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La fleur de l'âge

iris chevalier,florence cabre,roman jeunesse,à quoi ça ressemble un iris déjà?,avec la longueur de l'article pas besoin de tags...Iris Chevalier et les secrets du jardin, Florence Cabre

Avis chrono'

Un vrai bon livre jeunesse comme on aimerait en trouver plus souvent. Ecriture plaisante, héroïne dotée d'un fort caractère, intrigue équilibrée. Finalement son seul défaut, c'est de n'être qu'un premier tome et d'avoir une fin un peu rapide.


Lectrices, comptez-vous!

( C'est pas comme ça qu'ils font dans l'armée? Et après les gars disent "1", "2", "3" ... et à la fin il n'y a plus qu'une soustraction à faire pour savoir s'ils sont tous revenus ou s'il faut commander des cercueils. )

... C'est que j'ai promis à l'auteure, en échange de son livre, que ma critique serait lue par au moins trois personnes!

C'est un truc vraiment sympa qui m'arrive pour la seconde fois : une auteure me propose un livre, directement. Autant Condie, je pouvais comprendre. Mais me proposer à moi un livre jeunesse, alors que je n'en lis presque pas - trop de risques de tomber sur de la soupe ou sur des héroïnes qui rigolent bêtement et se trémoussent en faisant du shopping - et de plus un livre avec une dimension fantastique c'était prendre un sacré risque. Et comme j'aime les femmes qui prennent des risques...

Je m'en sors bien avec ma part du marché, je n'ai pas à trouver des mots pour dire que c'était nul. Ouf!

Alors commençons par là : j'ai aimé en premier lieu la qualité de l'écriture. Exactement ce qu'on attend d'un roman qu'on peut placer entre les mains de nos enfants pré-ados. Si vous tenez un CDI, passez commande. J'ai été très agréablement surprise, dès les premiers chapitres. Un livre que j'ai avalé en deux ou trois soirs, avec plaisir. Un livre que je pourrais bien, un jour, avoir envie d'offrir.

L'histoire est à la fois simple et complexe. Simple parce qu'elle suit la jeune héroïne, Iris, et complexe parce qu'il faut remonter dans le passé, à l'enfance de sa mère, pour embrasser tout le tableau. La mère d'Iris et son frère Aton ont été trouvés, petits, amnésiques dans le jardin du Luxembourg. Ils ont grandi sans parent.

Quand l'histoire commence, le père d'Iris disparaît. Un jour, il ne rentre pas à la maison et rien n'indique ce qui a pu lui arriver. La situation devient difficile pour la mère d'Iris qui doit s'occuper seule de trois enfants et prend la décision d'envoyer Iris vivre à Paris chez son oncle Aton, lequel est muet.

Avant cela, Iris rencontre d'étranges personnages, qui lui transmettent de non moins étranges messages et après cela, Iris intègre une école très particulière, se fait des amis et va vivre une aventure.

Il y a des choses, je dois le dire, qui rappellent un célèbre petit sorcier. Mais de la même manière que la première fois, Harry m'a fait penser au héros de L'île au crâne. Certains thèmes sont difficiles à contourner. L'enfance qui se dirige vers l'âge adulte est faite de confrontations, de problèmes, et d'amitiés qui se lient en dehors du cercle familial, pour accompagner ce nécessaire éloignement.

Symboliquement, sans doute, c'est physiquement qu'Iris est éloignée de sa mère. C'est très brutal. Le personnage de la mère est épineux. Le livre raconté du point de vue d'Iris justifie rationnellement qu'on ne partage pas les doutes, les interrogations de la mère. Il en ressort un sentiment très étrange d'abandon cruel sans l'être vraiment. Justifié par la nécessité, mais non explicitement motivé. Personnage qui mériterait plus ample réfléxion mais je ne suis pas là pour vous pondre un mémoire et ce billet va ENCORE être trop long.

Lectrices, comptez-vous!

