La ferme des animaux, Georges Orwell
Avis Chrono'
Un classique facile d'accès! Des passages amusants et une dénonciation des régimes totalitaires que même une ignare comme moi a réussi à comprendre.
Ma dernière lecture 2010.
Un jour, les animaux de la ferme de M. Jones en ont assez: ils prennent le pouvoir. Ils chassent les humains, votent démocratiquement les décisions et s'occupent eux-mêmes des champs en chantant comme autant de Blanche-Neige et de Sept nains. Mais cette belle cohésion ne tarde guère à avoir du plomb dans l'aile.
Je vais passer rapidement sur la référence à la révolution russe. L'histoire n'est pas ma tasse de thé et ce soir, je n'ai vraiment pas besoin de me retrouver sur les bancs de l'école. En plus j'ai une soirée raclette qui m'attend.
Plus que le renvoi - assez évident - à une ou deux pages de l'histoire de l'humanité, j'ai aimé le ton caustique dont use Orwell pour nous dépeindre l'évolution du groupe. Au début, tout est parfait, idéal. Utopique. L'entente, l'abondance, le travail sans pression... J'ai adoré la manière dont les règles, peintes sur le bâtiment sont peu à peu dévoyées. Chacun se dit bien qu'il avait de la loi un souvenir différent, mais comme il y a toujours un mouton pour dire que non non, c'était bien comme ça et que le chef a toujours raison, tout passe, tout est gobé. La héros de guerre, le camarade, devient un couard puis un terroriste dans la mémoire collective.
Excellent guide pour apprendre à manipuler les masses crédules. Comment entuber vos semblables en quelques leçons efficaces: Comment crier au loup et à l'insécurité, comment bien choisir son bouc émissaire, comment faire accepter violences et répressions d'état...
Atelier pratique: prenez une vessie, faites-en une lanterne. Ce passage avec le fourgon de l'équarrisseur qu'on leur fait prendre limite pour le carrosse de Cendrillon... Délicieux!
Je ne sais trop ce qu'il faut en déduire... Seuls ceux qui abusent de la crédulité et des rêves de la foule s'en sortent...
C'est l'antichambre du cynisme, ce bouquin. Depuis que je l'ai lu, je rêve de fonder ma colonie de braves types avec pour devise "vous en avez marre de travailler plus pour gagner moins"? et de me la couler douce au soleil en les laissant bosser pour moi et m'aduler.
On peut faire faire n'importe quoi à presque n'importe qui en le caressant dans le sens du poil, Orwell le pensais, je le pense aussi.
Pas un hasard si une certaine chaîne de TV hautement intellectuelle se plaît à envoyer de petits groupes dans des fermes.
A lire pour l'humour, si vous êtes d'humeur joyeuse. Ou pour cette vision pessimiste d'un monde dans lequel la meilleure intention ne peut que mener à la catastrophe, si vous préférez.
Ce livre pour...?
Ce livre pour votre voisin, qui vous retient chaque soir 20mn devant la porte sous la pluie pour râler contre le gouvernement.
Ce livre pour votre autre voisin, qui vous retient chaque soir 20mn devant la porte sous la pluie pour dire amen aux décisions du gouvernement.
Ce livre pour votre ado, qui crie à la révolution dès que vous tentez de comptabiliser les caleçons qui tapissent les meubles de sa chambre.
Et vive le bonheur, la paix dans le monde, Pocahontas (et les miss France)!
Commentaires
un classique que je relirai un de ces jours...
@ Anne Sophie: Bonne idée! Tu vois, moi je le découvre seulement!
Ah zut, c'est ça que je voulais mettre dans mon article!! Je dois relire 1984, je l'ai adoré!
J'adore ce roman. C'est drôle mais ça porte aussi à réfléchir.
Ce livre au vu de ton billet possède beaucoup de qualités.
Je possède ce livre depuis un certain temps. L'heure est peut être venue de le lire !
De même que 1984....
Oh Myrddin tu exagères! Tu as vu comme il est épais? En 2 heures c'est fini! Hop hop on se depêche!
@ Karine:) Oui, apologue, très bien fait.
Ce livre est génial. Outre le fait qu'il fasse référence au régime stalinien, c'est une belle fable sur l'asservissement des masses, chose facilitée si l'on n'éduque pas ces dites masses.
L'éducation est la clé de la liberté, comme dirait Tocqueville.
Oui je sais je m'égare, mais j'espère que ta raclette était bonne.
Non, tu ne t'égares pas. J'ai failli parler de l'éducation... mais j'ai senti que j'allais encore dériver interminablement (et filer des réponses aux paresseux élèves). Je pense comme toi, que c'est la clé. D'ailleurs c'est l'une des premières résolutions prise dans le livre, éduquer les animaux.
Mais j'avoue que je ne sais pas comment interpréter le fait que finalement, la plupart s'avèrent inaptes à la lecture et à l'écriture. On pourrait s'attendre à ce que dans le second temps, l'autorité tente de freiner l'accès à l'éducation, mais en fait, ça se fait dès le départ. Ils sont trop bêtes.
Je trouve que ça ne sonne pas bien, dans l'ensemble du livre. Je suis encore perplexe, alors je ne me suis pas lancée dans une tentative d'explication.
Tu as une idée?
Je ne comprends pas très bien en fait.
Au final, seuls les cochons vont s'instruire et les autres animaux sont réduits à l'état de simple serfs, non?
