Un coeur noir, Olivier Ka
Avis chrono'
Un livre particulier, qui frôle sans l'atteindre l'aboutissement. Récit d'une belle histoire d'amitié entre un homme isolé et un ado paumé qui se prend pour un caïd, le roman se laisse parfois glisser dans des tonalités vaguement poétiques vers des thématiques secondaires qui nuisent à la cohérence et à l'efficacité de l'ensemble.
Le jeune apprenti voyou au coeur noir, c'est Melkior, 17 ans. Adolescent, martyrisé par son patron, impuissant à faire entendre son mal-être à ses parents, il se mure dans le silence et rêve de se faire une place parmi les caïds de la cité voisine. Mais un soir, tandis qu'il cambriole une maison, il rencontre François.
Je l'ai bien aimé, ce roman emprunté à C'era. Si je n'avais pas fait une crise de boulimie la semaine suivante et avalé une dizaine de livres en quelques jours, je suis sûre que je m'en souviendrais mieux... Quand j'écris des récits, ce que je peux faire de pire, c'est le dialogue. Je n'ai aucune compétence pour les échanges humains. Alors, forcément, c'est un thème qui me fascine. Ce personnage de jeune ado toutes griffes dehors est très réussi. Une boule de colère, d'impuissance et de maladresse. L'amitié qui se tisse entre lui et François, se heurte (brièvement) à cette révélation: ce dernier est homosexuel. Une amitié avec un pédé, ça ne passe pas trop bien auprès des autres petites frappes du quartier. Mais c'est plus fort que lui, Melkior revient toujours vers François, qui lui prête une oreille attentive sans le juger.
Simplement, jour après jour, François partage avec lui ses livres. Je me demande si les bouquins cités dans le livre existent vraiment. Zut, j'ai oublié de noter les titres pour vérifier. ( C'era ? S'il tô plait ? Celui avec la famille déjantée? ) S'ils existent, je veux absolument les lire, celui-ci et aussi le dernier, le polar avec le plongeur. C'est bien littéraire, ça, de parler de livres dans un livre. Le miracle de la lecture qui va ouvrir de nouveaux horizons à un ado paumé... Un peu mélo. Mais juste un peu, c'était supportable.
En revanche, d'autres passages sonnaient nettement plus faux. Ou bien me rebutaient-ils parce que davantage poétiques? La maison, par exemple, celle de François. L'auteur semble lui octroyer une sorte de pouvoir, de présence. Je n'ai pas senti que ça apportait quelque chose à l'histoire. Quant à ces fameux chemins et au baratin philosophique qui accompagnait les promenades en montagne...
Mais l'amitié entre l'homme et le garçon était belle.