Plus personne? Tant mieux, parce que je termine sur les deux seules choses qui me gênent:

Premièrement, le vocabulaire d'Iris. Le livre est bien écrit, je l'ai dit. Iris est très intelligente, mature. Douée même dans certains domaines. Mais dès le début du livre, on trouve dans sa bouche des  expressions "déformées" signalées par des italiques, par exemple "staramériquène", ou "comme en l'encarante". Pour certaines, cela se justifie, comme une private joke - je fais ça aussi, à la maison, c'est mon côté gamine - Iris a les yeux verts "démerdusude" dit son papa. A la rigueur, d'autres fois, on peut comprendre qu'Iris ne connaisse pas l'orthographe du mot " la marche à pied et le taille chi". Mais ces déformations se multiplient parfois sans logique, parce qu'elle n'a pas 8 ans, mais 12 et que si ça n'est pas une private joke alors ça devient dur à justifier, le coup de la "pie voine" et des pulls fabriqués au "Banc de la dèche". Ce détail ( c'est un détail, je sais que c'est un tout petit détail ! ) m'a bien fait rire, puis m'a bien agaçée!! ça me coupait dans ma lecture.
Sur la fin du roman, ça commence à servir, à avoir un sens, à symboliser sa maturité croissante. Mais je maintiens qu'il y a trop de ces mots. Une demi-douzaine auraient suffit. 

Enfin, j'ai été assez surprise par la fin. Comme si la dernière scène importante n'avait pas été écrite par la même auteure. Voilà que tout s'emballe, qu'on perd l'épaisseur qui fait la qualité du roman. Sans trop en dire, c'est une méga scène d'action. Le gros coup de feu, quoi. Vous voyez le tableau? Mais cette scène est traitée "hors champ". C'est comme si dans un film, au moment du combat final contre les Forces du Mal, on vous offrait un gros plan d'une minute sur des pâquerettes, avec juste en fond sonore le combat qui fait rage. Euh... mais euh?

Voilà , voilà, j'ai presque fait le tour. Les amis d'Iris, géniaux aussi. Un trio attachant. L'oncle Aton, sympa comme tout, j'espère qu'il aura un peu plus de pages à lui dans la suite parce que je l'aime bien. J'ai dû en oublier , mais au moins cette fois j'ai le livre sous les yeux, sur ma liseuse...

Quand je pense que j'avais corné des tas de pages dans Comme une bête, que j'étais super inspirée et qu'au moment d'écrire l'article, impossible de remettre la main sur le bouquin... Retrouvé hier sous le canapé. Dommage pour les citations. J'irai peut-être éditer l'article si j'ai le temps.

 

En attendant, pour poursuivre agréablement la soirée, je vous propose ce petit échange, très gentiment accepté par Florence.

 

1 - On commence facile : résumez-nous votre roman, Iris Chevalier et les secrets du jardin en quatre mots.

Florence Cabre :   Perte, colère, identité, fraternité...
 
Hum, on ne peut pas dire que ces quatre mots résument tout à fait l'histoire, mais sans doute illustrent-ils l'essence de mon roman.

 

2 - Choisir Iris, une héroïne féminine c'est...

  a) Un choix longuement pesé.
  b) Une évidence.
  c) C'était Iris ou Barbie... un coup de chance au tirage.

Florence Cabre : Plutôt une évidence. Je voulais d'une héroïne qui, bien qu'elle se retrouvait dans un récit d'aventures de pures sciences-fictions, gardait tout de même des réactions et des émotions propres à n'importe quelle adolescente de 12 ans. Je voulais qu'elle ressente la colère, le chagrin, la tendresse, la pitié... qu'elle s'interroge ou qu'elle donne son avis froidement et sans détour sur tous les sujets comme le font les jeunes à cet âge tourmenté. Donc, pas de Barbie !

J'espère que tous mes lecteurs se retrouveront au moins une fois dans un des commentaires d'Iris.

 

3 - D'après vous, en quoi le regard d'un lecteur adulte sur un livre jeunesse est-il différent (de celui du lectorat ciblé) ?
Florence Cabre : Je pense que la plupart des adultes sont d'une manière générale plus critiques. Ils lisent en cherchant inconsciemment les fautes d'orthographe et les formes de syntaxe inappropriées. Ils essaient souvent de coller leur passé personnel, leurs expériences diverses à l'histoire. Or, un enfant, un ado, c'est comme une page blanche. Ils lisent, ne se posent pas de questions et soit, aiment, soit, n'aiment pas. D'ailleurs, les professeurs de français passent des années à leur faire disséquer les livres pour acquérir leurs propres esprits critiques.

