Intelligence artificielle ?
Définition
Je commence par remercier ma compagne et mes supers collègues du bureau de gauche qui est à droite pour les échanges, les questions, les objections, les ronchonnades qui nourrissent notre esprit. Et pour me tolérer encore, une fois apparu que je suis la moins humaine de tous.
Il mûrit depuis un moment cet article qui aurait dû être l'introduction du thème. C'est comme tout, chez moi, ça arrive en spirale, avec une agitation croissante à mesure qu'on approche du centre et les turbulences qui vont avec...
Rien d'objectif en vue, rien qu'un pêle-mêle de réflexions perso sur l'intelligence et l'envie de susciter un intérêt qui répondrait au mien. Qui sait, vous serez peut-être avec moi, un jour, dans un hoo, un zoo pour humains. C'est ma conclusion. Comme je l'avais en tête, je l'ai mise là pour ne pas l'oublier en route.
L'intelligence artificielle... drôle de nom... qu'un assemblage de câbles et de bidules métalliques prenne des données en entrée et sorte un résultat, c'est artificiel. Qu'un assemblage de cellules fasse la même chose, c'est, quoi, naturel ? En tout cas différent. Rien à voir. Surtout, surtout, non, rien de comparable.
C'est sur ce point que je n'ai réussi à tomber d'accord avec personne. Pour moi, si on part des mêmes infos et qu'on arrive au même résultat, alors ce qui est au milieu peut porter une même étiquette. Autrement dit, si je rentre des chiffres et que le Père Noël décroche et dit « allo », alors j'ai un téléphone. Qu'il fasse de la lumière, commande du pop-corn, m'affiche la météo ou se transforme en licorne les soirs de pleine lune, c'est un téléphone. Avec plus ou moins d'options.
Et donc, si un jour une machine à laquelle je parle me répond comme vous me répondriez, me regarde comme vous me regarderiez, réagit comme vous le feriez, alors elle est « humaine ». Équivalente à un humain, si vous préférez. Je ne vois pas pourquoi ce serait différent pour des raisons de composition chimique. C'est s'arrêter au physique, encore et toujours.
Paraît que cette position sur l'intelligence artificielle porte un nom. J'ai oublié lequel mais j'ai surtout du mal à comprendre comment on peut penser autre chose.
On a essayé de m'expliquer en me coinçant avec un « mais alors tu pourrais tomber amoureuse d'un ordinateur ? » qui se voulait facétieux . Bah... oui. Si elle est toute pareille à tout ce que j'aime chez une femme, je vois pas bien pourquoi non. D'ailleurs si un homme était tout pareil, ça marcherait aussi. Si je peux envisager d'aimer un homme, je suppose que je peux envisager d'aimer un fer à repasser tendre, plein d'humour, féministe, qui aime lire et qui me supporte. Il me tiendrait lui aussi chaud au lit, en plus.
C'est de la pure logique. Ensuite mon collègue a ajouté que quand même... le corps, la chaleur, l'odeur... à quoi je réponds qu'on peut aussi avoir tout ça sur une machine. C'est juste de la physique et de la chimie. Un mélange de nounours, de couverture chauffante et de réveil olfactif. Techniquement, c'est presque facile.
Je trouve qu'on a bien du mal à donner de la valeur à ce qui est trop différent. C'était le sujet de cette nouvelle de Sylvie Lainé, Un amour de sable. C'est avoir la mémoire courte que d'oublier combien il est facile de déplacer à notre guise en fonction des époques la frontière « comme moi / pas comme moi ». Je pense qu'il y a encore du chemin à faire.
Mais je sens bien qu'il y a de la crispation dans notre définition en tant qu'espèce. Comme si, oh ! quand même ! se comparer à un assemblage de tôles et de vis, c'était dégradant ! Il faut qu'on soit quelque chose d'inégalable, d'incomparable, sinon... je ne sais pas. Plus rien n'a de sens ? C'est mystique, je trouve. C'est peut-être pour ça que ça m'échappe. Un corps, même le plus désirable, ça reste pour moi un gros Lego du tableau de classification des éléments. Qu'on y mette du silicium ou du carbone, un peu de courant électrique et le tour est joué.
Cela ne m'empêche pas d'être fascinée par la vie. Qu'on ne sait pas copier ni créer à partir de rien. Mais l'intelligence, c'est encore autre chose, de difficile à définir. Quand on se compare à l'animal, on trouve que marcher, déplacer un objet, ce n'est rien. Et que résoudre une équation différentielle est tout. C'est pas le hérisson du jardin qui ira planter un drapeau sur Mars, hein ? Mais qu'on se compare à l'ordinateur, qui calcule bien plus vite que nous et alors, c'est marcher, qui est tout. Se déplacer sans tomber, courir avec un ballon. Voici Ribery à la rescousse de notre intelligence humaine.
Je n'ai pas de peine à imaginer l'humain bientôt dépassé par les machines. Dans le prochain article, j'essaierai de présenter ce que j'ai compris du deep learning et de tout ce que nous avons déjà sous-traité à l'ordinateur.
Pour une fois je ne suis pas pessimiste. Je ne vois pas Terminator. Plutôt une lente conversion, logique, du plus faible par le plus fort. Augmenter notre espèce limitée, c'est prendre le risque d'une humanité à deux vitesses... Je n'aime pas trop cette idée, mais c'est déjà en route.
L'autre voie, c'est la paisible extinction de l'espèce parce que plus personne ne voudra la perpétuer sous sa forme actuelle. Un peu comme un changement de technologie. Vous n'entrez pas dans les maisons pour arracher aux gens leurs K7 et leurs walkmans. Un jour, dès qu'ils peuvent, ils achètent d'eux même un lecteur CD. Et l'ancienne forme cesse d'exister.
Peut-être que des machines à l'intelligence aboutie n'auront pas plus de vindicte contre nous qu'on en a contre les grenouilles. Nous serons simplement une bestiole parmi les autres, nous aurons droit à notre programme de reproduction pour la préservation de l'espèce et nos vidéos facebook seront visibles dans leur cyber-musée de l'être humain.
A vos arguments.
Qu'est-ce qui, selon vous, fait le propre de l'humain et ne saurait être égalé par une machine ? *
* « nos erreurs » est une piste que je n'ai pas eu le temps de traiter. Etre raciste, tabasser un homosexuel, se moquer d'un bègue, voter pour un président vulgaire et bas du bulbe qui fait son job sur twitter... Avec un peu de chance mon grille-pain du futur n'y songerait pas de lui-même.