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Urgences - Page 3

  • Robe cour(te)

    mes journées de belle humeur,queer,conte pour adultes coinces dans leur trop petite tete,prince et la couturiere,jen wang,bd,usaLe prince et la couturière, Jen Wang

    Souvenir d'un weekend au bord d'un lac, de notre premier resto depuis des siècles et d'une soirée paisible à lire en écoutant la pluie, ce roman graphique était de toute façon auréolé de bonnes ondes. Des semaines plus tard, j'en ai encore le sourire.  Le genre de livre à placer dans toutes les maisons, comme porte-bonheur.

    Dans le Paris du Bonheur des dames, une jeune couturière est renvoyée pour avoir conçu une robe sublime mais d'une excessive audace. La toute jeune fille est aussitôt abordée par un majordome et entre en secret au service d'une famille royale. Ses robes délirantes et colorées, portées la nuit par Lady Crystallia, commenceront alors à éblouir tout Paris.

    Or, le charme du roman réside dans l'identité réelle de Lady Crystallia, qui n'est autre, le jour, que le prince Sébastien, que ses parents cherchent à marier à toutes les demoiselles en âge, comme il se doit dans ce qui pourrait être un conte.

    Cette bande-dessinée m'a donné envie de robes, ce n'est pas rien croyez-moi. C'est un plaisir pour les yeux en plus d'être une belle histoire d'amitié qui traite avec une justesse qui me redonne foi en l'humanité la question de l'identité et du travestissement et pour une fois, sans tout confondre et sans une once de drame !

    C'est génial et, mieux encore, d'après ma bibliothécaire les gamins adorent !

    Comme parfois de toutes petites choses peuvent l'être à leur échelle, j'ai trouvé ce roman parfait et je ne peux que vous inciter à y jeter un œil tendre.

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  • Le palais des courants d'ire

    hurlevent-bronte.jpegLes Hauts de Hurle-Vent, Emily Brontë

    Adoré à quinze ans et complètement oublié ensuite... Quel plaisir de redécouvrir ce roman tempétueux ! Je me souvenais d'une histoire d'amour avec un bad boy. Quelque chose d'assez romantique, pensais-je. J'ai toujours un peu mélangé Austen et les Brontë, je ne sais pas pourquoi. Dans ma tête, c'était Darcy. En réalité, rien à voir ! Heathcliff n'est pas un beau brun ténébreux réservé, c'est un enfant malaimé, élevé comme une mauvaise herbe, qui devient un homme singulièrement sombre, habillé de sa colère. Un cœur gâché, dur, qui pour son malheur est aussi un cœur passionné, qui n'oubliera jamais son amour de jeunesse, Catherine. Ces deux là sont les mêmes faces d'une pièce, coupée en deux.

    Beau récit, dont j'ai apprécié bon nombre de personnages secondaires. Apprécié ou moqué ! Les femmes sont assez mal loties.  La servante, témoin privilégié du récit, ne cesse de se lamenter, de protester que ça ne devrait pas se passer comme ça, mais contribue largement aux évènements. Elle finit pas être agaçante, à la fin, à vouloir se dédouaner de tout. Quant à l'héroïne, Catherine, elle n'inspire guère de sympathie, c'est un petit tyran égoïste, qui alterne avec une feinte innocence caresses et menaces. Tout à fait le genre de femme pour lequel un homme peut se damner.

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  • Au vieux camp peur

    vingt cinquieme heure, camps de concentrationLa 25e heure, Virgil Gheorghiu

    "La vingt-cinquième heure, dit Traian. Le moment où toute tentative de sauvetage devient inutile. Même la venue d'un Messie ne résoudrait rien. Ce n'est pas la dernière heure: c'est une heure après la dernière heure."

    Aussi dérangeant que fascinant, voici l'avant-dernier titre de la sélection de notre club de lecture, après quoi j'aurai lu les coups de cœur de chacun·e, sans exception. J'étais prévenue, c'est en effet "plombant", pour reprendre l'expression de celles qui l'ont lu avant moi.

