Un week-end en famille, François Marchand
Avis chrono'
Navrant. C'est le mot que j'ai déjà employé, je le maintiens. Les gros yeux du loup de tex-avery, ça devait être moi arrivée à la page 15. Heureusement que le texte est très très court. De stupéfaction, j'en ai achevé la lecture. Bien sûr, la fin vient tempérer mon jugement. Une prise de risque manquée.
110 pages. Un livre de deux heures. Une narration quasi linéaire: la parole est au personnage masculin, qui déclare d'entrée qu'il a épousé une nana un soir de beuverie et doit à présent se taper le week-end dans sa belle famille, laquelle réside en Samouse, région inventée pour les besoins de la cause.
"Sarcastique". Il paraît qu'avec ce terme, je peux arriver à la conclusion qu'avec ce livre, on a bien rigolé, hahaha. Effectivement. J'ai bien ri. A moins de 20 pages du début, j'ai même été prise d'un authentique fou rire. Incontrôlable. A en pleurer. Tellement c'était stupide, ce récit. Inutilement injurieux.
Je riais et je me disais "mais on peut vraiment écrire ça? Le publier?".
Du début à la fin, le personnage déambule dans la région sans cesser une seule seconde de tout mépriser: sa femme ( et en effet, on se demande pourquoi il n'a pas déjà demandé le divorce) et surtout, les habitants de cette région rurale. Tous les clichés y passent. Et quand il n'y a plus de clichés à se mettre sous la dent, l'excès nous entraîne jusqu'à l'injure. On passe des descriptions de pauvres cons de campagnards qui ne rêvent que de crédits immobiliers, d'acheter chez IKEA et d'avoir un gps, -
"Jacky installait des caméras de vidéo-surveillance. A quelques détails de ton et de vocabulaire il m'a semblé que cette fonction était déjà quelque chose dans la hiérarchie sociale en Samouse. " - à de sympathiques qualificatifs... "Dégénérés", "néandertaliens", "prolos", "sous sol de l'humanité" La référence explicite au film Délivrance parlera peut-être à certains... . Et bien sûr, tous les gamins ont croisé la route de pédophiles locaux. Des rapprochements sommaires opposent brusquement le fait d'acheter chez IKEA et d'avoir de la culture... Des parents nomment leurs enfants "Twix et Bueno", le slogan immobilier idéal serait "Maison Samouse, les deux pieds dans la bouse".
Vous me direz, c'est excessif, mais c'est ça l'humour! Je ne suis pas d'accord. On fait rire "avec", pas "contre". On fait rire en pointant des travers, pas en déroulant des méchancetés gratuites.
Sans la fin, c'est odieux. J'ai vu bien sûr, tout au long du récit, la dénonciation du consumérisme, de la tiédeur intellectuelle, oui. Bon. La cause est bonne. Le moyen me déplaît.
A la toute fin, la morale est sauve grâce à une pirouette. Ouf, l'auteur n'est pas un gros con, mais un maître du sarcasme. (En doutait-on? Un tel débordement, au premier degré, n'aurait pas été publiable) Est-ce que ça suffit vraiment?
Si j'enchaîne 2h de blagues racistes avant de vous dévoiler que ce n'est pas le réel fond de ma pensée? Vous arriveriez à rire de bon coeur?
Pour la forme qui me paraît ou trop provocatrice, ou pas assez (et pourquoi pas laisser comme tel et se passer de la fin qui aplanit tout?) , et puisque exceptionnellement, ce livre m'ayant été gentiment offert dans le cadre des matchs de la rentrée littéraire de Price Minister, on me demande de mettre une note, je mets 8/20.
Le lien vers la fiche du livre pour vous faire votre propre idée!
Commentaires
Waouh! ça dépote :) Mais je comprends ce que tu veux dire. Cette "satire" (on peut dire ça?) semble être soit un peu trop mesquine, soit un peu trop convenue... Mais pourtant j'ai besoin je ne sais pourquoi d'aller voir par moi même cette "farce."
