Impression de plus en plus nette que mon complexe littéraire a pris un tournant. J'ai pris le temps d'y réfléchir en vacances (c'est plus facile quand je ne suis pas scotchée à jouer compulsivement sur internet) et je suis parvenue à la conclusion que mon problème ne concernait pas seulement la lecture mais aussi l'écriture, abandonnée il y a bien des années, lorsque j'ai compris que je n'aurais jamais le « déclic » et qu'aimer ne suffit pas toujours.
Je me suis sentie assez coupable à l'ouverture de ce blog. Je trouvais ma démarche égocentrique, la lecture n'étant au fond qu'un prétexte pour parler de moi. Je suis presque née avec un clavier sous les doigts. Je n'en ai pas fait mon métier par peur d'y abîmer ma passion. Je n'ai jamais eu le contact facile. Je me sens souvent isolée. J'ai su parfois profiter de l'anonymat qu'offre internet. De sa force désinhibitrice.
Mais je n'ai aucune vénération pour ce pouvoir là. Le sentiment d'impunité sur la toile, de même que celui de sécurité, est un leurre. Même un simple blog lecture est une porte ouverte sur ma vie privée. J'ose m'avouer que c'est aussi ce que j'aime dans ce genre d'écriture. Mais je n'en retire qu'un ersatz de plaisir.
Chaque article terminé est un rappel: j'écris ici car il n'y a pas d'espace dans ma vie pour parler de mes lectures. Pas d'oreille pour cela.
Très peu de temps après la naissance de ce blog, je me suis retrouvée à en discuter avec une collègue qui en connaissait l'existence, qui m'a avoué être passée sur mes pages. J'eus l'imprudence de lui dire, sans méchanceté aucune mais avec maladresse sans doute, que j'échangerais volontiers ses visites sur mon blog contre un bonjour régulier de sa part ou une conversation sur nos lectures respectives.
Ce à quoi elle a répondu que non. Et que si je n'étais pas contente, je pouvais toujours refaire un autre blog ailleurs, et ne pas lui en communiquer l'adresse. J'ai été blessée. Pas tant de son dédain car j'ai eu le temps de l'observer, au naturel, c'est une force brute, imprévisible, spontanée qui me ressemble beaucoup. Blessée plutôt par ce renvoi au virtuel comme s'il devait, pour les filles comme moi, constituer une panacée universelle. Suffire.
Six mois que le Dr Sound m'aide à m'interroger non seulement sur mes lectures mais aussi sur l'écriture, qui dans ma vie n'est pas ce qu'elle devrait être. Du pain sur la planche, donc, encore. Comme pour un livre, je ne connais pas la fin. Ne sais même pas laquelle souhaiter.
. Parvenir à m'épanouir ici sans complexe mais virtuellement?
. Ou trouver une façon d'assouvir ma passion pour la lecture, l'écriture et surtout les rencontres, les échanges, loin de mon écran et voir les pages de ce blog se refermer?
Faut-il choisir? Comme dans la chanson, je veux tout!
En attendant, je remercie tout ceux, anonymes ou non, ceux dont je connais le visage, ceux dont j'ignore le nom, hôtes réguliers ou de passage. Un grand merci à mes lectrices belges et canadiennes. Un petit coucou à celui ou celle qui a laissé son lien et son e-mail en chinois ou en japonais mais euh... rien compris par contre... (C'est par ici pour les traducteurs en herbe).
Et bien sûr, un bisou à Mr Canapé, qui vient régulièrement nous déposer ses liens publicitaires!
Merci à ceux qui sont là.