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Les mères sont des tyrans

grace des brigands,ovaldé,éditeurs : je suis dispo pour réécrire toutes les 4e de couv,c'est triste un livre qui trouve pas lecteur à son pied de pageLa grâce des brigands, Véronique Ovaldé

Avis chrono'

Pas si mal, je dois dire. Mea maxima culpa, comme d'hab. Je suis vraiment une bille pour juger les bouquins à leur tête. Le style est moins coincé que je ne m'y attendais, l'ensemble est assez tendre, c'est un peu comme faire boire dans une soirée une nana mariée... on peut avoir d'agréables surprises!


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Il en faut de l'instinct pour s'y retrouver dans le grand rodéo des titres de la rentrée littéraire. Il faut en avoir et surtout, il faut s'y accrocher et ne se laisser influencer ni par les titres pompeux, ni par les couvertures hideuses, ni par les 4e de couv' qui à elles seules constituent des oeuvres de fiction autonomes - bien sûr sans rapport aucun avec le contenu du livre.

Passés ces obstacles, cow-boys et cow-girls, si vous êtes toujours en selle, si vous n'avez pas été projetés tête la première sur un navet, vous pouvez faire des découvertes sympa, ce qui fut mon cas avec ce livre.

Je n'en pensais peut-être pas que du bien - et je n'en disais pas non plus du bien - au début. En effet, entre Santa Monica, les "années 70" et les "rêves libertaires" promis sur la couverture, le milieu littéraire et la grande question sur laquelle s'achève le résumé "Est-il un Pygmalion ou un imposteur qui cherche à s'approprier le talent de Maria Cristina?", j'avais quelques petites inquiètudes.

Pourquoi choisir de lire et chroniquer un bouquin que je pouvais craindre de trouver snobinard? Disons, pour le fun. Pour la découverte. Et j'ai bien fait, c'était une agréable lecture, finalement.

Il me plaît bien mon petit challenger, je vais tâcher de lui faire gagner son match.

Premièrement, exit les histoires de Pygmalion, rassurez-vous. On se moque complètement, dans le livre, de répondre à la question. Ce qui ne vous interdit pas de vous faire une idée sur le personnage évoqué, Claramunt, un vieux dandy avec lequel l'héroïne, mineure et vierge, couchera pour la première fois. Mon avis: il fait plutôt pitié et oui, c'est un imposteur.

Deuxièmement: Le talent, le milieu littéraire, la Californie. Tout ce que je n'aime pas ne sert que de vague décor. Ouf.

Finalement, l'histoire est celle d'une famille. La mère de Maria Cristina m'évoque un peu celle de Jeanette Winterson. Une dingo de religion qui attend son apocalypse et fait vivre sa famille dans la crainte de l'étranger - c'est à dire de tout le reste du monde.

C'est incroyable comme en littérature, ce sont toujours les mères les plus monstrueuses. Les plus dangereuses. Le père est souvent un être vague, inconsistant, inoffensif. On aime le père, la mère fait peur et on la fuit à l'âge adulte dès qu'on peut... A vous de deviner ce qui est dans le livre et ce que je projette dans cette vision! ^^

Cristina fuit vraiment cette vie, en tout cas, et hop, c'est là qu'on case: les States, le succès en tant qu'écrivain, Claramunt, sa bonne copine aux moeurs libertaires et tout ce qui était promis dans la réclame. Quand même. Faudrait pas mentir.

Mais le coeur du roman est ailleurs, il est dans les souvenirs de cette enfance, dans le portrait de cette soeur, dans le drame dont Cristina se sent la cause, dans l'incompréhension qui les désunit tous. Et dans le retour.

Le cercle qui entoure ce roman est un voyage. Différents rayons fusent à partir de ce centre, mais le fil conducteur est circulaire. Il part du voyage - concret, bien réel - que doit faire Cristina pour retourner après tant d'années sur les lieux de son enfance et revoir sa mère. Il se termine à son retour, ou presque.

Il englobe des choses que j'aime moins, des envolées stylistiques qui me font grincer des dents par exemple, et d'autres qui me plaisent, comme la thématique forte mais invisible parce que dispersée de la maternité.

Le voyage par la mémoire qui double son voyage physique, est un thème convenu, mais bien utilisé. L'ensemble est beau, me laissera un bon souvenir, sans contours précis. Sans avoir jamais été gai, ça finit bien. Une fin à des années lumières de ma première impression. Un roman snob ne finit pas sur des choses simples et faciles. On dirait que le roman s'octroie quelque chose de doux, à la fin, maintenant qu'il est trop tard pour que le lecteur repose le livre sur le rayonnage.

Puisque pour l'occasion je dois mettre une note, j'hésite entre 15 et 16. Très curieux, le 15, j'ai toujours trouvé, pas vous? Bizarrement, peut-être parce que c'est un impair, ou qu'il est à la moitié de la dizaine, j'ai toujours trouvé qu'il sonnait moins bon qu'un 14. A 14 on est content, à 16 on a brillé, mais à 15, c'est beurk. Heureusement, le logiciel qui fera les moyennes n'aura pas d'état d'âme et le tiendra objectivement pour ce qu'il est.

C'est un 15.

Vous pouvez retrouver bien d'autres avis sur ces matchs Price Minister sur la page consacrée à l'opération!

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