Un bon bouquin, qu'il soit pour enfants ou pour adulte devrait faire oublier qu'on est en train de lire. L'auteur devrait réussir à mener le lecteur adulte du début à la fin de son histoire comme si celui-ci était un enfant.

 

4 - A propos de la fin accélérée du roman, vous m'écrivez "Je n'ai pas réussi à faire autrement". Alors, là, je veux comprendre! Et appeler pour vous les secours si jamais vous êtes dans une situation semblable à celle du gars dans Misery.

Florence Cabre : Ha ha ha ! vous me faites rire... mais c'est vrai ! Je n'ai pas réussi à faire moins vite. C'est-à-dire qu'une fois la description des personnages faite, ceux-ci ont pris vie dans ma conscience. Ils se sont mis à écrire et ont imposé leurs dialogues. Je ne faisais que donner une direction au début des chapitres... Laissez-moi vous dire qu'ils étaient pressés. Ils ne souhaitaient que parler et agir ! Fini les descriptions des lieux, des ressentis. Iris ne voulait plus que faire.

Blague à part, je voulais qu'on ressente l'avidité d'Iris à retrouver son père, son envie pressante de vérité. Je ne voulais surtout pas que le lecteur s'ennuie... D'où l'entrain et la bousculade des mots de la fin pour finir sur un cri.

5 - Comment voyez-vous la suite de cette série? Combien d'épisodes ? Le n°2 est-il déjà dans vos tiroirs ?

Florence Cabre : J'ai déjà réfléchi à la suite. Ma petite Iris souhaite ressortir de son placard très très vite. Malheureusement, il me faudrait quatre à cinq mois de travail. Le métier d'auteur est un métier bien difficile, car nous travaillons pratiquement sans retour financier sauf, bien entendu, si on s'appelle Danielle Steel, Alexandre Jardin ou autre Mister King. Je dois mettre au point le financement de ce deuxième tome et espère vivement trouver le temps nécessaire rapidement.

J'ai d’ores et déjà une trame élaborée pour les trois tomes. À voir si j'arrive à subventionner tout ceci !

 

6 - La question originale que vous auriez aimé que je vous pose c'est ...
Florence Cabre  : Alors là, je sèche !

Je peux vous dire la question que j'attendais : « Mais au fond, Iris, est-ce vous ? »

Et ma réponse : « Oh ! Mais Sound' , comme vous êtes drôle ? On pourrait le croire ; les yeux clairs, la tignasse brune... mais mon oncle ne s'appelait pas Aton ! » (rires)

Lien permanent Catégories : Pédiatrie 8 commentaires

Commentaires

  • Une ! :p

    J'avoue cependant que ce livre ne me dit rien... mais je note son potentiel cadeau pour un jeune lecteur !

  • Est-ce que tu te sens trop vieille? :)

  • Deux!

    Un roman jeunesse (qui n'est pas HP) et qui te séduit... Étonnant. Ton appréciation et ton ressenti globaux sont positifs, c'est ce que je retiens de ton article.
    Tu en dévoiles juste assez pour susciter la curiosité. Possible que je te l'emprunte un jour.

    C'est sympathique l'interview en fin de billet!
    Par contre, je voudrais revenir sur la réponse de l'auteure à ta 3ème question. S'il est vrai que les adultes portent un regard plus critique sur les romans et qu'ils le font souvent avec le poids de leurs expériences, je ne suis pas complètement d'accord avec ce qui est dit sur l'approche des enfants/ado. Peut-être que l'enfant, l'ado est plus tranché dans son jugement (j'aime, j'aime pas : ok) mais la page n'est pas complètement blanche non plus. Passé 8 ans, les expériences sont déjà là pour permettre de s'identifier à tel ou tel personnage de fiction (au moins par les émotions si ce n'est par le vécu) et la réflexion (même si pas autant poussée que chez un adulte -et encore ça dépend de l'adulte) et les questions peuvent déjà être là.

