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L'oreiller du dernier sommeil

accabadora,michela murgia,euthanasie,gestion optimisée des retraites,oreiller ou marteau telle est la question,adoption,filliation non biologique,mais on est en plein dans le programme de hollande!Accabadora, Michela Murgia

Avis chrono'

Un peu en dehors des sentiers littéraires que j'ai l'habitude de parcourir - sans bouger de dessous ma couette - voici que je me lance à la découverte de la Sardaigne et de ses traditions les plus inavouables...


Le livre s'ouvre sur une pratique assez surprenante: Maria Teresa Listru est mère célibataire de quatre enfants. La petite dernière, Maria, âgée de six ans, est "une erreur après trois réussites". Dans ce même village vit une vieille femme, couturière très respectée qui, elle, n'a pas d'enfant.
Ni tribunal, ni paperasserie, on s'arrange entre femmes et la petite Maria devient la fille d'âme, c'est à dire la fille de coeur de Bonaria Urrai.

Maria s'accomode parfaitement de ce transfert à l'amiable. Bonaria est loin d'être une mère très démonstrative. Rude, exigeante, elle n'en est pas moins très attachée à la fillette. Mais Bonaria semble avoir un secret. La nuit, on vient parfois la chercher et elle ne rentre qu'à l'aube.

Je pense que je ne dévoile rien de trop important puisque c'est dans le titre: Bonaria est l'accabadora du village, c'est à dire celle à qui l'on fait appel lorsque dans une famille un ancêtre traîne un peu trop longtemps sur son lit de mort et en fait lui-même la demande.

Dans le livre, nous ne la voyons vraiment agir directement qu'une seule fois, elle étouffe le candidat au trépas sous un oreiller. Mais j'ai appris, grâce à C'era qui fournit en lot le livre et les références culturelles, que l'accabadora traditionnelle oeuvrait plutôt d'un coup sec sur la tête porté avec une sorte de gros maillet ou de marteau.

Le mot euthanasie ne recouvrerait pas exactement cette pratique, car on sent dans le roman un fond de superstition autour de la mort - ce qui se comprend parfaitement -, et l'accabadora se charge aussi de rechercher ce qui peut bien retenir le mourant à la vie et de trancher ce fil. Elle a quelque chose du médecin, du prêtre, de l'amie, de la sorcière et de la Parque mythologique.

Je me suis attardée sur ce personnage qui est bien sûr captivant, car sa fonction qui touche un grand tabou de notre société n'est abordée dans le roman qu'à touches très légères, furtives, implicites.

Mais le personnage central, c'est bien Maria. Deux autres thèmes se disputent le coeur du roman: la description d'un grand réalisme de la Sardaigne d'après guerre. Et plus encore, la relation mère-fille. Les conflits qui peuvent naître de ce qui n'est pas dit. Les attentes de chacune... Je n'en dis pas plus.

Le dosage adroit entre ces trois thématiques fait de ce court roman, qui n'avait a priori pas grand chose pour me séduire, une très bonne expérience.

Lien permanent Catégories : Pharmacie 10 commentaires

Commentaires

  • Oui, je l'ai moi aussi beaucoup apprécié alors qu'a priori, il n'avait pas grand chose pour me plaire ! Mais C'era m'a donné envie de le lire, le thème de l'accabadora m'a intriguée et l'écriture de Michela Murgia a fait le reste ! J'en suis sortie charmée !

  • Ta chronique vient confirmer le fait que j'ai bien envie de lire ce livre... le thème m'attire, allez savoir pourquoi !

  • Je l'avais lu en partenariat avec Livraddict et ce qui m'avait gênée c'était le manque de prévision du vocabulaire, tout était contourné pas d'utilisation des termes exacte, une sorte de pudeur que je n'ai pas apprécié.

  • Beaucoup aimé.

  • Bonjour! Et merci pour vos commentaires, qui me font plaisir!

    @ Ingrid: Tout comme moi! Un dépaysement très bienvenue!

    @ Solessor: Le thème est original, c'est parfois suffisant pour donner envie de découvrir un livre.

    @ Semara: Pourquoi cette pudeur te gêne? Au contraire, c'est plutôt agréable en tant que lecteur d'avoir quelque chose à faire, à réfléchir. C'est une façon de participer.

    @ Mireille: Lu aussi? Découvert comment?

  • Une amie,adepte de littérature italienne l'avait mentionné. Je l'ai trouvé à la Médiathèque.

  • Lu aussi puisque j'ai la chance cette année de lire la sélection du Prix du Meilleur Roman Points, et j'en suis assez satisfaite, même si j'ai considéré pour ma part que c'était bien Bonaria qui était au centre du roman !

  • Ce n'est pas si évident car pendant une bonne partie du roman, nous la délaissons pour suivre Maria et étant donné la place de ce passage dans l'ensemble du récit, je dirais que c'est un moment crucial qui nous invite à nous interroger sur les choix de Maria. Grandir, est-ce s'éloigner? Ou savoir revenir? Refuser ou accepter?

  • Comme toi, je n'aurai pas été attiré. Mais après ton billet, je note.

  • Très bonne critique. Vous m'avez convaincu de le lire. Je vous remercie.

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