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No future, no past

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Avis chrono'

Où j'ai découvert après un certain nombre de pages qu'il s'agissait d'un roman d'anticipation, ce qui ne m'a pas déplu. Belle histoire, qui mélange un peu tout ce qu'on peut attendre d'un roman, une héroïne rebelle et attachante, le puzzle de son passé à reconstruire, du grain à moudre pour ceux qui veulent réfléchir à la société de demain.


Ce n'est pas désagréable de s'entendre raconter le monde du futur, généralement ça donne un peu le même frisson de peur qu'un film d'horreur et après on se dit "Ah ah, ouf, ça n'arrive pas dans la vraie vie!". Les vacances d'été sur Pluton, la nourriture infusée par la voûte plantaire comme un vulgaire chauffage au sol, pour tout ça, on a le temps de voir venir. Mais les auteurs qui osent juste le monde de demain, celui que j'ai une chance de connaître avant ma mort, c'est une autre paire de manches. Et ce sont mes récits d'anticipation préférés.

Il suffit d'avoir un bon sens de l'observation, de partir de quelques tendances actuelles. Les caméras, par exemple, se multiplient au prétexte de nous protéger. On place une webcam dans la chambre de bébé histoire de s'assurer, quand on tourne le dos, que la baby-sitter ne le tartine pas de miel avant de le suspendre à son mobile et d'entamer un rite sataniste. 

Pensons aussi à ces composants, ces ingrédients que l'on utilise à tour de bras avant de crier au risque cancérigène.  L'amiante, les biberons, le Nutella, les faux-seins... Un jour on pourrait bien nous dire que l'encre des livres est dangereuse.

La marche n'est pas si haute, on y est presque, au monde de Lila K., où des comités décident de ce qui fera la santé et la paisibilité de tous les individus.

Avec mon habitude d'emprunter des livres au hasard à la médiathèque, sans les retourner, avec ce titre je ne m'attendais pas du tout à un texte sombre et encore moins à ce cadre subtilement futuriste. C'est une petite touche, pas l'essentiel du roman, mais le contexte a tout de même son importance, comme une sorte d'avertissement.

J'ai bien accroché dès le début, à cause du mystère qui entoure la petite fille, arrachée brutalement à sa mère et confiée au soin d'un "Centre" indéfinissable. Une enfant traumatisée, qui hurle dès qu'on la touche, qui porte des traces de blessures, d'anciennes fractures. On pense partir sur un terrain connu, une histoire de maltraitance, mais il est davantage question du fonctionnement de la société dans son ensemble, des conditions qui conduisent à des drames.

Est aussi présent le thème de la quête identitaire. Lila grandit dans ce Centre. De loin, de froids administrateurs veillent à sa bonne intégration dans la société. Manger des légumes, se sociabiliser, avoir deux orgasmes en solo par semaine... Des critères semi-burlesques, mais pas tant que ça, nous avons déjà l'habitude de nous entendre dicter ce qui est bon pour nous.

Dans ce monde où tout se mesure, aidée par deux médecins dont l'un, au mépris du règlement, lui fera découvrir la musique et les livres, Lila apprend à mentir, à travestir sa personnalité, sa répugnance pour les autres. Elle se soumet afin de recouvrer sa liberté et de pouvoir enfin poursuivre ce but qui l'obsède: retrouver sa mère, les souvenirs de son passé, et comprendre.

Elle croisera au passage un chat multicolore, une femme qui refuse d'avorter, une touchante créature défigurée, un clandestin amoureux des livres et tout ce qu'on peut décréter de plus navrant "pour [n]otre bien" ... et qui nous pend au nez!

Bon livre!
Mon avis du jour s'arrête au résumé qui dit bien ce qu'il y a à dire. Simplement, je signale que j'ai déploré l'écriture, un brin trop simple. Car au fond nous ne sommes pas loin des préoccupations d'un Orwell, ou d'un Bradbury mais bien que j'aie été très déçue par Farenheit 451, je dois reconnaître que l'attention portée au texte le place tout de même dans une autre catégorie.

Lien permanent Catégories : Urgences 3 commentaires

Commentaires

  • J'ai lu un certain nombre de commentaires positifs sur ce roman sans jamais vraiment m'y intéresser. J'avoue que je ne pensais pas à ce type de contenu. Je ne sais pas pourquoi... Le titre? Je ne voyais pas quelque chose de futuriste c'est certain.

    Si le K n'est pas une abréviation alors qu'est-ce?

    N'y sommes-nous pas déjà à ce monde où des comités décident de ce qui est "bon" pour notre santé (avant de s'apercevoir tardivement que ce n'est pas le cas) et de ce qui fait une société sans heurts?

  • Le titre de ce roman avait attiré mon attention car il figure dans un des baby livraddict, si je ne m'abuse... Je ne m'attendais pas franchement à ce contenu, mais là, je dois dire que ma curiosité est piquée au vif. A suivre !

  • @ C'era : (spoiler) Le K, c'est le nom qu'elle se choisi. Son nom entier. Elle le tire au sort dans un dictionnaire.
    Je pense qu'on en est pas à un stade aussi élevé de contrôle que dans le roman, mais certaines choses dans la société y ressemblent déjà.

    @ Sol' : J'ai même pas fait attention... Tant mieux s'il est dans un baby... Je n'y ai pas regardé depuis un moment à ce challenge.

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