Harriet est un puits de culture, elle a tout lu, elle joue, son savoir s'étend et s'enroule autour de ses œuvres, qui sont si bien décrites que j'ai parfois eu l'impression d'être dans le musée et de vivre ses scènes, de jubiler avec elle ou de hurler de rage. Pour la première fois de ma vie j'ai pris un plaisir intense à l'art contemporain. Je l'ai vécu dans sa chair à elle, j'en ai compris des aboutissants. J'en ai aimé la poésie, aimé sa façon de crypter ses messages.

    Je n'arrive vraiment pas à me dire que tout n'est qu'invention. Le soucis de cohérence du roman est poussé à l'extrême, parfois des notes de bas de page renvoient à des ouvrages critiques ou glosent à propos des écrits de Burden.

    Il faut qu'Harriet Burden existe, parce qu'elle a de l'humour, de l'esprit, des fêlures et du corps, parce qu'elle se bat. Et j'aime ce qu'elle crée et plus encore ses raisons, son parcours, son enfance, son mariage.

    J'aime Harriet pour son chemin.

    Il ne faut pas s'arrêter au féminisme de l'oeuvre. Il est surtout question du regard que l'on porte - pas seulement sur l'art - et de tout ce qui nous influence dans nos jugements, qu'on le veuille ou non. Nous décodons le monde à la lumière de ce que l'on pense déjà savoir.  C'est très drôle , d'être dans la confidence, de lire les critiques qui encensent l'artiste noir et homosexuel et de rire sous cape avec Harriet du ridicule de leurs interprétations. Mais je ne suis pas que spectatrice complice, je suis aussi celle qui vient d'écrire qu'elle avait aimé les oeuvres (imaginaires) d'une artiste (imaginaire) à la lumière toute fictive de la personnalité d'un personnage. C'est parce qu'Harriet était si vivante à mes yeux que j'ai donné du sens à ses créations, aux chambres peuplées de poupées, aux variations de grandeurs et de volume, à l'atmosphère oppressante. J'incarne les travers pointés par Harriet. Je suis une victime ridiculisée par un masque.

    Quand j'arrive à ne plus croire en l'existence d'Harriet, ma lourde déception se mue en une tendre admiration pour l'auteure. C'est savant, savoureux, engagé, intellectuel à la perfection - mon dieu comme je souffre, depuis, sur ma nouvelle lecture, comme elle est pauvre.

    C'est comme en amour, je suis bien consciente que le charme pourrait ne pas agir sur d'autres que moi, mais le voici, mon livre de l'année.

    Aussi , puisque j'ai reçu ce livre dans le cadre des matches de la rentrée Price Minister et qu'il me faut donner une note (on a encore le droit? Personne ne va se sentir stigmatisé? )

    Je mets 20.

     

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  • Les mijotés

    En vitesse avant de parler de mon grand coup de coeur du mois, un mot sur deux titres qui ont battu des records de durée de lecture!

    lieu incertain.pngUn lieu incertain, Fred Vargas

    Ce n'était que mon 2e F. Vargas pourquoi ne seraient-ils pas tous aussi bons? Ce n'est pas comme si l'histoire comptait. L'intrigue policière flotte quelque part au loin tandis que l'écriture fait tout, que le personnage d'Adamsberg et tous les personnages secondaires font tout. Un petit côté érudit et mystérieux. Dense. J'aime vraiment cette auteure. Ici il était question d'une lignée de types fêlés qui se prennent pour des monstres et s'entretuent. comme ça, ça semble assez peu attrayant. On flirtait avec le surnaturel,  mais on garde les pieds sur la terre ferme : la terre maudite du lieu incertain. C'est poétique, par certains aspects. Je crois que l'interjection "plog" quand elle est apparue, a décidé de mon coup de coeur pour le roman.

    Roman qui n'a pas été vraiment "lu", mais écouté en livre audio - très belle voix d'homme. Commencé cet été sur une route italienne et fini en novembre tandis que ma voiture agonisait.  C'était parfois un peu difficile de retrouver le fil !

     

    Mais ce n'était rien à côté de cet autre roman, lecture commencée il y a ... un an ? deux ans ?

    cercle_flèche_ness.pngLe cercle et la flèche, T2 du Chaos en marche de Patrick Ness

    Voir article T1 et attention au spoil du premier volume dans la suite de cet article ! ^^

    Cette série jeunesse est fabuleuse, elle ne ressemble à rien d'autre. Un OVNI situé dans un monde futuriste mais arriéré où les pensées des gens flottent dans l'air, accessibles à tous.

    Nous revoici en compagnie de Todd, qui a passé tout le premier volume à fuir avec Viola la ville dont il est originaire et son terrible Maire, pour atterrir finalement entre ses griffes.

    560 pages. Ce n'est pas rien, 560 pages! C'est du costaud. Et que se passe-t-il pendant 560 pages? Todd et Viola sont séparés et pensent l'un à l'autre. Le terrible Maire s'est emparé de la ville et les femmes, menées par Mrs Coyle, organisent la résistance. Puis on boucle sur tout ça. Maire manipulateur, Todd abattu, Viola furieuse, Mrs Coyle insaisissable.

    560 pages statiques, je me suis sentie comme engluée, sans trouver ça désagréable. C'est tellement étrange, comme roman. J'ai l'impression que ça n'est pas un livre, mais allez expliquer un truc comme ça, vous :p

    Si loin des sentiers battus. Todd a son livre ? Il ne lui sert à rien. Il continue à déformer des mots? On apprend rien de plus à ce sujet. On fait une terrible pause à Haven, ville qui n'a rien d'un paradis. Davy, le fils du maire... lui, il bouge. Je me suis concentrée sur lui, j'en attendais beaucoup. Et puis... groumpf.

    Les protagonistes, dans les deux camps, sont tordus. Peut-être qu'aucune cause n'est juste, quand l'appétit de guerre est à ce point aiguisé. J'attends avec une grande curiosité de voir comment le dernier volume conclura cette affaire.  631 pages...

     

     

     

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