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Urgences - Page 24

  • On the rodéo again!

    Proulx_wyoming.jpgNouvelles histoires du Wyoming, Annie Proulx.

    Il s'agit d'un recueil de nouvelles, genre qui m'attire très peu d'ordinaire, d'où ma surprise: un gros coup de cœur!

    Les meilleures nouvelles:

    Le trou de l'enfer: Un brin de fantastique pour ouvrir l'appétit. Creel, le garde-chasse, trouve une façon original de se débarrasser de la paperasserie.

    L'effet ruissellement: Quand un ivrogne se voit confier le transport d'une précieuse cargaison.

    L'homme qui rampait hors de la forêt: Ou comment réussir son intégration dans le Wyoming.

    Le concours: A celui qui aura la plus longue. Barbe.

    Le loup de Wamsutter: Sur le plaisir de revoir, adulte, le costaud qui vous cassait déjà les pieds à l'école. (Où l'on apprend aussi qu'il est possible de cuisiner avec du sirop contre la toux) .

    Bon pour la décharge: Autre nouvelle fantastique. L'histoire d'Aladin revisitée, avec bouilloire en guise de lampe.

    En location: Amanda aux prises avec les vaches sadiques du ranch voisin. Suspense garanti.

     

    Mon avis:

    Pour revenir sur un débat récent entre lectrices: en voilà, des nouvelles sans chute finale! Ce qui ne gâte rien.

    Couverture très sobre avec un paysage montagneux sur le tiers supérieur et un fond blanc. Rien de folichon. Joli quand on aime.

    Me suis plongée dans la première histoire (voir ci-dessous) : hum, pas mal.

    Ensuite j'ai eu le malheur, voulant lire à haute voix, d'en choisir une autre, sans suivre l'ordre (sacrilège!), parce qu'elle était courte. Et pas de chance j'ai choisi "Le jeu du blaireau" et ni moi ni mon auditorat n'avons rien compris mais alors rien du tout (help! âmes charitables: n'hésitez pas à m'éclairer). Quelque métaphore animale, je devine... Mauvaise pioche.

    Ensuite, je suis revenue à l'ordre normal des choses et j'ai été vite conquise: toutes les nouvelles prennent pour cadre le même petit coin du Wyoming, nous retrouvons donc des personnages de l'une à l'autre.

    Le thème de la famille ou du couple est récurent, ( « Reconstitution des guerres indiennes », « Quels meubles choisirait Jésus ? » ) d'où des débuts parfois lents, qui déroulent les héritages successifs sur quatre générations.

    Chaque nouvelle éclaire un pan de la psychologie des habitants. Du garde-chasse orphelin, dont on ne connaîtra le passé qu'en assemblant les indices disséminés dans plusieurs histoires, à la tenancière de bar, en passant par les « étrangers » qui arrivent de New-York et viennent de s'installer dans un ranch...

    J'aime ce genre de « catalogue » méthodique avec variation des points de vue.

    Mes connaissances en géographie sont dérisoires, je n'ai presque jamais voyagé... Je n'ai des Etats-Unis qu'une image très vague, plus fantasmée que réaliste, autour des grandes villes. J'ai adoré ce dépaysement, cette région peinte à la fois effrayante et attirante.

    Écriture très adroite et très intelligente. On comprend à la lecture comment un recueil peut être doté d'une logique interne. Peu à peu, l'ensemble se met à former un tout compact et cohérent, une image précise se dessine de cette région plutôt hostile. Ce qui ne semblait qu'un détail, qu'un élément de contexte dans la première nouvelle, à force de répétition, devient un trait distinctif du Wyoming. La sécheresse, les difficultés des éleveurs...

    Par deux fois, en tombant sur une allusion à un ordinateur ou à un micro-ondes j'ai été surprise de me sentir « recadrée », tant on se sent hors du temps.

    Annie Proulx est aussi l'auteure de la nouvelle Brokeback Mountain. Voilà qui me donne envie de découvrir le texte!

  • Autant m'en apporte le vent

    Glattauer.jpg

    Quand souffle le vent du nord, Daniel Glattauer.

    Pas de résumé, je m'y refuse. Quelques liens vers d'autres billets, qui conviendront parfaitement à cet effet: celui-ci ou celui-là.

