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Un brin de Causette

il en reste bien encore assez des miserables,victor hugo, chemin de traverse, morne plaineLes misérables - Tome II : Cosette, Victor Hugo

Ceci est la suite de l'article que je n'ai pas écrit sur le premier tome. Ce qui compte, c'est que j'ai tout de même fini par me lancer dans la lecture de ce monument de la littérature française et que je compte bien en venir à bout dans l'année.

Au terme de cette seconde étape, j'en suis à peu près au même point qu'après la première : pas convaincue, pas non plus déçue. C'est un roman dont je pense qu'il serait difficile de copier le modèle aujourd'hui. C'est très dense, bourré de références érudites ou au contraire de clins d'oeil à des souvenirs privés. Il n'y a rien de plus pénible que les notes de bas de page sur une liseuse. Et comme je n'arrive pas à ne pas aller les lire toutes, je passe des plombes à tenter de cliquer sur le lien qui me ramènera à la bonne page... Tout ça pour des éclaircissements qui n'en sont pas.

Le récit en lui-même continue de se résumer à une poignée de pages perdues au milieu de digressions de la taille d'un baleineau. Ou bien peut-être le roman est-il une sorte de caillou dans la chaussure, un truc dont on se débarrasse vite fait. Un mal nécessaire pour coudre ensemble de longues réflexions sur des thèmes variés.

Je ne me plains pas. Je remarque. D'ailleurs je tiens à préciser que je reste sous le charme du personnage qui occupait tout le premier livre, Mgr Myriel, l'évêque. Il n'y a qu'ainsi, par la charité, le don de soi, que je peux concevoir la religion. Ce portrait était sublime et reste pour l'instant inégalé. Je n'ai pas été aussi séduite par les deux gros morceaux de ce volume-ci, la bataille de Waterloo - je n'ai jamais aimé l'histoire. Trop de dates. - ni les considérations sur la vie monacale.

En revanche je me souviens d'un moment où j'ai été étranglée par l'émotion. C'était un jeudi soir, je rentrais à pied, il faisait nuit et sombre. Je lisais ce passage où Cosette se réfugie sous la table de l'auberge. Et celui où elle regarde la poupée, regarde jouer les petites filles chéries de la maison...

Là, je me rends, c'est impossible de rester de marbre... c'est presque un coup bas de jouer ainsi avec mes sentiments. ça tient à ça,  un chef d'oeuvre ? A quelques pointes sublimes et inoubliables? Si vous avez une idée sur la question, ou souhaitez partager vos propres souvenirs de l'oeuvre, allez-y.

Avant hier, j'écoutais d'une oreille un reportage, une jeune fille d'une vingtaine d'années qui racontait son enfance dans un quartier pauvre de Marseille. La décrépitude du logement, les moisissures, les rats, les cafards, le froid, l'absence de place pour faire ses devoirs et l'obligation de se replier dans les toilettes pour trouver un peu de calme. Et en plus de cela, impossible à contenir, à soigner, stigmatisante, la teigne.

 

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Commentaires

  • Œuvre inégalée. J'ai pleuré à de multiples reprises, je crois, et d'abord lors de l'épisode où Fantine en est réduite à se prostituer. Puis à chaque page, et à la fin... Mais le pathos chez Hugo, c'est autorisé, parce qu'il confine au sublime et n'est jamais ridicule. Je suis bête d'avoir lu ça si tard, je crois que ça aurait façonné autrement la lectrice que je suis devenue, si je l'avais découvert à l'âge où je pouvais m'identifier à Cosette, à Marius, à leur amour. Au lieu de cela, m'identifier à Jean Valjean, tout de suite, c'est plus déprimant...! Je le relirai, sans nul doute. C'est l'une des seules œuvres pour lesquelles je peux le dire en tout certitude. Le souvenir que tout y est si parfaitement imbriqué que faire l'économie de la lecture, fût-ce de la bataille de Waterloo, c'est passer à côté du texte et de son prodigieux pouvoir de révélation. Hugo me donne toujours envie d'un peu de grandiloquence, d'emphase. Peut-être parce que je l'ai découvert tard et que je m'en suis mordu les doigts, ou que j'en ai été ravie. Heureux les innocents qui ont la chance de ne pas encore avoir été en son pouvoir! Grâce à lui je suis redevenue enfant, et vierge de tout autre lecture. C'est pas si fréquent! Savoure un peu la suite, et oublie le reste.

  • Fantine, je suis d'accord, c'était terrible aussi. Forcément les enfants, les femmes... C'est parce que c'est Hugo que l'émotion est telle, ou bien c'est parce que c'est Hugo qu'on s'autorise à la ressentir et à le reconnaître, ce qu'on aurait moins assumé venant d'un autre?

    Je passe sur ta mention de Marius, je n'en suis pas encore là, mais je ne comprends pas. On s'identifie à un personnage uniquement s'il est proche en âge? Il est trop tard pour nous, s'ils sont trop jeunes ? C'est ça ou tu as chouré des chandeliers lors de ton dernier séjour à l’Évêché.
    Ne tarde pas trop à le relire, sinon tu es bonne pour t'identifier au vieux curé.

    Imbriqué... c'est justement ce qui m'a manqué. Je cherche ça, j'aimerais le sentir comme ça. Je ne déteste pas ces passages décrochés, mais je sens que je passe à côté. J'ai l'impression qu'ils remplissent de l'espace. Je ne vois pas ce qu'ils apportent à l'ensemble, aussi brillants soient-ils.

    J'associais l'emphase davantage à Zola. Le dernier que j'ai lu, la Bête humaine... ça ne m'allait plus. C'était vraiment trop et pour le coup, là, je ne pouvais plus nier que c'était presque un peu ridicule.

    Donc. Savourer la suite. Et oublier quel reste ? Ce qui précède ?

  • Non, on s'identifie plus aux personnages pour lesquels Hugo a voulu que ce soit le cas; je crois finalement que Marius est mineur. Rien à voir avec l'âge, tu as raison! On s'identifie à ceux dont la peine est la plus intense, j'imagine. Je m'y perds, un point pour toi. Aucun talent pour argumenter. Mais oui, le vieux curé, bien sûr, pourquoi pas! Savourer la suite, oublier le reste - ce qu'on sait sur Hugo, ce que cette connaissance induit et perturbe, fausse. Le lire sans a priori, si possible.
    Zola, non, merci. Je fais l'impasse sur l'absence d'espoir, la cruauté, la bêtise universelle. Trop lourd.

  • Une question n'est pas un argument. Et je ne sais rien sur Hugo ! A part qu il a eu une fille morte et un frère fou. Ce sont ces fichues notes qui m assomment de détails sur ses voyages et sur les dates importantes de sa vie qu il a réussi à caser en douce dans le texte. Mais j ai trop peur de ne pas comprendre des trucs si je les saute.

    Plus j y réfléchis plus je trouve cette qst de l identification difficile. Empathie et identification c est pareil ?

    "Je fais l'impasse sur l'absence d'espoir, la cruauté, la bêtise universelle." Je viens de me faire spoiler une happy end pour Les Misérables, du coup ?

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