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L'homme pas à pas

darwin, mouret, biographie, naturaliste, XIXe, c'est vraiment mon siècle favori, OMG que c'est long cet articleDarwin, Jean-Noël Mouret

Avis chrono'

Une biographie aussi passionnante que le sont les travaux de Charles Darwin, grand naturaliste anglais du XIXe siècle. Je me suis régalée de la première à la dernière page et j'ai découvert un homme là où je n'étais familière que de théories - superficiellement.


Avant celui-ci, je n'avais lu que deux ouvrages biographiques:

- Je suis d'un lamentable niveau en histoire pourtant j'avais beaucoup aimé lire le Louis XIII de Pierre Chevallier, trouvé dans la bibliothèque de mon père.

- Je n'ai que peu de sympathie pour Rousseau et je m'étais lancée, avec la satisfaction de n'en pas sortir plus indulgente, dans une biographie condensée écrite par Mazauric. J'écrivais d'ailleurs à son propos " je vous évite le résumé (il est né, il a grandi, il est mort, aucun suspense.)"

C'est tout l'inverse en ce qui concerne Darwin, je ne vais faire que résumer, partager ce que j'ai appris de lui. Car c'est la plus grande réussite de cette biographie que de créer l'homme - et quel être humain, très humain, bourré de faiblesses -  là où je ne connaissais que la théorie et envisageais vaguement, dans un coin de mon esprit un vieux savant respectable et barbu.

Donc, SPOIL, à fond, vous êtes prévenus. Pour ce qui est des commentaires sur la biographie elle-même, j'en ai déjà fait assez : c'est un excellent ouvrage, à l'écriture dynamique. Je me suis attachée à Darwin à tel point que j'ai failli pleurer lors du dernier chapitre consacré à sa mort. 

Vu de notre "ici" temporel , Darwin et la théorie de l'évolution des espèces, c'est une association facile, mécanique. Nul besoin d'être calé en sciences pour faire ce rapprochement. L'incroyable pouvoir d'une autobiographie (je généralise à partir de celle-ci uniquement mais why not? c'est mon blog) c'est de tout détruire, de reprendre au début, quand le Grand Homme n'a encore aucune existence. Quand il n'est qu'un gamin turbulent, qui déteste l'école et les études, qui désespère son père, un médecin fort riche. Quand son avenir est moins que prometteur ... Et nous faire sentir, touche par touche, combien c'est précaire, un destin. Combien il a fallu de hasards miraculeux pour que le petit Charles devienne Darwin.

Pour commencer, une famille particulière. Des ancêtres savants, progressistes, des esprits curieux, ouverts, prêts à s'affranchir de la pesante morale religieuse. Prêts à questionner, à lui ouvrir la voie. Plus près de lui, un père, d'abord fâché de le voir grandir comme un bon-à-rien qui ne pense qu'à aller à la chasse. Puis un père qui lui apportera une très confortable aide financière, quelques années plus tard. Avant de se constituer une fortune personnelle, Charles bénéficiera des largesses paternelles. Etrangement, Darwin, qui ne connaîtra aucun épisode délicat de ce côté-là, vivra toute sa vie dans la crainte de la pauvreté et tiendra rigoureusement (trop, au goût de sa femme et de ses enfants) ses livres de comptes.

Autre évènement déterminant qui aurait tout aussi bien pu ne jamais advenir : un tour du monde de presque 5 ans qui fera d'un Charles turbulent - qui se destine à contrecoeur à devenir pasteur - un des plus grands scientifiques de son siècle. Il aura fallu que d'autres déclinent l'invitation pour qu'il prenne place dans ce bateau.
Qui plus est, le capitaine est un disciple de Lavater et croit à la physiognomonie, c'est à dire à la prédiction possible des caractères  à partir de l'observation des traits du visage. Or, la forme du nez de Darwin ne lui convient guère... Il aurait bien pu ne jamais monter sur ce navire.

Il lui fallut aussi des amis, de bons amis, des compagnons avec lesquels débattre, des hommes pour prendre la parole en sa faveur. On ne mène pas seul un tel combat. Charles Darwin était un homme bon, attaché à sa famille, à sa femme, aux 10 enfants qu'ils auront ( tous ne survivront pas). Mais Darwin était un homme malade, qui souffrit la quasi totalité de son existence de maux handicapants, que les scientifiques d'aujourd'hui n'ont pas encore réussi à étiqueter. Quelque part entre la véritable maladie physique et les crises de panique.

Pour ce qui est de son travail, son étendue est colossale ... Je ne m'en doutais pas. Darwin semble avoir quelque peu manqué d'esprit de synthèse. Il passait des siècles sur chaque manuscrit. Des idées fulgurantes trainaient dans ses tiroirs pendant des décennies. Pour que la paternité de la célèbre théorie des espèces lui revienne, il dût en urgence compiler d'anciennes ébauches de travaux sans cesse remis à plus tard. C'est que les sujets ne manquaient pas: botanique, géologie, biologie, Darwin se passionnait pour tout.

La seule chose que je ne comprends pas, c'est pourquoi le débat contre le créationnisme n'est pas encore clos. Peut-on vraiment nier au XXIe siècle l'existence de nos ancêtres préhistoriques? Si l'homme a évolué au fil des siècles, le texte de la Bible n'est plus à prendre au pied de la lettre, certes. Mais cela n'empêche nullement de croire en un Dieu. Les contemporains de Darwin étaient déjà arrivés à cette conclusion, qui met tout le monde d'accord.

" Je suis graduellement arrivé à admettre que c'est une aussi noble conception de Dieu, de croire qu'il a créé des formes primordiales capables de se développer en tous les êtres nécessaires, pro tempore et pro loco, que de supposer qu'il lui a fallu une nouvelle intervention pour remplir les lacunes que lui-même avait faites. Je me demande si la première conception n'est pas plus élevée que la seconde. "

 

Je crois que les découvertes de Darwin sont, de toutes celles de la science, celles qui m'ont fait le plus rêver. Rappelons que l'homme ne descend pas du singe. Hommes et singes sont deux branches qui se sont séparées à partir d'un ancêtre commun. C'est fascinant, non, de penser que nous partageons un arrière-grand-père en commun avec la vache qu'on mange en hamburger, le moustique qu'on écrase sur le mur ou le plus moche des poissons aveugles des grands fonds ? C'est ... comme penser à la notion d'infini. C'est grisant.

Le siècle de Darwin l'avait parfaitement compris, et craignait presque plus cela que la remise en cause de la Genèse : l'homme est un animal comme les autres. Sa place dans la nature n'est pas privilégiée.

Commentaires

  • Très beau billet qui donne envie de découvrir l'homme derrière sa célèbre théorie.

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