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  • Semaine à lire

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    Proposé par Solessor et tout aussitôt accepté, ce rejeton bâtard du challenge "week-end à 1000" - auquel je n'ai jamais participé - et du défunt "read-a-thon" m'invite à engloutir un maximum de pages entre les vendredis 23 et 30 décembre.

    Une semaine pour rattraper une année complète de non-lecture, en voilà une idée qu'elle est bonne ! C'est à peu près l'équivalent de la diète d'urgence d'avant les fêtes : ridicule, infructueux mais tellement doux à la conscience...

    Occasion de faire revivre ce blog mais aussi de faire le point sur une année de maigres vaches littéraires, car le pâturage était difficile d'accès : déménagement et réduction de place pour les livres, ferme volonté de lire en priorité ceux déjà présents sur mes étagères - sans enthousiasme -, sortie de l'extension de World of Warcraft,  fin des déplacements en transports en commun, embouteillage devant le micro-onde à la pause déjeuner ...

    Je n'ai jamais été aussi assidue aux réunions du Book club Livraddict local pourtant ! J'y glane quelques idées, mais de pépites, point.

    Je saisis cette ultime chance d'améliorer le bilan 2016; Voici donc ma sélection pour cette semaine de lecture :

    - La passion, Jeanette Winterson - J'avais adoré son roman autobiographique "pourquoi être heureux quand on peut être normal?"

    - Tu ne m'échapperas pas, Lisa Gardner - Pour confirmer la bonne impression laissée par "la maison d'à côté"

    - Les hommes protégés, Robert Merle - Le mot "féministe" figure deux fois dans le résumé, je vais pouvoir me réjouir (chouette!) ou râler (ouaaaiiis)

    - Casus Belli, Anne Bragance - Dans ma pal depuis trèèès longtemps. Pourtant l'histoire semble sympa.

    - La nostalgie heureuse, Amélie Nothomb - Juste pour le plaisir de voir défiler très très vite les pages. 17 euros les 150 pages et des marges assez grandes pour y pique niquer... 1h de lecture en prenant le temps de faire à manger et prendre une douche.

    Soit un objectif de 212 + 477 + 441 + 233 + 152 = 1515 pages.
    (En lire 3/5 ce serait déjà pas mal...)

     Top départ vendredi, à 19h.

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  • Détachant

    roth, tache, couvertureLa tache, Philip Roth

    Tout a commencé quand j'ai réussi à refourguer mon Winterson préféré à ma voisine de chaise du jeudi! Le roman circulait dans la rangée de derrière, elle ne connaissait pas, et suite à quelques échanges que nous avions eus, j'ai pensé que ça pouvait lui plaire. L'avenir nous dira ce qu'il en est.

    J'ai demandé en échange qu'elle me conseille un roman.  Lire sur recommandation, c'est une invitation à un jeu de piste. Il faut essayer de deviner ce qui a pesé dans la balance. A l'inverse, prendre le risque de proposer un livre, ou un film qui nous a touché, c'est s'exposer et livrer quelque chose de soi. 

    C'est encore plus intéressant, les choix qu'on fait quand on est pris au dépourvu. Elle a proposé La tache et il se trouve qu'il était déjà sur ma liste à lire, depuis fort longtemps. 

    Curieux choix. Si on est pas dans la misogynie (je n'arrive pas à trancher), au minimum, à mon sens, c'est un roman hyper masculin. Ce qui n'a rien à voir avec le narrateur ni avec le personnage central. Je n'ai eu aucun mal lire Fante, mais je n'ai à aucun moment réussi à épouser la pensée du roman de Philip Roth. Je suis restée extérieure, comme repoussée par un champ magnétique et j'ai l'intuition que cette sensation désagréable est liée au genre, sans pouvoir vous l'expliquer.

    Coleman Silk, l'homme dont nous parle le roman, est tout sauf attachant. Il est froid comme un bloc de marbre. Au début du roman, il est accusé de racisme. A propos d'étudiants absentéistes, qu'il n'a encore pas croisé une fois de l'année, il demande si ce sont de vrais élèves ou des "zombies" terme qui signifie à la fois "fantômes" et en argot "bamboula". Les étudiants en questions sont noirs.

    Or il n'y a aucun suspense, il n'est pas raciste. Il pourrait même faire s'effondrer l'accusation, mais il ne le fait pas car il faudrait pour cela sortir d'un sentier qu'il s'est tracé. Ses choix sont mauvais, cruels. On nous parle beaucoup trop de sa liaison avec une femme beaucoup plus jeune. Sa rivale à la fac, Delphine, est pathétique. Le personnage le plus réussi est un type dément, qui n'est pas revenu intact du vietnam.

    J'en ai marre de cet article, en fait.

    Je suis dessus depuis une semaine. Je ne m'en sors pas. Je suis fatiguée. Je laisse tomber.