    1939, Roumanie. Le malheureux Iohann Moritz, est embarqué comme juif alors qu'il ne l'est pas. C'est seulement le petit chefaillon du coin qui pense en profiter pour se taper sa femme. Commence alors pour Moritz un périple insensé, qui fait penser à un roman de Kafka, puisqu'il sera toujours vu, partout, de camps de travail en camps de concentration, comme celui qu'il n'est pas. Faux juif, évadé en Hongrie il passe pour un espion roumain, puis auprès des allemands pour un aryen des plus purs, auprès des américains pour un SS. Tour à tour prisonnier ou geôlier, évadé, enrôlé, enfermé, marié, embauché, manipulé, torturé et surtout incessamment déplacé, mais jamais reconnu. Jamais identifié.

    D'ailleurs, qui est vraiment Iohann Moritz ? C'est un peu ce qui échappe à notre lecture. Une sorte de benêt placide ? Une allégorie de l'impuissance ? Un pion entre les mains de la destinée ? Une figure qui illustre une théorie ? Un simple paysan roumain aspiré par le tourbillon de l'Histoire ?

    Ce triste récit d'une décennie perdue par un homme, une décennie de souffrance pour rien, sans autre raison que le bref éclat de concupiscence d'un petit officier de police locale se mêle à un autre récit, ou plutôt à une autre présence, celle de Traian fils d'un prêtre orthodoxe, écrivain visionnaire, obsédé par sa 25e heure et par ce qu'il nomme "la société technique", dérive de l'humanité qui, en s'accoquinant avec les machines, efface et oublie les individus, êtres singuliers, pour ne plus considérer que les étiquettes qu'on leur colle et les catégories dans lesquelles on les range.

    Moritz est ainsi - peut-être, c'est moi qui le propose - son personnage en acte. Son exemple vivant. Son témoin.

    "Les pays civilisés voient les choses en grand. Ils ne s'occupent pas des cas individuels."

    "Les hommes peuvent dompter toutes les bêtes sauvages. Mais, depuis quelque temps, une nouvelle espèce d'animal est apparue sur la surface du globe. Cette espèce a un nom : les Citoyens. Ils ne vivent ni dans les bois, ni dans la jungle, mais dans les bureaux. Cependant ils sont plus cruels que les bêtes sauvages de la jungle. Ils sont nés du croisement de l'homme avec les machines."

    "Tout simplement nous ne sommes pas. Nous existons seulement en tant que fractions infinitésimales d'une catégorie."  

    Il y a des passages incroyables, des bijoux d'absurdité argumentative, sous la plume de Traian. J'aurais aimé connaître ce livre quand j'enseignais encore. Ou bien ç'aurait été une erreur de l'aborder (cf. ci-dessous).

    Quand je l'ai refermé, je me suis demandé ce que je venais de lire. Est-ce que c'était un texte connu ? Je ne suis pas très calée en littérature des pays de l'Est. J'étais encore captive de ce souffle étrange et je cherchais - je cherche encore - le bon qualificatif. Pas épique, mais illuminé. Un mot en rapport avec l'extase, mais dans une version sombre. Une sorte de transe, de prêche. Comme si l'auteur était fou, habité.  Je sentais que je venais de lire une œuvre dont je me souviendrais longtemps.  Mais difficile à partager. Trop sombre.

    Surtout, j'étais incapable de dater le texte, moderne à travers Traian, narration plus traditionnelle avec Moritz. Cette histoire d'hommes asservis par les machines... avait-elle été écrite en 2020 ou 1960 ? Je penchais pour 2020 ... et j'ai perdu.
    Roman de 1949 !  A chaud. J'ai lu un morceau de la biographie de l'auteur, il a mis de son existence dans le roman c'est indéniable. 

    1949, quand même... De quoi être sombre. 

    Et puis j'ai lu qu'il y avait autour de Gheorghiu une odeur de souffre. Des soupçons d'antisémitisme. ça m'a fait mal au cœur. Je suis à la fois déçue et surprise. Je n'avais pas senti ça dans le roman. Tout et tout le monde m'y a semblé aussi écrasé, malmené, condamné, les communistes comme les occidentaux ou les allemands. Tous également dans l'erreur. Tous si proches de la 25e heure et du non-retour. J'ai lu que c'était justement ça le problème, ce pied d'égalité. Ce qui s'entend.

    J'en reviens au début. Aussi dérangeant que fascinant, etc.