Merci pour cet avis (le 4ème que je lis!). Tes tags : j'adOre aussi...
Un avis pour le moins tranché ! Je comprends mieux ce dont tu nous parlais sur ton suivi de lecture. Fiou, moi, là, j'ai pas envie d'y aller ! Très bonne chronique ;)
Wahou, en effet, tu es bien plus sévère que moi, avec mon 12/20.
Mais en même temps les questions que tu évoques, je me les suis posée, au début d'ailleurs dans mon suivis, j'étais très dubitative, et juste avant la fin je me suis dis mais c'est du grand n'importe quoi. Et puis l'épilogue est arrivé, mais un peu trop tard pour moi, donc oui ça a redressé la barre, mais pas tant que ça...
Mince, j'ai l'impression d'avoir été la seule à rire franchement de ce patchwork raciste...
Fallait bien que tu te démarques Ingrid :p En même ton avis se doit d'être respecté...
Pour le coup, je ne suis pas tentée.
Les grands esprits se rencontrent: http://skriban.com/2012/11/19/un-week-end-en-famille/
Amusant de lire vos avis, très similaires, publiés le même jour!
En effet, 1 avis sur ce livre très similaire à celui de Sound. Très intéressant à lire aussi...
@ C'era (1) : Une satire, oui, si on veut ;)
M'enfin je pense que l'auteur s'est fait plaisir surtout avec son personnage complètement délirant de dédain. Si le message avait été si important, il aurait choisi une autre forme.
@ Solessor: Je me suis contentée de développer un peu mes impressions telles que livrées à chaud sur le forum. Que ça ne t'empêche pas de te faire un avis. :)
@ Clédesol: Je partage tes impressions. Je ne me voyais pas mettre la moyenne avec ça...
@ Ingrid: Tu te sens seule? ^^ Je n'ai pas voulu lire ton avis avant d'écrire le mien, mais on m'avait dit que tu avais aimé!
@ Alex: ça tombe bien on peut pas tt lire.
@ Jeanne: Publiés le même jour... Le dernier jour, surtout, pour rendre sa copie! Merci pour ce lien. En effet, c'est similaire. Sauf pour le choix des mots et l'écriture, je m'incline devant Gwen.
@ C'era (2): Tu gères mon secrétariat? Tu fais bien de contrôler tous ces liens suspects postés par Jeanne... On ne sait jamais... Grand sourire.
Grand sourire aussi pour pour l'imposture découverte ce soir... du culot, j'aime! ;)
ça ne m'en empêchera pas... Mais là ça ne me tente vraiment pas ;)
Une imposture ? on veut savoir ! ^^
C'est bien pour ça qu'il faut que j'aille voir par moi même jusqu'où il a poussé ce dédain. Ton avis m'en donne un peu à voir, celui des autres chroniqueuses aussi mais ma curiosité me pousse à lire même le pire ^^
Et je ne suis pas d'accord avec ta réponse à Jeanne (même si tu trouves mon avis non neutre). L'article de Gwenaëlle est bien écrit mais je trouve qu'il se dégage quelque chose de plus dans le tien, ta réflexion est bien amenée et les mots sonnent justes et forts, ils sont percutants.
Je participe à cet article bien vivant on va dire, plus que je ne fais le secrétariat :p Et tu sais que je suis curieuse, j'aime aller titiller les liens ^^
Imposture?... ahahah... Flûte j'ai été découverte... plus moyen d'être incognito sur le rendez vous du Dimanche alors? Pffft je vais perdre tes critiques qui me permettaient de progresser... zut! :p
@ Sol : Oh, j'ai juste découvert que C'era est douée pour se fondre dans le décor et tester ma sagacité... Piteuse sagacité... Ahahah! Elle a fait quelque chose pensant que je la reconnaîtrais immédiatement mais ça n'a pas été le cas et bah... Tant pis pour elle! Suis pas tendre avec les inconnues!
