Enchantement , Orson Scott Card
Encore un livre écrit par un mormon, mais pas de vampire dans ce roman de très bonne qualité!
Je n'aurai plus jamais d' a priori négatif sur une lecture commune.
Je n'aurai plus jamais d' a priori négatif sur une lecture commune.
Je n'aurai plus jamais d' a priori négatif sur une lecture commune.
Je n'aurai plus jamais d' a priori négatif sur une lecture commune...
On m'annonçait une parodie des contes de fées et immédiatement je m'imaginai la Belle au bois Dormant roulant en décapotable sur le périph, les écouteurs sur les oreilles, deux minutes avant de s'endormir au volant (oui, je sais, je projette mes souvenirs de l'année passée. Sauf que je n'avais pas de décapotable. Et le périph était une route couverte de purée de betterave) puis d'être réveillée par un rappeur à casquette (au cas où, moi c'est NPR : ne pas réanimer).
Surprise: un pavé, ce bouquin, grand format, 500 pages. La couverture pas géniale. Mais l'intérieur... un régal!
L'histoire:
Un jeune homme, Ivan, américain contemporain, trouve une jolie fille endormie dans les bois et après un petit tour de piste avec un ours aux fesses, l'embrasse (pas l'ours, la fille. C'est la sorcière qui couche avec l'ours, comme toute sorcière qui se respecte) et se retrouve au IXe siècle.
Attendez! Partez pas! C'est mieux que ça n'en a l'air, je vous l'ai dit plus haut!
D'abord, Ivan n'est pas qu'américain. Sa famille, pour quitter l'Ukraine en 1975 s'est convertie au Judaïsme. Son père est un universitaire spécialisé dans l'étude des anciennes langues slaves et de tout ce qui se rattache à la Russie d'autrefois. Sa mère est... énigmatique.
A mon sens, le point fort de ce roman est d'être très bien documenté. L'intrigue se nourrit explicitement des théories de Propp sur les contes, Ivan prépare un mémoire sur ce sujet et durant son aventure, cherchera à valider ou invalider la thèse d'un conte ancestral à l'origine de tous les autres.
Un roman plutôt savant, donc, par moment, avec des références à la linguistique, à la phonétique, à l'évolution des langues, aux thèmes et schémas récurrents dans les contes. Mais aussi aux valeurs féodales, aux différentes religions, à la façon dont elles s'implantent en phagocytant les croyances locales...
Mais que tout ceux qui ne s'embarrassent pas de ce jargon ne s'inquiètent pas, ceci n'est que saupoudré dans le roman qui reste avant tout un beau morceau de Fantasy: Ivan passe pour un gringalet efféminé dans ce monde de chevaliers, avec princesse, dieu-ours grognon (mon chouchou), sorcière diabolique, jeune garçon paria qui devient un allié (mon second chouchou), le tout sur un ton piquant, avec un humour qui m'évoque parfois Terry Pratchett.
Des histoires de coeur...
« Elle ne lui ferait plus confiance, mais elle le reprendrait, parce qu'elle l'aimait vraiment et que l'amour ne disparaît pas ainsi, simplement à cause de l'indignité de l'être aimé » (si seulement... arf).
Des breuvages magiques...
« Je devrais peut-être les faire prendre tous les deux à Ivan; Ou, mieux encore, faire tomber Ivan et sa goy amoureux de moi, et alors ce serait mon tour de le laisser tomber pour la même femme! » (trio amoureux manqué, ç'aurait pu être sympa).
De la sagesse...
« Et les livres? Quelle importance? Les universitaires s'enorgueillissaient toujours de lire au lieu de regarder la télévision, mais quelle était la différence, en réalité? […] Quand je serai mort, à quoi me servira que j'aie lu tel ou tel bouquin? » (vrai).
... c'est très drôle, c'est très bien écrit, c'est un gros livre. Que demander de plus?