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Avant les pavés, les plages

monuments_men_edsel.jpgMonuments Men (etc.*), Robert M. Edsel

Avis chrono'

Un épisode méconnu de l'histoire qui méritait d'être sorti des oubliettes. Attention à la nature de l'ouvrage, qui peut surprendre : ce n'est pas un roman mais bel et bien un documentaire très copieux.


Le premier qui dit " Encooore un bouquin historique ? Encoooooore la seconde guerre mondiale??" je bannis son IP pour l'éternité. Tout est parti du film "Monuments Men", avec le George Clooney de service, que nous avions l'intention d'aller voir. Juste au même moment, je reçois les propositions mensuelles de partenariat Folio. Le livre y figure, je saute sur l'occasion. Et bien sûr, le temps qu'il arrive, j'ai déjà eu la mauvaise idée d'aller voir le film. Ne jamais faire ça!

L'ouvrage est un beau pavé, bien dense. Je m'attendais à un roman. C'est plutôt un documentaire, qui s'appuie sur quantité de documents historiques, y compris la correspondance privée envoyée depuis l'Europe par ces Monuments Men tombés dans l'oubli.

J'avoue très humblement, je ne m'étais jamais posé la question de la conservation des oeuvres d'art pendant la Guerre. J'avais comme tout le monde connaissance des spoliations commises par les nazis. On va dire que j'ai élargi mon point de vue.

C'est le livre - et pour cause, il peut s'étendre à loisir - qui nous présente le mieux les Monuments Men. Ce ne sont pas de jeunes soldats adolescents, mais des hommes souvent plus âgés, qui appartiennent au monde de l'art. Ils sont architectes, ou artistes, ou conservateurs dans des musées. Lorsque les Etats Unis s'engagent dans le conflit, ils se sentent le devoir de préserver les monuments historiques bombardés ou malmenés au cours des batailles. Y compris en les protégeant des Alliés, en menant des campagnes de sensibilisation auprès des soldats américains pour les convaincre de contourner un site antique, de ne pas faire passer leurs chars n'importe où.

Ils risquent aussi leurs vies, au front, au plus près des combats, pour récupérer les oeuvres volées par les Nazis. La passion d'Hitler et de ses petits copains pour l'Art est sans borne. A quelques minutes de son suicide, Hitler s'inquiètait encore du devenir de son trésor. Et quel trésor! Des entrepots gorgés de tableaux, de sculptures, de meubles, de bijoux et d'or. 

C'est encore dans le livre qu'on comprend le mieux comment s'organisent ces hommes. Ou plutôt, comment ils accomplissent des miracles sans autre moyen que leur bonne volonté et leur entêtement. Car rien n'est organisé. Au plus haut de la hiérarchie, on veut préserver l'art et la culture, fondements de l'humanité. Mais concrètement, sur le terrain, les Monuments Men sont une ridicule poignée d'hommes, isolés les uns des autres, sans véhicule, sans autorité. Ils mendient un coin de bureau par-ci, une radio par là.

Si le coeur de cette histoire est passionnant, la forme n'est pas mauvaise non plus. Les petits chapitres nous déplacent d'un lieu à l'autre, des plages de Normandie aux portes de Berlin, passant d'un Monument Men à l'autre, recoupant parfois les éléments. On sent une volonté de dynamiser les faits, de les présenter le plus agréablement possible.

J'ai presque honte de dire que c'est ce travail historique, rigoureux, documenté, qui m'en a fait baver. Des cascades de dates, de lieux et surtout... de noms ! Si je n'avais pas vu le film avant, je crois qu'à aucun moment je n'aurais réussi à me dire "ah oui, ce gars-là c'est l'architecte, celui qui..."

Pour le dire de façon synthétique : les puristes, les historiens, les amateurs du genre iront se prosterner devant le livre. Les autres + les fans de George Clooney iront se vautrer au ciné avec du popcorn.

Une fois n'est pas coutume, je salue le film qui fait un beau travail de vulgarisation. Film accessible et appétant, c'est surtout ça. On peut se dire que grâce à lui, une petite frange de la population accèdera à la connaissance d'un épisode peu connu de la 2nde guerre mondiale.

Mais. Il faut un méga "mais"... Le film est un film grand public. Autrement dit, ce n'est pas une adaptation du livre de R.M. Edsel. C'est l'adaptation d'un ROMAN qui aurait été librement inspiré par la lecture de monsieur Edsel.

C'est bourré de ficelles toutes romanesques, de rebondissements invraisemblables... On tombe par hasard sur des trésors (oh!), on meurt au pied de la statue qu'on voulait sauver (oh non!), on reçoit le jour de Noël une lettre des enfants (snif) et on embarque la dernière oeuvre d'art trente secondes avant que les russes investissent les lieux (ouf). Et Rose Valland est une chaudasse prête à tout pour débaucher le soldat américain marié. Qui résistera héroïquement (pffff...).

Rose Valland... Elle est mise en avant dans le titre de l'ouvrage (la partie du titre que je vous ai coupée, voir ci-dessous.),  son rôle a été essentiel. Française, en poste au musée du Jeu de Paume sous l'occupation, elle risquera sa vie pour surveiller les nazis, garder un oeil sur les transferts d'oeuvres et transmettre des infos à la résistance. Je vous laisse décider si elle méritait qu'on ajoute un revers amoureux à son palmarès. Elle n'est pas très souvent à l'écran dans le film, mais on comprend parfaitement l'importance de ses actes, ce qui est beaucoup plus confus dans le livre bien qu'elle y soit, en quantité, plus présente.

 

 

*Monuments men : Rose Valland et le commando d'experts à la recherche du plus grand trésor nazi

Lien permanent Catégories : Pharmacie 2 commentaires

Commentaires

  • Le film m'a suffit, pour l'instant en tout cas, et t'avoir vu "souffrir" sur ce pavé (post visionnage du film) ne m'encourage pas à le lire dans l'immédiat.
    J'étais curieuse de savoir ce qu'il en serait de Rose Valland, si l'importance de son rôle et sa présence y était plus marqués, tu réponds à la question.
    Le film est à la sauce américaine (ah ces glorieux américains, sauveteurs du monde et de leurs richesses ^^ ) oui. Il a comme tu le dis bien le mérite de porter à notre connaissance l'engagement de ces hommes et de cette femme pour la préservation et la récupération des chefs d’œuvres artistiques volés par Hitler. C'est déjà ça!
    Il y a une phrase dite par George Clooney dans le film qui m'a émue... J'aurais dû la noter...

  • Ah, je ne m'appelle pas J. , je ne vais pas te retrouver de mémoire chaque phrase du film! Je ne me souviens même pas du nom du personnage joué par G. Clooney. Il m'a semblé que c'était Stout dans le livre, mais comme tout le monde n'est pas dans le film et que j'ai confondu tous les persos du livre...

    Rose Valland est plus souvent mentionnée dans le livre mais ça ne m'a pas semblé limpide. On comprend surtout qu'elle est très très méfiante, qu'elle n'arrive pas à se décider à donner les informations qu'elle possède. J'avais moi aussi lu que c'était un scandale, que le film américain réduisait presque à rien son rôle... Je n'ai pas eu cette sensation. Mais je ne vais pas relire le livre pour vérifier.

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