Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Sacrée bouteille

kessel, alcooliques anonymes, reportage, un parisien en Amérique, kessel pas mauvais pour lever le coude lui même, ok vous lisez les tags, mais n'oubliez pas de revenir pour lire aussi les commentairesAvec les alcooliques anonymes, Joseph Kessel

Avis chrono'

Très loin d'un discours moralisateur, ce long reportage rédigé à la première personne par Joseph Kessel en 1960 a permis à l'époque de faire découvrir à un large public français cette institution aujourd'hui mondialement reconnue : les Alcooliques Anonymes.


Un titre arrivé chez moi par la voie habituelle : " Tiens, un titre parmi les partenariats qui ne va pas déclencher l'enthousiasme des foules (a priori). Je me porte volontaire! "

Ce n'est pas un roman. D'après ce que j'ai compris il s'agit d'une réédition d'articles parus dans les années 60. Joseph Kessel, journaliste, s'est rendu aux Etats-Unis pour découvrir et surtout faire découvrir ce phénomère encore méconnu à cette époque en France, qui n'avait qu'une existence confidentielle: Les Alcooliques anonymes.

Je commence par le point négatif : l'écriture n'a rien pour nous emballer, les chapitres ne suivent pas une progression particulière. Ce n'est pas "construit", d'une certaine façon, en vue d'un effet. Et pour une fois, au diable si je me contredis sans cesse comme le pense C'era... ça m'a manqué. Un peu de poudre aux yeux, de construction dramatique. Disons qu'on ne lit pas ce livre pour la forme mais vraiment pour le fond.

L'alcoolisme m'a toujours un peu effrayée. Je n'ai rien découvert dans ce livre de révolutionnaire, mais d'une certaine manière, il m'a permis de faire entrer en moi des connaissances sur le sujet qui jusque là ne passaient pas la couche de l'intellect. J'ai senti quelque chose que je me contentais auparavant de savoir.

C'est principalement ce que je retire de ma lecture.

Pour ceux que ça intéresse, j'entre un peu dans les détails. Kessel nous fait partager sa démarche de journaliste. Il se décrit lui-même préparant son reportage. A la recherche d'un premier contact, en France, puis aux U.S.A. Les différentes réunions auxquelles il assiste. Sa surprise, chaque fois, de tomber sur des gens "si bien" et de savoir à quelles terribles extrémités et à quel dénuement ces personnes avaient pu être contraintes par la faute de l'alcool.

Il cherche à savoir pourquoi ça marche. Comment ce système peut avoir des résultats. Il revient sur le principe fondamental des A.A. : un alcoolique est avant tout malade, sa maladie est une sorte d'intolérance à l'alcool qui fait de l'alcoolique quelqu'un qui, passé le premier verre,  ne pourra pas, car c'est dans sa nature, s'arrêter.

Les A.A. aident les autres car aider est la seule manière de ne pas se laisser aller soi-même.

Les plus beaux passages, à mon sens, sont les témoignages des fondateurs du mouvement. Comment il peut venir à l'esprit imbibé d'un alcoolique presque mourant, qui a séjourné en H.P un nombre incalculable de fois, qui a replongé et replongé encore, une solution qui l'aidera enfin à sortir de son état et qui se répandra dans le monde entier.

J'ai bien aimé aussi les interrogations de Kessel sur la dimension mystique des A.A. et la réponse qu'il fait sienne à la fin : l'individu qui de toute façon n'y est jamais parvenu seul doit croire en une force supérieure et s'accrocher à elle. Chez beaucoup, cette force sera Dieu. Le Dieu de n'importe quelle confession, peu importe. Les autres croiront au destin ou plus simplement à la force d'un groupe qui n'est constitué que de personnes ayant souffert de l'alcool au point de tout perdre, famille, amis, travail et de toucher le fond.

Dernière chose, qui m'a marquée, peut-être parce que confrontée à ce problème je ne sais pas réagir, la déculpabilisation des familles, des proches. Plusieurs alcooliques, dans leurs témoignages, expliquent qu'il n'y avait rien à faire avant de toucher le fond. Qu'il fallait toucher le fond, arriver au pire.

Aux réunions de commençants des A.A., on arrive ivre mort, pour se donner du courage. On s'endort sur une chaise. On invective et on insulte les autres. On repart pour aller se saouler. Mais un jour, si ce n'est pas la 2e fois, peut-être la 3e, la 20e fois, on pousse la porte et c'est la bonne.

Pas de miracle. De la patience et de la tolérance.

Je remercie les éditions Folio et Livraddict.
Ouf, ça aurait pu être Chien Jaune, mon partenariat...

Lien permanent Catégories : Pharmacie 2 commentaires

Commentaires

  • Je suis moi-même alcoolique, je suis abstinente depuis presque 15 ans grâce aux réunions des AA, et je vous remercie pour ce message. J'avais lu ce livre dans mon adolescence, mais je viens de me procurer cette réédition ... en 4 exemplaires ! Pour en offrir autour de moi.

    Votre compréhension est juste et sensible, j'apprécie beaucoup.

    Le plus important chez les AA, c'est le non-jugement.

    Merci

  • Merci pour votre commentaire!

    Je ne m'étais pas demandée ce qu'un pratiquant français des A.A., aujourd'hui, pouvait penser du livre de Kessel. En acheter 4 pour offrir est le signe d'une pleine adhésion.

    Est-ce que vous l'avez relu? Puis-je me permettre de vous demander quels sont les passages qui vous touchent, ou vous paraissent particulièrement importants?

    Le non-jugement, en effet, je pense que c'est essentiel. Et pas seulement en ce qui concerne l'alcoolisme. On a beau dire, la morale est encore bien serrée, autour de nous...

Les commentaires sont fermés.