@ C'era: J'ai fait la bêtise de le donner à ma mère avant d'avoir écrit mon billet. Du coup j'ai fait avec quelques citations relevées avant. Mais c'est un ensemble. Même si j'en avais cité davantage, ça n'aurait pas donné toute la mesure du texte. Tu le récupèreras à noël je pense.
D'ici là, tu veux que je te rappelle combien j'ai compté de livres sur la table de ton salon??
"j'aime aller titiller les liens" Euh... Curieuse! Mais la comparaison n'a pas lieu d'être. Gwen et moi sommes très très différentes. Disons que chacune aura ses préférences :)
Et pour ton p'tit jeu... Il ne fallait pas griller ta couverture, alors :)
Mais je sentais que tu en brûlais d'envie!
Ah, pas de chance ! ;D
Les passages que tu as relevé sont plutôt bons et donnent effectivement la mesure de ce que réserve ce roman... Bon j'ai ri à "sous sol de l'humanité" (shame on me...).
Je le récupèrerai à Noël, cool ^^
Si c'est un test alors vas y dis moi, combien? Et encore c'était avant que je n'aille à la foire aux livres...
Sans doute que vous êtes différentes et tant mieux même. Je présume que chacune a sa sensibilité et manière de transcrire son ressenti, maintenant je ne pense pas que tu aies à souffrir de la comparaison. Vos avis se retrouvent et sont intelligents (mais permets-moi d'apprécier un tant soit plus le tien).
Quant à la couverture, je ne l'ai grillée que parce que j'ai vu que tu n'en pouvais plus de ce petit jeu du "c'est toi", "c'est pas toi", "mais si c'est pas toi alors?".... Ahahahah (bon peut être que j'avais aussi envie que tu finisses par faire le lien :p Ta "méchanceté va manquer à l'inconnue que j'étais... puisque tu l'appelles ainsi"). Trêve d’aparté personnelle, tes lecteurs vont se sentir mis à l'écart! :)
Mes lecteurs? A l'écart? Tu parles de ceux qui se précipitent pour lire trois fois le moindre de mes brillants articles? De ceux qui campent devant ma porte numérique pour me demander des autographes? Tu parles de toi, quoi. (Ou de la fidèle Alex, aux commentaires éclairés).
Si nous mettons de côté les échanges perso, que va-t-il rester, allons. Ce sont ceux qui laissent les meilleurs souvenirs.
Je relève le défi du comptage de PAL à distance. J'ai tenté de compter sur mes doigts, mais je n'en avais pas assez. Je propose donc, si l'on inclut les prêts, une PAL entre 25 et 30.
Ah pas loin pour la PAL, bravo !!!
(le reste je commente pas tu sais ce que j'en pense :p Mais j'ai souri à cause de... enfin tu vois quoi ^^)
J'aime beaucoup ta phrase "on fait rire avec, pas contre".
oh oui, tu as raison l'humour ça doit être gentillet, doux et consensuel.
Ce livre est trop méchant, c'est pas beau de se moquer.
Ahah! Je n'ai pas dit que ça devait toujours être le cas... J'ai voulu dire que si on ne cherche qu'à faire rire, je n'apprécie pas que ça soit "contre". Je préfère rire par complicité.
J'apprécie aussi d'autres formes d'humour (qui dans ce cas ne chercheraient pas spécialement à amuser le lecteur), mais qui se prêtent mieux à d'autres messages, il me semble. Car s'il s'agit ici de dénoncer la mentalité débile des campagnards en tapant un grand coup, sans se soucier du politiquement correct (et après tout pourquoi pas) comment se justifie alors la reculade finale (en fait, ce personnage n'assume ni ses propos ni ses actes, il a simplement des problèmes psychiatriques)?
Forme et fond ne se rejoignent pas, je trouve. En tout cas, pas de façon claire pour moi.