Homme sweet homme

Une famille heureuse, Elizabeth Crane

Avis chrono'

J'ai mis une bonne note à ce livre, dans mon classeur. Mais pourquoi ? mmh, pourquoi ? Ils me plaisaient bien, les personnages? Et puis j'aime les familles? C'est mignon les familles, non? ça se chamaille un peu et puis tout finit bien.

---

Extrait de la 4e " fille caractérielle, père je-sais-tout, fils gentil et normal quoiqu'un peu bizarre, maman au-potentiel-non-encore-exploité/ayant une aventure, arrière-grand-mère vacharde, papy qui perd la boule."

Cette présentation me fait penser à la fois au jeu des sept familles et à un jeu de société moins connu nommé Intuition dont le principe est de connaître assez bien les autres joueurs de la partie pour prédire leurs réponses à des questions qui font appel à leurs goûts ou à leur personnalité.

Les questions sont assez bizarres, ça n'est jamais aussi simple que "Qu'est-ce que je préfère comme musique".
Ce sont parfois des portraits chinois. "Si j'étais un outil je serais 1) Un tournevis 2) Un marteau 3) Un mètre-ruban" , ou alors on vous demande comment vous réagiriez devant telle ou telle situation.

Ce n'était pas un jeu à nous, les enfants, je pense qu'il appartenait à ma mère. Mais j'aimais bien et il m'arrive encore de faire quelques parties. Même quand on pense bien connaître quelqu'un, c'est assez difficile.

Pour fêter ces bons souvenirs, je vous propose de vous présenter les personnages du roman sous forme de portraits chinois.

 

Si j'étais... Gordon, Le père
Je serais... Content de moi

En effet, j'ai de la chance, j'ai une petite famille formidable, je suis un fils dévoué qui accueille à son domicile son père et sa grand-mère, je suis doué dans mon travail et de plus, en toute modestie, je dois dire que ma culture est bien supérieure à la moyenne. Tout le monde m'admire pour mes connaissances, je suis un homme heureux.

 

Si j'étais... Théodore, Le grand-père
Je serais... Egaré

C'est qu'il est bien gentil mon fils, mais il me pense déjà gâteux! Je n'ai même plus le droit de sortir seul de la maison. Ils verront bien, quand j'aurai achevé la rédaction de mon article, le succès qu'il aura. Et je peux tout à fait me rendre encore utile à la maison. C'est sûrement ce que je voulais faire en démontant cette pendule... Mais j'ai oublié quel était le problème. Oh. Et de toute façon on dirait bien qu'il manque des pièces, je n'arrive pas à la remonter.

 

Si j'étais... Vivian, L'arrière grand mère
Je serais... Excédée

Je n'en peux plus ! Comme la vie était différente du temps de feu mon mari. Je n'avais pas à passer mes journées cloitrée dans cette maison de fous. Ce pauvre Gordon ne s'en rend pas compte mais il est d'un ennui! On ne peut pas poser une coupe de fruits sur la table sans qu'il se lance dans un monologue interminable sur la culture des kiwis.
Jean est ailleurs, en ce moment, mais il faut la comprendre, avec Priscilla qui s'applique à être la plus odieuse adolescente de la ville, et les soins à donner à Théodore.
Théodore, mon Dieu ... Aucune mère ne devrait vivre assez longtemps pour voir son fils perdre la tête.
Mais je ne peux pas le plaindre, non, si seulement j'avais la même chance...

 

Si j'étais Priscilla, la fille
Je serais... Mais trop dégoûtée, quoi!

C'est vrai quoi ! Je suis tombée dans une famille de barjots, personne ne comprend rien, personne me comprend, moi. Un frère crétin, un père à la masse, une mère... pfff. Il n'y a que Papy ici qui m'écoute.
Quand je pense que cette salope de Taylor se disait mon amie et qu'elle a continué le casting sans moi! Mais c'est qui qui a du goût ici, hein? Et qui l'a convaincue d'aller au casting ?
La vie est injuste!

 

Si j'étais Otis, le fils
Je serais... Inquiet

Caterina m'a offert des bonbons. Je n'ai pas pu lui parler mais ça m'a fait plaisir. ça serait encore plus chouette la vie si ma soeur arrêtait de m'appeler "bébé taré". Maman dit que je dois l'inviter à venir à la maison. Caterina. Parce que ma soeur elle est déjà tout le temps à la maison. Maman dit aussi que les amoureux "font l'amour", je ne sais pas bien ce que ça veut dire, et aussi qu'ils se suicident. Est-ce que Caterina va se suicider ?

 

Si j'étais Jean, la mère
Je serais... Suppliciée

Tout allait si bien... Et maintenant ça. Comment a-t-il pu me faire ça, me laisser ? Il était mon seul refuge. Ma fille me déteste. Elle me déteste, je le sens bien. Gordon me dit de ne pas m'inquièter, mais il ne remarque jamais rien, il est trop occupé par son nombril. En attendant, c'est moi qui dois m'occuper de son père, de la maison, de tout. Et qui s'occupe de moi maintenant que James m'a quittée?
M'a quittée ?? "Il nous a quitté", c'est bien ce qu'on dit, non, en général, quand les gens sont morts. Mais il ne m'a pas seulement quittée, oh non... Il s'est assuré que JE trouverais son corps, cet affreux corps pendu, dont l'image m'obsède. Mon James... comment a-t-il pu me faire ça?
Et je ne peux rien dire à personne, je dois les supporter tous, tous les jours, comme si de rien n'était.

 

Une lecture qui tombait bien, c'était juste ce qui me fallait, distrayant. Très classique dans la forme, avec cette famille que l'on "prend" juste au moment où chacun (ou presque) vit un petit ou un grand séisme personnel. Gordon voit sa phénoménale mémoire remise en cause en tombant sur une ex-copine dont il n'a aucun souvenir. Priscilla passe un casting, se fait recaler et prend d'un coup conscience de la vacuité de sa vie. Le petit bonhomme tombe amoureux. Sa mère fait une dépression suite au suicide de son amant.

Ce n'est pas de la grande littérature, c'est vrai. Mais pas de mauvaise qualité non plus.
Ce livre est à ma vie littéraire ce que la vie quotidienne est à la Vie avec un grand V pour nous tous. Un convenable pain quotidien qu'il ne faut pas bouder.