    Je suis d'accord avec le dernier paragraphe : faire que l'immersion soit totale au point d'oublier l'acte de lire, qu'on soit adulte ou enfant c'est un très bon point pour un roman (ou un film).

    euh voilà j'ai terminé... :p

  • Je crois que c'est exactement ce que j'ai répondu, à propos des enfants.
    Juste pour te titiller... Pourquoi 8 ans? Pourquoi pas 4? Ou 3 ? ça doit commencer très tôt, sinon quel plaisir prendrait un tout petit à ce qu'on lui lise une histoire, s'il n'y trouvait rien qui lui parle?
    Les émotions sont une excellente porte d'entrée. Les adultes font trop de cas de la réflexion. Plus on vieilli, plus on réfléchit, moins on agit, et moins on prend de plaisir. En tout cas pour moi, quand mon cerveau turbine, ce n'est jamais bon signe. Quand je suis heureuse, je suis plus impulsive.
    Tu ne peux pas dire le contraire, quand je déprime, je suis chiante, je décortique tout.

    C'est pareil avec les livres, avec la musique... ( Snif, j'ai cru que Deezer était revenu à une version illimitée parce qu'il n'y avait plus de compteur. Il me reste plus qu' 1h30 jusqu'au 25, qu'est ce que je vais écouter demain??)

    Tu veux le monopole des commentaires longs? Parce que je fais encore tout pour éviter de bosser, et bavarder me convient mieux!

    Je t'ai dit que j'ai profité des voeux pour prendre des nouvelles de Condie Raïs ? Elle n'écrit plus en ce moment, plus le temps. Rien que des machins géopolitiques. Bah même moi qui suis prête à toutes les expériences, je préfère attendre qu'elle se remette au roman!

    Ahlàlà. C'est terrible comme j'ai envie de bouger. J'ai envie de prendre l'air. Ti Juju, pour plaisanter qd je l'ai vu lundi m'a dit qu'il était peut-être encore possible de choper un billet... Tu sais qu'une seconde, dans ma tête...
    Et lol, quand je vois la jolie nana avec laquelle il était seul dans la rangée... ^^ (je plaisante hein, pas taper ) .
    Euh... je plaisante mais ça doit être une expérience géniale. ça me fout un coup de vieux, tiens...

  • Allons bon, une réponse qui mêle un peu tout.
    Pourquoi 8 ans? hmm, parce que je devais quelque part penser à l'âge des lecteurs de ce roman jeunesse (à partir de 8 ans?). Sinon bien sûr, avant les émotions et les expériences sont déjà là...

    Bon : à bas la réflexion alors? il y a décortiquer et décortiquer. Chez toi c'est vrai que ça peut tourner au jeu de massacre :p

    Condie : ah mais oui, ça manque d'avoir de ses nouvelles par blog interposé tiens! Lis donc Moby dick, peut-être qu'elle reviendra poster un commentaire :)

    Tu aurais pu (dû?) saisir la perche tendue par Juju. Les voyages forment la jeunesse (toi qui te crois déjà SI vieille!). On revient forcément changé d'une telle expérience et peut-être plus zen pour repartir sur de bonnes bases...

    En attendant de voyager en vrai, continuons de le faire au travers de nos livres... (c'est mieux que rien)

  • Trois !
    Chronique et échange très sympa.
    Je ne connais pas de gamin correspondant au lectorat cible mais je note (au cas où) !

    ps : j'ai adoré le coup des pâquerettes ;)

  • Trois, mon contrat est rempli !
    J'aime être à jour de mes obligations.

    @ C'era : 2014 sera une année Moby Dick, c'est dit. Je vais un petit article pour l'anniv du blog avec mes projets de lecture.

    @ Titepousse : Tu ne te sens pas d'être le lectorat cible. Allons il faut laisser parler l'enfant qui sommeille en nous.

  • Pas du tout, je lis des romans jeunesse sans problème, c'est simplement que le pitch de celui-ci ne m'attire pas particulièrement :)

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