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Dans la famille pigeon voyageur

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Avis chrono'

Il n'y a vraiment qu'ici que vous trouverez une volontaire pour lire ce genre de truc. Mon effort me vaut le droit de donner mon avis: faut  amputer. Au moins la moitié. La moitié qui est celle de l'auteur. Le reste est fait d'extraits d'ouvrages du XIXe siècle traitant du voyage qui sont un amusant témoignage de l'esprit d'une époque.


Comme promis, voici la seconde surprise du pack vacances made in Monvillage : De l'art de savoir voyager comme un parfait gentleman. J'ai déjà fait un article sur un bouquin de ce genre, qui traitait du mobilier de nos ancêtres, à coups d'inventaires notariaux et autres documents historiques. Cette fois, c'est un anglais qui s'y colle! A travers une compilation de livres du 19e siècle ( un peu de début 20e aussi ) nous découvrons ce qui semblait nécessaire à un anglais pour partir en voyage , commercer ou s'installer dans une de ses colonies.

L'ouvrage est découpé en chapitres thématiques: les vivres, les moyens de transport, l'hygiène, les vêtements, l'hébergement...

« Le manque de propreté des vêtements des cuisiniers indigènes, que l'on verra souvent en train de beurrer un toast avec l'aile graisseuse d'une volaille, ou un vieux morceau de chiffon sale, sera peut-être plus efficace qu'un avertissement médical pour induire les Européens à se passer de cette substance nuisible » Hardships in Travel Made Easy, 1864.

Je ne sais pas si je rêvais vraiment de lire ça pendant mes vacances, mais enfin, c'est fait. Au cas où vous seriez de ces originaux que le sujet passionne, je préfère vous avertir.

Les passages sélectionnés dans les vieux guides de voyage sont délicieux. On ne peut que sourire à l'évocation du contenu des malles d'un globe-trotter anglais. Le nombre de daims et de malheureux chamois que l'on devait dépecer pour remplir ces valises! Et bien sûr, c'est toute l'histoire coloniale qui se joue entre les lignes de ces petits livres d'assistance au voyageur. Quelle quantité de verroterie ou de breloque emporter, combien de porteurs engager...

Piochés dans les textes du début 20e, vous goûterez ces conseils donnés aux néo-automobilistes: « Le conducteur doit s'entraîner à voir non seulement le probable mais aussi le possible. Prenez par exemple un piéton qui erre apparemment sans but au milieu de la route. Eh bien, même si cela arrive probablement 99 fois sur 100, et bien qu'on puisse avancer des arguments comme quoi c'est bien pardonnable, malgré tout, le conducteur ne doit pas croire que, parce qu'il klaxonne, le piéton en question va se mettre sur le côté de la route. » .

Et le même magazine récidive la même année (1914) : « Il existe un certain nombre de situations où il est impossible de reconnaître qu'une femme au volant est l'égale d'un homme. On pourrait renvoyer à l'ensemble de ces situations en les résumant sous l'intitulé « Urgences ». Dans la nature humaine, il y a quelque chose qui varie avec le sexe et permet au pur mâle d'agir plus rapidement lorsqu'il est soumis à une surprise » .

Ces pauvres femmes... Les femmes en voyage, décrites par les hommes du 19e siècle, croyez-moi c'est savoureux aussi!

Petit aperçu de l'opinion du Dr William Kitchiner, en 1827, sur les motivations d'un voyageur: « Voyager est un loisir particulièrement recommandé à ceux qui ont un emploi sédentaire, qui sont engagés dans des études abstraites, dont l'esprit a été plongé dans une profonde mélancolie par l'hypocondrie, ou pire, à qui la félicité domestique fait défaut ».

En clair: du point de vue documentaire, c'est drôle et même parfois instructif.

Mais (il faut un mais pour faire un avertissement) à mon plus grand désespoir il existe un auteur à ce livre. Ce monsieur a dû penser que sa contribution serait insuffisante s'il se contentait de sélectionner des passages de textes authentiques à citer. Il a donc agrémenté les chapitres d'interventions de son cru, à savoir au mieux de la paraphrase, au pire de pathétiques blagounettes dans lesquelles il se met en scène avec sa propre femme, en train de voyager. Ce qui donne, en gros, le plus souvent, sa femme qui se tape le masseur, qui se tape le porteur, qui se tape n'importe qui et lui qui fait semblant de ne rien comprendre. Compétence « Comique de répétition » validée.

En se moquant de ses ancêtres et de leurs habitudes de voyage, il me semble qu'il fait un bien mauvais choix. Certes, ainsi il obtient le droit de faire inscrire sur la couverture « Best-seller d'humour anglais » et « Vic Darkwood dénonce avec ironie et causticité les comportements colonialistes de ses ancêtres ». Cependant ce n'est amusant qu'au début, puis ça devient lassant et même souvent complètement hors de propos, à la limite du contresens. Pourtant je suis une experte en humour lourdingue et lassant.

A la première page, ça donne: « Une personne de ma connaissance me confia un jour, après un armagnac ou deux, qu'au cours de douze ans de mariage, sa femme avait commencé petit à petit à lui rappeler une jument de bât, de couleur baie, qu'il avait louée alors qu'il explorait l'intérieur de l'Asie mineure. Il y avait quelque chose dans la couleur de la chevelure de sa femme, dans ses grands yeux débordant de confiance, son goût prononcé pour le sucre et l'éclat particulier de son rire, qui commençait à suggérer une ressemblance ». Je crois qu'au début, ça fait sourire. C'est à la longue que ça fatigue.

Personnellement, ce qui m'a justement fait sourire, c'est que ces textes des siècles passés étaient très sérieux. L'authenticité de ces listes de bagages qui de nos jours seraient aberrantes, de ces conseils pour faire du feu, choisir un chameau, transporter une baignoire... et l'heure à laquelle il faut se taire pour laisser dormir un éléphant!! C'est ce qui fait le charme de ces documents.

Ce livre serait insupportable s'il ne contenait que les délires de l'auteur.

Je vais rapporter tout ceci à la médiathèque. Je me tâte pour choisir un autre pack. Je vais d'abord demander si les étiquettes sur les sacs sont vraiment posées au hasard!!

 

Lien permanent Catégories : Morgue 2 commentaires

Commentaires

  • Je passe !
    Éventuellement le côté documentaire, dans un contexte de vacances, mais là... pff... pas envie ! Merci d'avoir fait le cobaye ! :)

  • Oui, oublie! Lis plutôt celui sur les cadavres, celui-là il était fun!

Les commentaires sont fermés.