Val de Grâce, Colombe Schneck
Comme prévu (voir ici le choix de mon 1er pack vacances ), je n'ai pas beaucoup aimé. J'ai bien compris la démarche, je n'ai rien d'autre à reprocher à ce livre que de n'être pas mon genre. Je l'ai tout de même lu en entier. Je peux compter sur les doigts d'une seule main les livres entamés jamais terminés: je songe à Jacquou le croquant, dans mon enfance, à la Divine comédie de Dante (problème d'édition, belle, mais très très lourde et encombrante).
J'ai donc sagement tout lu, en quelques heures, avec la ferme intention de me "débarrasser", mais forte de cette certitude: je ne sais pas ne pas aimer au moins un peu une lecture. Les rares fois où cela m'arrive, il s'agit souvent d'un caprice de ma part. D'une circonstance extérieure qui m'a fait décider avant lecture que je n'aimerais pas ce livre. De la prétention de ne pas aimer un classique, juste pour faire mon intéressante.
N'importe quel livre finit par se laisser aimer. Il suffit de jouer le jeu, d'accepter de se laisser séduire. De ne pas se braquer. Et cela n'a pas manqué avec Val de Grâce: un petit moment de bonheur, un verre d'eau bien fraîche, le plaisir de la crème solaire dans le dos et du massage qui l'accompagne: je relâche mon attention et hop... J'ai oublié mon hostilité programmée et je me mets à tolérer.
Il s'agit d'un récit (autobiographique? Je déteste ne pas être sûre). Pas d'aventure trépidante. La narratrice, adulte, reviens sur ses années d'enfance, de jeunesse. Val de Grâce, c'est l'appartement parisien de la famille. Un lieu magique pour une enfance protégée, gâtée. Insouciance, caprices, domestique qui nettoie derrière vos bêtises... On a envie de dire « une gosse de riche » et de s'agacer un peu de ses « découvertes » : « Je ne mesurais pas mon bonheur. Je croyais que tout le monde vivait ainsi, je ne connaissais pas la valeur de l'argent » etc...
Avec mon cynisme habituel, à l'épisode de la mère mourant d'une tumeur, j'ai soupiré que c'était à prévoir avec un pack « souvenirs, souvenirs ».
Mais l'ensemble est finalement assez lucide. Si l'on met de côté l'aspect témoignage autobiographique qui fausse forcément la lecture (comment juger froidement le récit de la mort de la véritable mère de quelqu'un?), on peut apprécier le traitement de la matière « souvenir » et la prise de distance, le constat que fait la narratrice adulte: les petits détails qui auraient dû lui montrer que l'argent venait à manquer. Les fauteuils usés, les rideaux, les moquettes qui n'étaient plus changés. Ces choses qui lorsqu'elles passent à vos yeux de l'invisible au visible sont le signe que vous venez d'abandonner l'enfance pour le monde désenchanté et résigné des adultes.