    Je suis encore trop « dedans » pour m'exprimer avec une vue d'ensemble.

    En très bref, tout de même, la rencontre virtuelle (accidentelle) de Léo et Emmi. Par l'entremise des mails qu'ils s'échangent, une relation intense se noue.

    A me lire, cela semble terriblement barbant, banal, prévisible ou gnangnan (voilà pourquoi je devais m'abstenir de résumer).

    C'est vrai, dans ce roman, tout est réaliste: rien ne détonne, rien ne fait « grosse ficelle ».

    Mais rien n'est ennuyeux, non plus. L'ensemble est d'une justesse extraordinaire qui fait, je crois, le charme de ce texte. On y croirait, on y croit, on l'a vécu, peut-être...

    La naissance d'un sentiment, l'émergence d'une intimité qui cherche sa place entre le plaisir du flirt avec l'écran en filet de sécurité et le rappel des obligations familiales, extérieures.

    Rien d'excessif, ni de grandiloquent, rien que le déroulement ritualisé mais que l'on voudrait tous toujours revivre des prémices d'un grand amour.

    J'appréhendais la fin, persuadée d'avoir entre les mains un de ces livres auquel il n'en faudrait aucune.

    (Solution:

    • Disparition des cinq ou dix dernières pages par l'opération du Saint Esprit.

    • Erreur au moment de l'impression, les 200 dernières lignes ont été interverties avec celles de la version russe. Ou, pire, avec l'épilogue de Twilight. (Ce qui satisferait tout le monde, quel temps gagné!)

    • Ou, pour ne satisfaire que moi, ce qui est très suffisant, intervention d'un fou serial-mangeur de dernier chapitre dont la victime n'est autre que LE volume que je viens d'acheter et zut, ils n'en ont plus aucun autre en rayon et n'en auront plus jamais jamais nous-sommes-désolés-madame-vous-ne-connaîtrez-JAMAIS-la-fin.)

     

    Mais non, craintes envolées, pas de tour de passe-passe guimauve, pas de déception. Juste la fin qu'il fallait.

     

    Une histoire d'amour qui me ressemble, j'étais prête à la lire, nous nous sommes trouvées.

     

    Séduction exercée dès le premier regard, par le titre, que je trouvai violemment sensuel, sans pouvoir dire pourquoi, empreint d'une grande douceur, mais aussi oppressant, comme une envie de bailler insatisfaite.

    (Curieuse, je serais, au passage, reconnaissante à toute personne pouvant me traduire précisément le titre d'origine « Gut gegen norwind ». C'est aussi beau?)

    Pourtant ce roman si prometteur s'est simplement et bêtement retrouvé en haut de ma liste à lire, qui, on le sait, n'est pas réputée pour son renouvellement ni sa progression, mais plutôt pour son odeur de renfermé et de vieux titres moisis dont on finit par ne plus savoir ce qu'ils font là.

    En effet, je suis une lectrice qui n'achète jamais de livres. Ou presque jamais. Non, soyons honnête. Jamais. Mes dernières lectures étaient des cadeaux. L.A.L. et P.A.L. vivent chez moi en collocation cordiale, polie, sans presque jamais se rencontrer.

    C'est le hasard qui m'a fait acheter ce livre pour une tierce personne. Et, j'avoue tout, pas besoin de me supplier: je suis du genre à oser lire un livre avant de l'offrir, ce qui, je le sais, est atroce, extrêmement impoli, déshonnorant. Et alors? Suis d'humeur à assumer tous mes travers après une pareille lecture.

    Je l'ai ouvert sur le trottoir, par curiosité. Deux kilomètres à parcourir jusque chez moi, rien d'autre à regarder... Ce livre dans mon sac, c'était l'île de la tentation, rien de moins! Sans les filles en slip et sans l'île. Tant pis, hein?

    Rien que le plaisir de marcher 20mn plongée dans le livre qu'il me fallait.

    Impossible de résister.

    Alors: clé cherchée à tâton dans la poche, sans quitter la page des yeux. Chaussures abandonnées quelque part dans l'entrée puis canapé, jusqu'à la dernière page.

     

    Abc.jpgJe n'ai pas été seule à aimer: L'avis de Keisha, de Fashion, de Cuné (parmi tant d'autres!).