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  • Soeur Patience

    frangine marion brunetFrangine, Marion Brunet

    Il n'y aura pas cette année d'enquête estivale au bord des piscines. En éclaireuses, début mai, nous avons eu tout le bassin rien que pour nous mais point de lecteur ni de lectrice à l'horizon. 

    A défaut, le mieux que je puisse vous offrir est une enquête sociologique : nous avons noté de nets progrès dans la prise en compte par les messieurs de la pénibilité des tâches assignées aux femmes. Ainsi, juste en face de notre emplacement, un mari qui avait déjà fait sa part en assurant la surveillance de leur petit-fils d'une dizaine d'années pendant que madame se chargeait de faire les courses a eu cette remarque, à son retour, pleine d'attention : "on va s'éloigner un peu pour la pétanque, pour pas te gêner pendant que tu fais le ménage".

    Voilà. Vous avez eu les (la seule) anecdotes et, la semaine dernière, l'article sur mon coup de cœur. Si ça se trouve, vous gagneriez à zapper les six prochains billets vacances et à revenir dans un mois. Mais ce ne serait pas bon pour mon égo. Alors pour vous garder une minute et douze secondes de plus, si vous voulez, on peut parler lecture. Encore...

    Lisez lentement, quand même, je n'ai trop rien à dire.

    Frangine. Avec un titre et une couverture pareille vous vous doutez que je l'ai pris dans la pile de ma moitié. Il parlait de famille homoparentale et juste après un coup de cœur, pour ne pas griller une cartouche, il ne faut pas se précipiter sur un roman dont on attend trop. J'ai eu du pif.

    Le frangin, qui est lui-même passé plutôt bien entre les gouttes, raconte l'arrivée au lycée de sa petite sœur et l'enfer qu'elle vit - ce dont il n'a pas conscience - quand ses camarades apprennent qu'elle a deux mères.

    Montrer que les problèmes de couple et les interrogations sur la bonne façon d'élever des enfants sont identiques quel que soit le modèle familial, c'était bien. Je vous laisse lire ce qu'en dit Solessor, sinon je vais pomper tout mon article sur le sien. Profitez-en pour lire aussi son dernier article, j'ai enfin réussi à lui faire découvrir Winterson !

    J'ajoute simplement qu'une fois écartée cette problématique de l'homoparentalité, traitée avec beaucoup de réalisme, le roman contenait un autre message un peu inhabituel, à propos du statut de la victime et de sa capacité à toucher le fond toute seule dans son coin, même si l'entourage est aveugle et à trouver des ressources en elle-même pour rebondir. Je ne sais pas trop ce qu'il faut penser de la méthode. Parfois oui. Parfois ça finit mal, non ?

    Enfin ce n'est pas présenté du tout comme une méthode, bien sûr !! C'est une impression personnelle et diffuse. En tout cas j'ai senti qu'à un moment, les lesbiennes de mères n'étaient plus qu'un thème secondaire et que le coeur du sujet n'était peut-être pas où j'avais pensé le trouver au départ.

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  • L'oiseau de malheur

    oiseaux,fous, laferriere,academicien,couverture,zulmaLe cri des oiseaux fous, Dany Laferrière

    De l'Académie française.  Heureusement que c'est écrit en dessous de son nom, car le seul Académicien que je pouvais citer est mort. Comme ça je peux le remplacer. C'est toujours utile de connaître un Académicien.

    "Ce ne sont pas les gens qui subissent une dictature qui devraient la combattre (les affamés et torturés qui viennent tout juste de sortir de prison). On devrait charger d'un tel boulot des troupes fraîches de gens qui n'ont jamais connu la torture, la prison, la mystification, la faim ou l'angoisse de disparaître du jour au lendemain, de gens qui se spécialiseraient bénévolement dans des opérations de déracinement de dictateurs."

    Je suis un peu gênée avec ce roman. Il fait plus sérieux que ce que je lis d'ordinaire. Je me sens comme quand je mets une robe... Quelqu'un que je connais à peine me l'a offert, sans raison. Pas d'anniv, pas noël, je ne pars pas à la retraite, je n'ai pas accouché. Conséquence de notre échange autour de Winterson et de La tâche de P. Roth. Une de ces situations sociales illisibles pour moi... Et le pire c'est que ça tombe juste, j'ai beaucoup aimé. Tandis que mes propres deux derniers choix se sont avérés mauvais (pires même...).

    Récit sérieux, politique, écriture littéraire, très agréable. Le narrateur est un jeune homme haïtien. Son ami journaliste est assassiné par les miliciens du pouvoir, les tontons macoutes. Sans doute lui-même menacé, il est supplié par sa mère de partir en exil, comme son père avant lui.

