Ce mois-ci, trois titres empruntés à la médiathèque et sagement choisis sur ma vieille liste de lectures en retard.
Sommaire
Point de côté, Anne Percin
La question Finkler, Howard Jacobson
Chroniques d'un médecin légiste, Michel Sapanet
Point de côté, Anne Percin
Je commence par le meilleur des trois!
Excellente surprise que ce petit bout de livre, lu d'une seule traite un soir. Le ton est très juste, le narrateur, adolescent en souffrance marqué par le décès d'un frère quelques années auparavant, torture la seule chose sur laquelle il se sent une prise : son corps. Comme souvent, c'est une rencontre qui viendra tout changer.
Je l'ai trouvé magnifique ce récit.
La question Finkler, Howard Jacobson
Son ami Finkler est juif alors Julian Treslove, qui a vite fait de voir des archétypes partout, se met à l'utiliser à la place du mot "juif" et de ses dérivés. Un peu comme les schtroumpfs, quoi... Donc, cette question schtroumf, elle m'a un peu schtroumpfée sur les bords. Mais pas jusqu'au bout.
Une chose sauve ce roman, c'est ce schtroumpf de personnage, là, le Julian. Un cinglé de première catégorie. Son idéal amoureux ? Une femme de tragédie, à la pâleur extrême, qui viendrait expirer dans ses bras avec un soupir tandis que lui verserait un torrent de larmes sur un air d'opéra. Forcément, avec cette vison morbide de l'amour, il n'a pas eu un succès terrible dans ses affaires de coeur et se retrouve, célibataire et morose - avec deux fils adultes qu'il considère comme de quasi étrangers - à n'avoir plus pour occuper sa vie qu'à envier ses amis. Des finklers. Agressé un soir dans la rue, Julian se prend à imaginer à cet acte une cause antisémite. Et hop, en moins de deux, le voilà convaincu d'être lui-même un juif qui s'ignore. ça c'est schtroumpf...
Je me suis trompée. Une autre chose sauve ce roman et c'est une femme. Et elle n'est pas blanche comme un cachet, maigre et moribonde. Elle est pleine de chair et de vie. J'ai eu un coup de foudre pour elle, à travers les yeux de Julian qui en tombe amoureux. Je crois qu'à travers deux ou trois paragraphes la décrivant au milieu de ses casseroles, transformant toute la cuisine en champ de bataille pour en tirer une maigre omelette, j'ai eu droit au plus beau portrait de femme lu cette dernière décennie.
Alors si vous vous schtroumpfez de le lire juste pour cela, bon courage !
Chroniques d'un médecin légiste, Michel Sapanet
Grande déception. L'auteur - médecin légiste donc - souligne lui-même que sa discipline est placée sous les feux de la rampe par les nombreuses séries TV et que le public en sait beaucoup plus aujourd'hui qu'autrefois. Justement, il aurait fallu aller plus loin, dans ce cas, avec le livre. Ou prendre un angle d'attaque différent.
Je n'ai pas trouvé grand intérêt à cette succession de récits véridiques de "cas" rencontrés au cours de sa carrière. Simplement une petite émotion curieuse dûe au fait qu'il pratique dans le Poitou et que certaines histoires très gores évoquent des meurtres perpétrés à Niort à l'époque où je vivais là-bas.
Bien sûr il ne s'agit pas que de meurtres. Il parle aussi de ceux qui se jettent sous le train, ou de morts naturelles qui paraissaient suspectes... C'est sûr que si vous êtes un peu sensibles au sang et aux morceaux de viande, il ne faut pas lire ça.
Si, quand même, j'ai noté une chose que j'ignorais : l'intervention du médecin légiste sur des vivants, pour des expertises : vérifier la réalité d'un handicap, enquêter sur une suspicion de maltraitance sur un enfant.
Côté style, c'est plat presque toujours, à l'exception de quelques chapitres qui nous surprennent à la façon d'une nouvelle à chute. A la première, on applaudit, c'est habile! A partir de la deuxième, ça semble un peu artificiel.