Cette édition 2014 des quais du polar, célèbre festival lyonnais consacré à la littérature policère, aura été marquée par un évènement d'importance : ma première participation.
1ère partie - Vendredi
Début des réjouissances avec une après-midi entière passée au musée d'anatomie, situé dans la faculté de médecine. Une collection de pièces que l'on a rarement l'occasion de trouver ailleurs. Tout d'abord, des coupes d'organes conservés dans du formol, ou des moulages de différentes parties du corps, à des fins d'illustration d'un fonctionnement "normal".
Puis les "monstres" : moulages de têtes sur-dimensionnées, ou, très très impressionants foetus difformes conservés dans des bocaux, foetus de bébés sirènes, ou cyclopes, ou siamois, ou affligés de tumeurs presque aussi grosses que leur tête. Penser qu'il s'agit là de vrais bébés, qu'ils ont été portés, certains, peut-être même, accouchés... ça fait assez froid dans le dos.
Aucune date ne figurait sur les récipients, en revanche, dommage.
Si vous vous interrogez sur le lien entretenu entre ce musée et les quais du polar, sachez qu'Alexandre Lacassagne, que l'on considère comme le père de l'anthropologie criminelle, le fondateur donc de la police scientifique, enseignait à la faculté de Lyon.
C'est ainsi que l'on peut aussi trouver, dans ce petit musée, des pièces historiques liées à d'anciennes affaires criminelles. Echantillons de balles, armes blanches, poisons, moulages de têtes de criminels guillotinés.
On y trouve aussi une partie Egyptologie avec des momies. Un espace à l'étage avec des squelettes d'animaux, des spécimens de parasites etc. C'est petit, mais passionnant!
En plus de cette libre visite, nous avons eu droit à intervalles réguliers à des explications, présentations, anecdotes et mini-conférences. Je crois que nous sommes restées plus longtemps que n'importe quel visiteur de l'aprem, parce que nous attendions une autre série de mini-conférences annoncées dans le programme. Nous avons fini par abandonner à la 3e reprise de l'anecdote sur l'assassinat de Sadi-Carnot. Mais je suis sûre qu'il restait beaucoup à entendre et à apprendre! J'y retournerai l'année prochaine, si c'est possible. Le musée doit en effet quitter l'université en 2016 et se cherche un nouvel espace.
Ce que j'ai retenu des différentes interventions:
L'histoire de la médecine légale et l'évolution qu'a constitué le passage aux preuves matérielles, là où, avant, la justice devait attendre les aveux du coupable.
L'opposition - qui finalement n'en est une qu'à demi - entre les thèses de Lacassagne et celles de Lombroso, qui pensait - je caricature, mais à peine - qu'on pouvait déceler la criminalité potentielle d'un individu en étudiant son aspect physique.
Il a aussi été question de Locard (il paraît qu'il est très souvent cité dans la série Les Experts). Celui-ci a été le premier à énoncer que l'on apporte et que l'on emporte des traces si l'on est présent sur une scène de crime.
J.C.Neidhardt, conservateur du musée, était un guide passionné et passionnant!
Mini-conférence par Claire Desbois : Lien entre littérature et police scientifique
J'en retiens qu'il est étrangement difficile de savoir qui, de l'homme de science ou du romancier a été précurseur en matière d'analyse scientifique des scènes de crime.
Elle nous a cité Poe, Conan Doyle, Jules Verne, Wells, Huxley ...
Locard, par exemple a emprunté des idées à Doyle et l'a reconnu. Ce n'est pas la première fois que des écrivains ont des intuitions qui se révèleront fondées et prouvées par la science un peu plus tard.
Wells annonçait les manipulations génétiques et Huxley la procréation médicalement assistée.
Sciences et littérature étaient - et restent - très poreuses.
Il a aussi été question à un moment d'un rite tribal consistant à poser sur les langues des suspects une lame chauffée au rouge. Le brûlé est le coupable.
Rien à voir avec le jugement de dieu médiéval : très scientifiquement, le coupable, stressé, salive moins. Il est le seul à avoir la langue sèche et donc à se brûler lors du contact très rapide avec la lame chaude. Un ancêtre du détecteur de mensonge, quoi.
Nous avons aussi reçu de bons conseils au cas où il nous prendrait l'envie de pendre ou d'empoisonner quelqu'un.
Une journée fort instructive !
Toutes les photos ont été prises par C'era una volta, notre photographe attitrée.Lien à venir vers son (ou ses) articles.
Commentaires
Ahah! J'adore ton résumé de cette après-midi assez "exceptionnelle" au Musée d'Anatomie Testud/Latarjet. Effectivement instructif et impressionnant à plusieurs titres.
C'est super de rencontrer des personnes qui savent transmettre leurs connaissances avec tant de passions.
Et c'est évidemment génial de partager une telle découverte.