    Commence alors une nuit de déambulation dans la ville. Une sorte de visite guidée, le tour d'adieu à un lieu auquel il est terriblement attaché et qu'il doit bientôt quitter, sans pouvoir le dire à personne. Chaque ami rencontré doit être traité comme s'il devait être revu le lendemain. Chaque étape, du bordel au bar, de la représentation d'Antigone par des étudiants au repaire des assassins est une occasion d'aborder l'histoire du pays, le régime politique ou l'aspiration de la jeunesse à pouvoir vivre sans que la dictature soit au centre de toutes les discussions.

    "Je suis simplement contre l'idée qu'il faut passer sa vie à toujours parler de la même chose : la dictature. Comme s'il n'existait que ce seul sujet de préoccupation. La pire prison est d'accepter cette limite."

    Fil rouge de ses pérégrinations, la femme. Les femmes. "La sainte ou la putain", comme il le dit lui-même. Je ne suis pas fan du discours sur les femmes dans le récit, mais rien de comparable avec P. Roth, alors comme j'ai déjà beaucoup râlé la dernière fois... Je m'en tiens là. En dehors de la distribution très idéalisée des images féminines, y compris celle de la mère, il y a de beaux passages.

    J'ai beaucoup aimé l'ombre de mythologie vaudoues, aussi.

    Conclusion, le rythme n'est pas trépidant mais l'intérêt est soutenu par la variété des lieux et des rencontres et par les réflexions du narrateur qui oscillent entre mémoire personnelle et considérations collectives. C'est presque un coup de coeur... Il ne doit pas manquer grand chose. Peut-être simplement une inclination plus spontanée chez moi pour les récits historiques. Un livre que je sais parfaitement à quel public conseiller, en tout cas.

    P.S. Je n'ai pas vu les oiseaux. C'était une métaphore ?

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  • ”Corps en cage et cœur en prison” (Zazie)

    vargas.jpgL'homme aux cercles bleus, Fred Vargas

    "Victor, mauvais sort, que fais-tu dehors ?" Cette phrase à la craie accompagne de mystérieux cercles qui apparaissent la nuit sur les trottoirs, sans que jamais personne n'aperçoive leur auteur... Oeuvre d'un fou ? D'un artiste ? Ils entourent des objets anodins, oubliés, perdus, jetés. Un fait divers, pas de quoi fouetter un commissaire, me direz-vous.

    J'ai décidé de reprendre depuis le début, méthodiquement, la série de Fred Vargas avec le commissaire Adamsberg. Je n'ai lu que quelques titres, trois ou quatre, c'est suffisant et il faut être économe des bonnes choses. Avec Winterson, Fred Vargas est un autre de mes coups de foudre littéraires, un refuge sûr. Je me moque des enquêtes, j'ai déjà oublié le dénouement de celle-ci, son déroulement presque aussi. Mais elle construit un univers,  un personnage masculin que j'ai l'impression de connaître, je me glisse dans son écriture comme dans un bain à l'exacte bonne température (Quand j'ai la chance de tomber sur une baignoire quelque part, je me baigne comme un sachet de thé, très au chaud, ).  Il est vaporeux, présent sans être là, s'évade, fascine ses subordonnés, erre dans les rues, gribouille. Évolue en parallèle du monde, sans le rejeter, tendrement.

    ça doit être cela qui me plaît tellement, les angles arrondis, le bouclier passif contre la violence du monde. Et sa relation avec Camille, bien sûr. Je sais d'avance, pour avoir pioché dans la série en désordre, ce que ça vaudra. En attendant, je me laisse bercer, c'est apaisant de rêver en écho.

    " Il sentait qu'un bout de lui s'était calé comme une petite pierre au fond de Camille, et qu'elle devait en être un tant soit peu alourdie. C'était obligé. Il fallait que cela soit ainsi. Aussi vain soit à ses yeux l'amour des hommes, et quelque désobligeante soit à ce jour son humeur, il ne pouvait admettre qu'il ne demeure pas de cet amour-là une parcelle magnétisée dans le corps de Camille."

    Magnétisée... J'aurais pu le chercher toute une vie ce mot-là, sans le trouver.

    "et même ayant oublié jusqu'à son visage et jusqu'à son nom, même avec tout cela si Camille bougeait quelque part sur la terre, alors tout allait bien."

    "Tu voudrais la revoir? lui avait demandé sa soeur. Seule la dernière de ses cinq soeurs osait parler de la petite chérie. Il avait souri pour dire : "De toute mon âme, oui, au moins une heure avant de crever."

    Finalement, c'est une forme de magie, d'arriver avec de longs passages entiers comme ceux-là, d'un romantisme suranné, intense,  à ne pas être ridicule, ce qui arrive presque toujours quand on parle d'amour, car les probabilités sont faibles d'en parler à quelqu'un qui est pile dans l'étincelle, ou qui l'a connue et qui s'en souvient.

    Je vois tout en sépia, quand je lis Vargas, ça pourrait avoir trente ans de plus, le choix du vocabulaire, la lenteur paisible de l'enquête et peu importe où elle se jette dans la mer, je reste sur le bord, à regarder le courant, à rêvasser.

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