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le joueur d'échecs

  • Stratégie à revoir

    Zweig_joueur_echecs.jpgLe joueur d'échecs, Stefan Zweig

    Une petite révolution dans ma vie: une audio-lecture. Il faut bien remplir les interminables heures de route. Sans en garder un grand souvenir, j'avais bien aimé la confusion des sentiments. Il s'agissait donc de mon second Zweig (qui tombe à pic pour le challenge ABC).

    Est-il bien légitime de parler de « lecture », alors? me suis-je interrogée. Cela change-t-il quelque chose? Vais-je en garder le même souvenir? Je n'ai pas eu les noms des personnages sous les yeux... Pas senti « l'objet livre ».

    Je n'ai pas encore tranché et si certains d'entre vous pratiquent, j'aimerais beaucoup avoir leur avis.

    Au début j'ai pensé que j'allais forcément être moins attentive. Mais la route est droite, monotone. Et il m'arrive aussi en lisant de manière traditionnelle de « décrocher » quelques lignes, de penser à autre chose.

    Un roman court (nouvelle?) dont j'avais déjà entendu parler et qui dans mon esprit était associé au thème de la guerre, allez savoir pourquoi... D'où ma surprise, au début, de me voir entraînée dans une intrigue finalement bien plus en rapport avec le titre.

    Au cours d'une traversée entre New York et Buenos Aires, le narrateur fait la connaissance d'un passager déplaisant dont il apprend qu'il s'agit du champion du monde d'échecs, Czentovic, jeune homme prodige, tout droit sorti de sa campagne, taciturne, mal aimable, préoccupé seulement de vendre son talent.

    A ce moment de l'intrigue, j'étais persuadée qu'il s'agissait là du joueur d'échecs mentionné dans le titre.

    Or, un jour, tandis que ces messieurs, dont le narrateur, disputent une partie contre le champion, un autre passager, dont nous ne connaitrons que les initiales, s'invite dans le jeu et met le grand Czentovic en déroute. Qui est cet homme qui joue si bien mais déclare n'avoir pas touché un échiquier depuis plus de vingt ans?

    Son récit nous fait plonger dans les pratiques de l'occupation. (ah! Je savais bien... la voilà ma guerre) Mr B., avocat autrichien, fut arrêté par la Gestapo qui lui fit subir la plus atroce des tortures: l'isolement complet, des mois durant. Au bord de la folie, il découvrit un manuel d'échecs et s'y plongea. Corps. Et âme surtout.

    Je ne suis pas convaincue par ce joueur d'échecs. Il dénonce la dictature, oui, soit. Si ça suffisait pour faire un bon livre... J'ai aimé certains passages comme celui des premiers temps de la détention. Je suis sensible à ce thème de l'isolement, de la folie qui peut en naître.

    J'ai remarqué aussi (et admiré, au début), le goût prononcé de l'auteur pour la description. Le long portrait de Czentovic qui ouvre le récit est un vrai bijou. De même, durant la partie finale, je trouve le face à face fascinant, très vivant.

    Mais sur le long terme, toutes ces descriptions, cela finit par faire un texte très statique.

    J'ajoute que la fin est on ne peut plus décevante. Tout s'arrête, juste comme … ça.

    Abc.jpg