L'amie prodigieuse, Elena Ferrante
Italie, années 50, photo de couv qui évoque le passé... Aïe aïe aïe. Pourtant le petit mot à l'intérieur de mon exemplaire est tombé juste. Oui, en effet, j'aime les romans qui parlent d'amitié forte et d’ascenseur social. C'était bien vu !
La narratrice, Lenu, décrit son enfance à Naples dans un quartier populaire et l'amitié particulière qu'elle noue avec Lila. Quand Lenu doit passer ses nuits à étudier pour s'en sortir à l'école, Lila survole le programme sans effort. Elle est plus curieuse, plus vive, plus courageuse, plus séduisante. Rien ne semble l'effrayer. Elle est brillante.
C'est un personnage très ambigu, elle ne donne jamais les clés pour être comprise, il faut se contenter de la décoder à travers ses actes, qui ne jouent pas vraiment en sa faveur. C'est une amie tyrannique mais intense. Un point pour elle. Elle exerce une emprise terrible sur Lenu.
Lenu, qui ne sait que faire de sa fascination, qui s'affadit quand l'autre ne la tire pas vers le haut, me fait un peu mal au coeur.
Tandis que Lila, toute de rage et d'impulsivité, qui ne décolère pas d'être enfermée dans son milieu social, condamnée à n'être qu'une femme, jamais considérée à sa vraie valeur, me touche dans l'hostilité qui lui sert de défense.
Je ne l'ai pas aimée, ou peut-être que si, beaucoup. Parce qu'elle me rappelle mes propres attachements. Je suis faite pour aimer des Lila qui brillent et me consumer dans la jalousie ensuite. Je ne suis pas Lenu, en raison de mon incapacité à fournir, contrairement à la narratrice, les efforts monstrueux pour se maintenir à niveau et rester digne d'être ne serait-ce que mise à l'épreuve.
C'est la conclusion d'une discussion récente, d'ailleurs. Je suis méchamment envieuse... Sûrement pour ça que je n'ai pas pu piffrer la narratrice. Déjà elle s'en sort mieux que moi, elle y arrive, elle, à conserver l'estime de celle qu'elle admire. Et surtout... pffff... elle ne passe pas par ces sentiments moches, d'envie, de jalousie, de colère, qui nous abiment et qui nous font sentir minables ensuite. J'espère qu'elle va déchoir dans le volume suivant, tiens.
L'autre atout du roman, c'est le quartier en lui même. La pauvreté, les rivalités, la misogynie qui sert de base à tout, la méfiance des parents devant cette lubie de faire des études, l'ascenseur social dont les portes ne s'ouvrent pas à l'étage attendu, l'évolution des métiers, l'intrusion douloureuse de la modernité.
C'était un bon moment de lecture. La suite pour les ... les ... vacances !!! Avec le trône de fer, les misérables, un Karine Giebel, le dernier Jonathan Coe, peut-être la Cindy de ma femme, et Larispem T2 bien sûr. J'ai pas assez de slips propres mais pour les bouquins, la valise est déjà bouclée.