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  • Revenez !!! (Soufflé par ma femme, très bon ;)

    becoming-obama.jpgDevenir, Michelle Obama

    C'était mon idée pour le book-club thème "Michel" (on a fini par faire le tour des thèmes évidents), que j'avais envie d'entendre aussi au féminin. Je ne m'étais bien sûr pas demandée si j'avais vraiment envie de lire ce bouquin. Nous sommes assez loin de mes goûts avec cette autobiographie people, j'ai mis du temps à me lancer.

    C'était un peu comme assister à un meeting de campagne super bien foutu. Je suis ravie, j'ai des étoiles démocrates plein les yeux et je vote Obama. Elle ou lui, m'en fous. Il est où mon bulletin?

    Le texte est dynamique, très simple, efficace. Droit au but. D'ordinaire je suis assez moqueuse envers ce genre de facilités presque publicitaires, mais il y avait un côté personnel, intime, chaleureux qui compensait largement l'ode à Barack et les politesses de circonstances (remercier chaque personne géniale qui a croisé sa route par exemple).

    Elle fait aimer sa famille, ses enfants, son mec, ses propres choix de vie, sa personnalité. Étonnante découverte.

    Le plan est simple, on commence par son enfance ("Devenir moi") dans un quartier peu favorisé, par la peinture d'un milieu social modeste, d'une scolarité marquée par les inégalités et de la condition d'afro-américaine qu'il est très difficile de saisir, vu de France. La question est au cœur du livre, c'était passionnant.

    C'était ma partie préférée, avec ses réflexions sur l'école, l'urbanisme, tout ce qui favorise ou non les mixités. Et son parcours professionnel, dont j'ignorais presque tout.

    Dans la partie "Devenir nous", j'ai attendu sa rencontre avec Barack. C'était pudique et romantique, attendrissant. Super portrait du mari idéal jusque dans ses défauts, l'humain avant le président. J'ai imaginé le livre qu'écrirait Mélania Trump ...

    C'était tout aussi intéressant de suivre l'ascension politique et la campagne présidentielle, du point de vue de sa femme ("Devenir plus") . La difficulté de concilier vie de famille et vie publique, le sacrifice partiel de sa propre carrière. Puis, après l'élection, d'apprendre des choses sur la vie domestique à la Maison Blanche, sur les coulisses du pouvoir, la place complexe de première dame, l'impact sur les enfants.

    En résumé, très humain, une véritable vitrine pour le couple Obama, habilement tournée. J'ai l'impression de les connaître et je veux un hug !

    J'ai eu envie de le conseiller, mais qui lirait ça ?

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  • Sot l'y graisse*

    drôle, conjuration,imbécile, tooleLa conjuration des imbéciles, J.K. Toole

    Nouvelle-Orléans, années 60. Ignatius Reilly, homme adulte ayant suivi des études aussi longues que possible, vit cloîtré chez sa mère, dans sa piaule malodorante. Dédaigneux, colérique, égoïste, réactionnaire, persuadé d'être un génie méconnu, il a un avis critique sur tout, de nombreuses névroses, fait une fixation sur le fonctionnement de son système digestif et a toutes les apparences de sérieux blocages sexuels. Son existence consiste à écrire rageusement dans des cahiers et à se goinfrer. Alors lorsqu'une dette contractée par sa mère le contraint à se chercher un boulot, croyez bien qu'il va y mettre toute la mauvaise volonté possible. 

    C'est toujours délicat, un roman dont le personnage central est détestable. J'ai déjà changé plusieurs fois la catégorie de cet article, qui était au départ dans les urgences (les coups de coeur) et puis je l'en ai ôté, je ne sais pas bien pourquoi. Et ce soir, allez, je l'y remets. Je n'identifie pas bien ce qui me fait hésiter car j'ai ri plusieurs fois et je trouve qu'il y a quelque chose du chef d’œuvre dans la galerie de personnages secondaires (la mère bien sûr, les pantalons Levy, le night-club pitoyable) . L'écriture ne m'ayant pas déçue non plus... c'est quoi mon problème, en fait ? C'était très bien.

     

    * Je n'aime pas préciser dans mes articles que les personnages sont obèses. Néanmoins je ne veux pas être accusée d'un titre incompréhensible.

     

     

     

     

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