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L'employé de l'année

mort-est-mon-metier-merle-rudolf.jpgLa mort est mon métier, Robert Merle

Avis chrono'

Inspiré de faits réels, le personnage de Rudolf Lang nous permet d'approcher l'atroce machinerie des camps d'extermination sous un angle cynique, celui de la bureaucratie. Un livre que j'ai beaucoup aimé, comme tous ceux que j'ai pu lire qui traitaient de la seconde guerre mondiale.


Je suis complètement lessivée mais je traîne ce début d'article depuis trois jours et les huit articles suivants qui attendent leur tour me pressent. Je vais aller à l'essentiel.

Tout texte qui témoigne de la Shoah est un bon texte. Il faut croire que le sujet invite au sérieux, tout ce que je lis et qui porte sur cette période est toujours de grande qualité. Là, c'est Robert Merle, un auteur  que j'aime pour Malevil. Mais... non, à bien y réfléchir, c'est vraiment le sujet qui me plaît. L'existence même dans l'Histoire du nazisme me frappe depuis toujours. Chaque fois que je lis une oeuvre sur ce sujet, ou que je vois un film, je suis profondément marquée. Il me semble d'une telle évidence qu'après un épisode comme celui-ci, le racisme, les discriminations, les conflits religieux ne devraient plus exister. ça me semble tout simplement impossible d'avoir pu oublier une telle leçon en moins d'un siècle. C'est cette aberration humaine à laquelle je songe très souvent. Comment est-ce que ça peut ne pas être une évidence?

Ce n'est pas qu'une façon de parler. Je songe à Hitler et à son arrivée au pouvoir. Je pense aux discours d'incitation à la haine. Penser n'est pas le bon mot, j'y réfléchis. Je tourne et je retourne toute cette mécanique qui est toujours parfaitement décortiquée dans les livres. On voit comment cela fonctionne, on sait sur quels ressorts on a pu appuyer... Dire qu'ils fonctionnent encore! Je crois que ça me terrifie. Si une seule chose devait être enseignée, une seule, je crois que ça devrait être celle-là. Voir deux grands films et lire deux grands livres qui témoignent de ce délire de mort. Pour ne jamais participer soi-même, par la moindre pensée ou la moindre phrase à un processus de stigmatisation.

Sur le roman de Robert Merle, je n'ai que peu à dire. Il se concentre sur un SS, ici nommé Rudolf Lang. La particularité de l'oeuvre est de partir de l'enfance du garçon. Je reconnais que ça m'a un peu troublée, parce que d'une certaine façon en nous le présentant sous la coupe d'un père odieux, monstrueusement autoritaire et castrateur, je me suis demandé si ça n'était pas atténuer sa responsabilité.

D'un côté, c'est certain, on est le produit de notre éducation. Ce que ressentent nos parents, leur façon de vivre les attachements conditionnera en partie notre développement. Après tout, on ne peut pas ôter cette vérité là à un homme / un personnage sous prétexte qu'il deviendra un monstre. Sans doute que plus que n'importe qui un monstre a besoin de faire montre de ses racines.

Malgré cela le livre est fabuleux. Rien à redire là dessus. C'est très impressionnant... un homme à l'humanité éteinte, dévoré de tocs depuis l'enfance, maladivement accro à l'obéissance et aux règles. Le roman nous retrace son parcours, la façon dont petit à petit, parce qu'il a l'impression que la seule voie est celle du "bien faire ce qu'on attend de moi", il en vient à planifier la construction des chambres à gaz, à réfléchir méthodiquement et administrativement à la solution finale. Dénué de tout... c'est quoi le mot? L'équivalent du retour pour le musicien, ce truc qui renvoie le son de notre propre voix?

Je suis claquée, quelqu'un trouvera pour moi. Bref, il est incapable de juger de ce qu'il fait et de porter là-dessus un regard critique. Les passages à méditer sont ceux de ses brefs échanges avec sa femme  - la femme qu'on lui a demandé d'épouser. Il est d'une candeur et d'une naïveté... C'est déroutant, un monstre soumis, qui veut simplement bien faire.

Alors était-il nécessaire, ou judicieux, ou réaliste, ou bon, ou logique que cet homme soit, depuis l'enfance, un malade mental insensible et impuissant sexuellement? Est-ce que ça enlève quelque chose à l'Histoire? Je ne saurais dire. Cet homme a existé en plus d'un exemplaire. Il n'était peut-être simplement que la pièce la plus défectueuse du lot.

Lien permanent Catégories : Urgences 5 commentaires

Commentaires

  • J'ai commencé ma découverte de Robert Merle avec ce titre, et j'aimerais lire Malevil pour retrouver le style que j'avais aimé dans ce livre.

  • Il te plaira j'espère!
    Pour moi ça avait été un gros coup de coeur!

  • J'ai beaucoup aimé Malevil aussi je me replongerai bien dans un autre titre de Merle. Celui que tu viens de nous présenter avec brio ou bien L'île sur lequel j'ai déjà failli m'arrêter l'an dernier à la Foire aux livres de Lyon (c'est pour bientôt d'ailleurs alors si ça s'trouve il y sera encore).

  • "il y sera encore". Quand j'ai lu ça j'ai cru que tu parlais de l'auteur et j'étais persuadée qu'il était mort. J'ai vérifié, il est bien mort. Qu'est ce qui sera là alors? Le livre? Bonne chasse!
    ça me ferait trop envie un truc comme ça. Je devrais prendre le temps de chercher des vide-greniers comme les filles me l'ont conseillé l'autre jour.

  • oui pardon, je parlais du livre. Il fait partie de ces auteurs dont les livres figuraient en moult exemplaires. Et puis il ne faut pas que je rate non plus le festival Bulle d'Or de Brignais (bds) ^^
    Cette année essaie d'être dispo pour venir aux Quais du polar! (on se fera l'enquête à travers la ville ensemble avant de partir à la chasse aux dédicaces et livres :p)

    Suis sûre qu'en cherchant bien, tu dois pouvoir trouver des trucs "intéressants" dans ton coin.

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