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La vie après leur mort

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Avis chrono'

Un thriller sans faille. Jusqu'au bout, j'ai conservé mon impatience de découvrir la vérité. J'ai mordillé mes lèvres en m'interrogeant, avec l'héroïne, sur sa capacité de résilience, sur les limites de sa responsabilité. Et par dessus tout, j'ai été soufflée par le réalisme de ces caractères de l'Amérique profonde.


"Des enfants qui ont... provoqué quelque chose."

La petite Libby Day a grandi. Mais de quelle manière? Elle reste prostrée chez elle sans chercher à travailler. Inutile! Quand ses fonds sont épuisés, elle fait appel à la compassion de ses semblables. Libby vole, aussi, tout ce qui lui tombe sous la main, compulsivement. Libby est l'héroïne de ce récit pourtant elle n'est guère sympathique. Difficile de lui en vouloir, car Libby, toute petite, a assisté au massacre sanglant de sa mère et de ses deux soeurs. Seule survivante, elle a permis par son témoignage de faire condamner le monstre auteur de ce crime: Ben Day, son propre frère.

Il ne faut guère qu'une poignée de pages pour tomber raide accro de ce thriller! Miam, c'est tout comme j'aime! Sans aucun temps mort, avec une construction diabolique: Adulte, Libby rencontre un lobby de "fans" qui se repaissent de faits divers sanglants. Ils ont chacun leur théorie sur ces meurtres mais pas de bol, aucune ne fait intervenir Ben... Tous le considèrent comme une pauvre victime innocente, un agneau emprisonné à tort. Le fond de commerce de Libby-vous-savez-la-pauvre-petite-Day-qui-a-survécu est mis à mal. C'est tout juste si les fans ne lui crachent pas à la figure. Bien décidée à se prouver à elle même que Ben est coupable, qu'elle ne l'a pas accusé à tort, elle accepte d'enquêter sur son propre passé.

En alternance, d'autres chapitres nous racontent cette fameuse dernière journée de la famille Day, minute après minute, on avance vers le moment fatidique, vers la révélation, parfois dans la peau de la malheureuse mère, qui s'échine à nourrir sa marmaille, écrasée de dettes, harcelée par son banquier, jugée par les voisins, quand ce n'est pas l'ex-mari violent, le parfait connard, qui revient jouer cinq minutes au père modèle, le temps de fouiller dans les tiroirs à la recherche d'un petit billet... Parfois nous suivons Ben, le meurtrier potentiel, ado isolé, gosse trop pauvre pour être populaire, malheureux à s'en rendre ivre de colère, amoureux d'une pétasse qui l'humilie, victime de ses hormones, victime de tout.

Bon sang... qu'ils sonnent justes ces personnages!  La vie sordide, crasseuse, de l'Amérique profonde, comme on dit, des fermiers endettés, des gamines qui tapinent, des esprits étroits et mesquins. De la souffrance, pas aigüe, juste lancinante, insupportable du fait de sa monotonie, de sa banalité.
Enfin un auteur qui comprend qu'un bon thriller ne se construit pas en enchérissant à coup de sang et de sperme et qu'il suffit de nous jeter à la gueule de vraies existences, de celles face auxquelles il est plus facile de fermer les yeux. Car croyez-moi, s'il y a une chose certaine, à propos des Day, c'est que leur vie fait bien plus peur que leur mort.

Ce n'est pas la seule question dérangeante soulevée par le récit. Le gentil groupe qui embauche la Libby  adulte vaut aussi son pesant de cacahuètes. Triste satire de notre société...  La mère de famille dans sa maison de banlieue qui tente de pimenter sa morne existence en écrivant à des meurtriers en prison, en collectionnant les pièces glauques d'un destin plus dramatique encore que le sien.

Ils sont terribles ces portraits, criants de vérité. Le pire de tous est celui de Libby. Il est impossible de l'aimer, culpabilisant de ne pas l'aimer, c'est une victime, pire: une enfant victime... Mais elle est si molle, à se repaître de son malheur, à ne rien faire pour se prendre en main.

Le lieu sombre du récit, c'est le crâne de cette gamine qu'un traumatisme empêche de grandir.

Ce roman coup de coeur est un cadeau d'anniversaire! Il aura passé relativement peu de temps dans ma P.A.L, comme vous pouvez le voir. S'il se trouve dans la vôtre, ne perdez pas de temps. Et s'il ne s'y trouve pas, qu'est ce que vous attendez?

Lien permanent Catégories : Urgences 5 commentaires

Commentaires

  • Il traîne dans ma PAL depuis, pffff, si longtemps que je ne me rappelle même plus ! Il faut vraiment que je me décide à l'en sortir !

  • Oui!! En urgence, surtout qu'il est bien. Tu n'auras qu'à le lire en même temps que C'era, vous échangerez vos impressions. On aura p'têt droit à un p'tit délire comme au moment d'Harry Potter... :)

  • Mais lol ^^ Je suis ok pour la lecture commune mais pas tout de suite :p Décembre?
    Je crois pas que ça se prêtera à un délire, je suis pas une psychopathe nan mais oh!

    Sinon, je trouve que tu rends parfaitement dans ton avis l'ambiance malsaine qui doit se dégager de ce thriller et du coup, en te lisant je me suis surprise à "frémir" en me disant "houla je crois bien que celui-ci va vraiment me faire peur!"

    Donc... Je le lirai presque sûr mais en prenant quelques précautions :p

  • Je l'ai beaucoup aimé. Et pour enfoncer le clou, son premier roman est encore meilleur.

  • @ C'era: Mmh et bien je rends parfaitement compte d'une atmosphère malsaine qui n'existe pas! C'est plutôt comme une tragique chronique familiale durant laquelle le meurtre passe presque au second plan, derrière les problèmes quotidiens.
    Quant à faire peur, j'ai quelques doutes. En tout cas pas pour des raisons habituelles. Pas de tueur embusqué qui rôde. Pas de harcèlement par un psychopathe. Et même s'il est question de satanisme, tu verras que ça ne fait pas "peur" mais plutôt pitié.

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