Deux superbes bandes dessinées empruntées à C'era una Volta ces derniers mois. Histoire de me mettre à jour de mes articles en retard avant d'attaquer les plus récents.
La fin du monde, Pierre Wazem et Tom Tirabosco
Histoire un peu mélancolique, toute dans de beaux tons bleus et gris avec un trait bien épais. Jeune femme allongée sur le parquet, les yeux dans le vague, qui s'interroge sur son existence, sur sa mère qui l'aurait abandonnée. Au dehors, tombe une pluie de fin du monde. Et l'eau monte, monte...
Lorsqu'elle apprend que son père est à l'hopital, elle se rend chez lui pour s'occuper du chat. Une vieille dame est là qui semble s'abriter de la pluie mais qui a la capacité de parler au chat lequel servira de passerelle entre ce monde et un autre qui , peut-être, renferme des réponses.
Porte secrète cachée au grenier, monde des esprits... Onirique et doux.
Un léger bruit dans le moteur, Jonathan Munoz
Second coup de coeur! Encore quelques voyages à Lyon et je vais commencer à aimer vraiment la bande dessinée!
Le jeune héros et narrateur vit dans une bourgade paumée et isolée. Il déteste les autres habitants, il déteste sa famille. C'est pour cela qu'il va tuer chaque personne l'une après l'autre.
Il fait froid dans le dos, ce jeune psychopathe, même si on ne peut s'empêcher de ressentir comme lui une profonde aversion pour ces êtres malsains, (j'ai un peu pensé au film Délivrance, en lisant ce récit).
Rien à sauver parmi ces gens libidineux, étroits d'esprit, ignorants et vulgaires. Seule une petite fille, violée par son père, puis par le père du narrateur, éveille notre compassion. Elle aussi, il veut la tuer. Par compassion.
Curieux récit, destabilisant, cruel, gore parfois et en même temps profondément expressif et émouvant. Toute la révolte d'une jeune vie qui aurait souhaité s'épanouir, se développer librement, voir le monde et qui a été contaminée par l'air vicié dans laquelle elle s'est développée.
Un des rares albums qu'il me plaira, un jour, de relire.
Commentaires
Ces 2 bds-là m'ont vraiment beaucoup plu et je suis contente d'avoir pu les partager avec toi. J'ai quand même une préférence pour la colorisation de "La fin du monde" et pour son histoire entre réel et "fantastique". Et le personnage principal est touchant. Je te prêterai l'autre bd d'eux qui m'a été chaleureusement recommandée "Week end avec préméditation" et puis je pense que j'achèterai leur toute dernière "Sous-sol" qui m'a l'air vraiment pas mal aussi :)
Quelqu'un dans un commentaire sur un site spé BD disait "lire Tirabosco et Wazem c'est grandir"... peut-être...
Quant à l'adaptation de Jonathan Munoz, "Un léger bruit dans le moteur" le trait de crayon est vraiment sympa, il met parfaitement en scène cette histoire. Une ambiance qui fait froid dans le dos... Ce gamin malgré ses actes n'a pas réussi à m'être antipathique... Je l'ai dit à Munoz aux Quais du polar d'ailleurs et il a répondu qu'effectivement c'était un sentiment particulier ressenti par beaucoup dont lui aussi. En tout cas, Munoz est vraiment sympathique, on discute naturellement avec lui de son travail et du reste :) Un dessinateur dont je vais suivre le travail.
Je crois qu'au contraire ma préférence va à la seconde B.D., celle de Munoz. Je ne sais pas comment était le texte de départ, mais peu importe, j'ai beaucoup apprécié, justement, ce personnage d'enfant si troublant. Un vrai malade mental et pourtant, on comprend tout de ses motivations et quelque part on ne peut s'empêcher de l'excuser partiellement.