Il est nez le divin enfant

Le grand nez de Lilli Steinbeck, Heinrich Steinfest

Avis chrono'

Un bouquin qui risque de vous exploser à la figure désagréablement si vous n'êtes pas un minimum préparé. Les détails absurdes se multiplient et l'intrigue ne tient debout que si on n'y regarde pas de trop près. ça m'a pris du temps, mais j'ai aimé.

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Je ne pouvais que finir par apprécier ce livre. Un gars qui ose se présenter avec ça devant un éditeur, sans craindre qu'on lui hurle:  "Mais vous vous foutez de ma gueule??" , ça force le respect. Il me faudrait une forte dose d'alcool et une soirée avec un groupe d'amis azimutés pour arriver à pareil résultat et le tout finirait bien sûr à la poubelle le matin avec les cadavres de bouteilles.

Je l'ai terminé hier soir (c'est à dire ce matin à 1h30) - admirez un peu mon hygiène de vie, d'une part et mon absence de retard dans mes avis, d'autre part - et je l'ai posé en rigolant et en songeant "Mais c'est n'importe quoi ce livre!" parce que le final est encore plus décalé que le reste. Ce qui se conçoit. Si le lecteur n'a pas abandonné avant, on peut lui balancer le final, il est immunisé.

Depuis le départ, un détail me chiffonne, ce sont ces mots, sous le titre (ah oui, tiens, il faut qu'on en parle, du titre!) "Le onzième pion". C'est quoi ça? Un sous-titre? Un deuxième titre? Le titre d'une adaptation? C'est probablement le titre d'une autre édition ou traduction. Mais si ça se trouve, ça participe simplement à la manœuvre de déstabilisation du lecteur. Dès la page de couv', nous avertir du grand n'importe quoi qu'est ce roman policier.

Parce que c'est une histoire policière, même si le titre n'en laisse rien deviner. Ou plutôt, ça fait mine en être une. Lilli est une policière allemande et elle enquête sur la disparition de Georg Stranski. Alors, pour vous mettre l'eau à la bouche sans trop en dévoiler, sachez que Stranski a reçu une pomme (à travers le carreau de son salon) et qu'il a ensuite été embarqué de force dans un jeu à taille humaine qui oppose des Dieux grecs et une sorte d'organisation secrète. Mais oui mes amis. Rien que ça. Que vous croiserez ensuite un violeur déguisé en Batman, qui fait de drôles de choses avec un poisson. Un détective obèse qui dévie les balles et ... tous les personnages sont du même genre.

Lilli viendra en aide à la police grecque en aidant un jeune couple hagard à endormir leur bébé. Et le kidnappé sera plus désireux de courser un mythique dodo (l'oiseau!) que de rentrer chez lui.

Peut-on véritablement parler d'enquête? C'est une sorte de course poursuite, qui commence en Grèce, mais qui n'a pas d'enjeu. Personne n'a jamais besoin de chercher, tout le monde est toujours au bon endroit, même si l'endroit est improbable (du genre la simili-planète Mars...). Et le nez de Lilli n'est pas grand, il est déformé.

J'ai été très gênée au début. J'ai hésité à l'écrire ici parce que je ne peux argumenter sur une impression diffuse... gênée par ce que j'imaginais à travers l'écriture des positions idéologiques et politiques de l'auteur. Mais dans ce grand foutoir, peut-être que je me faisais des idées. Et l'impression s'est dissipée dans la seconde moitié du roman.

Finalement, j'ai aimé. Pour le culot. Pour la perturbation créée. Parce qu'au final, en effet, j'ai été bien baladée dans un roman que je pensais centré sur l'enquête alors que le titre m'avait bien averti qu'il s'agissait de Lilli et de son nez.

Offrez donc ce livre à quelqu'un qui a de l'humour et qui n'est pas trop borné!

Livre lu grâce, encore une fois, aux services de Livraddict qui propose parfois d'excellents partenariats-OVNI (qui m'attirent comme des aimants) et aux éditions Folio. Un grand merci!