Non, ce n'est pas exactement cela; Mais je n'ai pas le texte sous les yeux, je vérifierai demain.
Dans mon souvenir, ce n'est pas comme si les cochons se réservaient l'instruction. On a plutôt l'impression qu'eux seuls en sont capables. C'est une nuance de taille. Les autres animaux ne sont tenus à l'écart de l'instruction, ils ne sont pas à la hauteur. Etrange, non? Que faut-il comprendre? Que de toute façon certains pourront tout et d'autres rien?
Très bien écrit ton article ! Je n'ai pas lu ce livre, même si ça fait longtemps que je dois le faire. J'aimerais aussi relire "1984", parce qu'il m'avait un peu déçue à l'époque... Je pense qu'il mérite mieux que ma déception (oui je suis très "Les livres que je n'ai pas aimés méritent mieux"...).
Bonne journée !
Je n'ai pas ressenti du tout cela comme toi.
Pour moi, les cochons se sont bien réservés l'instruction dans le simple but de dominer les autres animaux qui en étaient privés.
Je ne pense pas qu'il ait une vision élitiste en disant que seules certaines personnes sont susceptibles d'accèder à l'instruction et que les autres sont dans l'obligation de se faire gouverner car elles sont incapables.
Surtout que les cochons étaient initialement pas plus malin que les autres, juste plus mégalos.
Ils se sont bien réservés l'instruction pour manipuler les autres, après il y a peut être plusieurs lectures différentes à avoir mais ce point là me semblait dépourvu d'ambivalence.
J'ai fait un billet sur La ferme sur mon blog si tu veux !
J'ai pris le temps pour répondre parce que je voulais chercher le passage en question.
"Les cours de lecture et d'écriture, toutefois, eurent un vif succès. A l'automne, il n'y avait plus d'illettrés, autant dire." Je veux bien y voir de l'ironie.
Après il y a les déclinaisons par animaux: les cochons qui savent déjà. Les chiens qui "apprirent laus ne s'intéressaient qu'aux commandements", Edmée qui s'en titre mieux. Ainsi que l'âne.
Douce et Malabar qui en restent au début de l'alphabet.
Il est dit "à la fin il décida d'en rester aux quatre premières lettres" et "Lubie refuse d'apprendre l'alphabet, hormis les cinq lettres de son nom"
Les autres sont dits "incapables d'apprendre par coeur les commandements".
Ces diverses affirmations vont dans le sens d'une incapacité, non?
Je ne trouve nulle part un extrait où l'on nous dirait que les cochons font en sorte que les autres restent dans leur ignorance.
Pourtant ça ne colle pas avec le message d'ensemble. Je suis perplexe.
Un titre que j'aimerai lire ... comme tant d'autres. Ca viendra bien un jour !
Je vais le lire cette année pour un challenge.
@ Anou: Je vais relire 1984 aussi, dès que j'en aurai l'occasion! Je crois l'avoir déju lu deux fois mais mes souvenirs manquent de précision.
@ Véro: Il est vite lu pourtant! Tu baby-challenges, en plus! Il est dans la liste!
@ Frankie: Quel challenge?
26 livres - 26 auteurs, c'est mon O ! :)
C'est pas l'ancien ABC ça?
Si c'est ex-ABC.
J'ai relu quelques passages.
Je ne parlerais pas du tout d'incapacité. Les cochons s'éduquent dès le début et cela leur donne un avantage pour la suite de leur éducation. Après, il est vrai que les autres semblent moins intelligents.
Ceci dit les cochons veulent le pouvoir, et c'est dans ce dessein qu'ils 'apprennent'. Ce qui les motive et les rend 'plus fort'.
Mais ce que tu dis n'est pas faux mais pour coller avec le message d'ensemble il ne faut pas voir un 'les animaux pas malins se font exploiter' même si c'est un peu le cas, le but n'étant pas de dire qu'on est intelligent par naissance, enfin je le ressens pas du tout comme cela.
Je suis ok avec ce que tu dis mais avec une portée bien minorée en fait.
Je n'ai dit nulle part que la thèse d'Orwell était d'attester un droit par naissance à l'intelligence! Je m'espère à l'abri d'un contresens aussi grossier.
J'ai simplement pointé du doigt le seul endroit dans cet excellent roman où j'ai senti une cohérence moindre. Une imperfection.
Le thème de l'éducation, dans la manipulation des foules est pourtant crucial. Je m'étonne simplement que l'auteur n'ait pas plus accentué cet aspect "je me réserve l'accès au savoir comme instrument de domination". Mais le livre parfait n'existe pas, je lui pardonne!
Evidemment, il est vrai que ce n'est pas très explicite dans le livre.
Peut être est ce voulu, il faut se rappeler le contexte aussi. Il faudrait que je le relise à fond car je dois admettre qu'à ma première lecture cela m'avait semblé tres cohérent, mais je m'étais peut être dit que 'cela allait de soi'.
D'ailleurs il me semble que ce livre a été censuré à sa sortie ( à moins que ce soit 1984)
Ceci dit ravi d'échanger avec toi Sound :)
As tu lu 1984?
Suis ravie aussi, Shanaa! ça fait du bien parfois de ne pas s'en tenir à des comptes rendus de lecture à de trouver quelqu'un pour débattre!
Aaaah, ce livre me fait envie depuis un moment et voilà que tu en rajoutes une couche ! :)