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Sur la route de Memphis

Un grand merci aux éditions Points pour ce premier partenariat mémorable!

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La route de tous les dangers, Kris Nelscott.

Etats-Unis, avril 1968. La révolte gronde dans la communauté Noire de Memphis. Les employés municipaux sont en grève. Martin Luther King est attendu pour un discours : il sera assassiné d'ici quelques jours.

Dans ce contexte pour le moins troublé, le détective Smokey Dalton reçoit une étrange visite: une femme, inconnue, dont la mère tout juste décédée vient de léguer à Dalton une somme conséquente sans aucune explication. Une Blanche.

Smokey va devoir réveiller les événements les plus sombres de son propre passé et de celui de Laura pour résoudre cette énigme.

Mon avis:

Un excellent polar! J'ai aimé ce côté témoignage historique, c'est ce qui m'avait attirée vers ce partenariat et je n'ai pas du tout été déçue. Smokey est présenté comme un ami d'enfance de Martin Luther King. C'est à travers lui que nous ressentons le racisme ambiant, plus ou moins avoué, la ségrégation, le ras-le-bol d'une communauté et la tension qui monte progressivement.

Une période finalement assez mal connue - je ne me souviens pas avoir eu de cours d'histoire sur l'Apartheid, par exemple. Sur l'esclavage, oui, vaguement... mais des 200 ans suivants que reste-t-il en dehors d'un peu d'instruction civique et d'un vague message de tolérance naïf et inefficace à destination des enfants "La discrimination c'est mal", qui gomme la progression, la réflexion, la nuance? La mention des Blacks Panthers dans ce roman a été pour moi une découverte, ou presque.

Ce côté documentaire est juste bien dosé, il laisse une large place à l'intrigue policière proprement dite. Un héritage improbable, des parents disparus, des fausses identités... Avec en filigrane toutes les questions que j'aime: Que souhaite-t-on réellement savoir de notre passé et que préfère-t-on ignorer? Est-il possible d'agir sur l'Histoire ou n'est-on condamnés qu'à être des témoins lucides mais impuissants?

A travers le personnage très touchant du jeune Jimmy, un gamin noir de dix ans, livré à lui même, l'auteur interroge aussi le rapport à l' instruction. Là dessus, la petite touche de romance qui s'impose...

Un bijou ce bouquin. Ne vous privez pas!

Autres partenaires: Paikanne , Livraison , Latitsib , Mr.Zombi.

Commentaires

  • Un livre qui paraît très intéressant...

  • Chouette, je vais le mettre directement dans ma pal, il a l'air vraiment bien !

  • J'attends avec impatience vos avis! N'hésitez pas à passer me les signaler quand ils seront écrits!

  • Je l'ai aussi beaucoup apprécié :-)

  • ben dis donc, ça a l'air d'être un vrai coup de cœur pour toi ^^ je n'irais pas jusque là mais j'avoue que c'est un très bon livre ^^

  • Pour ma part, j'ai été aussi enthousiaste que toi en lisant ce livre et c'est à regret que j'ai quitté Smokey et Jimmy. J'ai hâte de connaître la suite de leurs aventures ^^

  • J'ai pris beaucoup de plaisir à traduire 3 des 4 romans de Kris Nelscott consacrés aux aventures de Smokey Dalton. Un seul regret, que Martin Luther King apparaisse sous une forme d'icône alors que c'était un personnage fort peu fréquentable. Le jour de son assassinat, sa veuve a passé un deal avec le FBI pour qu'on ne dévoile pas avant 50 ans les films tournés par les agents fédéraux de toutes les parties fines auxquelles feu son mari (grand amateur de prostitués) avaient participé. Je me moque de son penchant pour le sexe, je supporte mal son hypocrisie et ses bondieuseries. La vie est faite de choix. Les confessions de son bras droit, le pasteur Abernathy sont édifiantes.

  • Je vous remercie pour ces précisions. Navrantes, d'une certaine façon... hypocrisie et bondieuseries, joli lot, en effet... cela me donne envie d'en savoir plus. Aurais-je le courage de me diriger vers Abernathy?

    Comme indiqué plus haut, mes connaissances historiques sont comme la peau de chagrin: déjà pas grosses, il me semble qu'elles diminuent chaque fois que je fais le souhait d'en apprendre un peu plus sur un sujet!

    Si jamais vous repassez par ces pages... je suis fascinée depuis mes années de fac par le métier de traducteur et j'en profiterais bien pour une petite question.
    Etiez-vous un expert en ce domaine avant que l'on vous confie ce travail? Ou vous êtes-vous documenté à cette occasion?

    Sans minimiser ma propre responsabilité (je manque cruellement de connaissances solides en sciences humaines) j'imagine que pour un lecteur américain, cette époque est bien plus familière, moins surprenante, donc. Je suis peut-être seule à avoir l'impression d'apprendre quelque chose...
    En ce cas, est-ce un tort de ma part de parler de polar historique?

  • Salut Sound & Fury,

    "Je vous remercie pour ces précisions. Navrantes, d'une certaine façon... hypocrisie et bondieuseries, joli lot, en effet... cela me donne envie d'en savoir plus. Aurais-je le courage de me diriger vers Abernathy?"
    La réponse t'appartient, mais il y a tant de choses plus passionnantes à lire.

    "Comme indiqué plus haut, mes connaissances historiques sont comme la peau de chagrin: déjà pas grosses, il me semble qu'elles diminuent chaque fois que je fais le souhait d'en apprendre un peu plus sur un sujet!"
    Je vis en Amérique, je suis nord-américain, mes références sont nord-américaines. Je n'ai aucun mérite. J'ai écrit une nouvelle sur la mort de King parue dans A l'est d'Eddy, je te l'ai mise en PJ..

    "Si jamais vous repassez par ces pages... je suis fascinée depuis mes années de fac par le métier de traducteur et j'en profiterais bien pour une petite question.
    Etiez-vous un expert en ce domaine avant que l'on vous confie ce travail?"
    Pas du tout. Il n'y a pas d'école de traducteurs littéraires. Un jour, chez Gallimard, entre 2 portes, un directeur de collection m'a tendu 2 livres en me disant "Tiens tu vas me traduire ça". Je reprenais l'avion 2 heures plus tard. A part l'autobio de Johnny Cash, je n'avais rien traduit. J'ai accepté sans savoir si c'était bien payé et si j'y arriverais. Depuis j'en ai traduit 40. Tu peux travailler n'importe où sur la planète et ça permet de vivre. Ou vous êtes-vous documenté à cette occasion?Non. Je suis arrivé aux Etats Unis en 1970 pour rencontrer mon idole (J.J. Cale), c'était peu de temps après la mort de King. Pour traduire des romans US il faut avoir vécu aux Etats-Unis. Dieu sait (peut-être, je suis athée) que je préférerais une Amérique sans les Américains mais ils ont une culture. Elle vaut ce qu'elle vaut, mais elle existe. Tout y est très référencé. Les connaissances de la langue, c'est 50% du background exigé pour devenir traducteur, le reste tu l'apprends sur le route à faire 1000 métiers 1000 misères. Tu accumules des connaissances sans t'en apercevoir et un jour tu t'aperçois que tu peux te lancer dans la traduction.

    "Sans minimiser ma propre responsabilité (je manque cruellement de connaissances solides en sciences humaines) j'imagine que pour un lecteur américain, cette époque est bien plus familière, moins surprenante, donc."
    Même pas. Ils savent pas grand-chose. Ils ne sont pas curieux. 82 % d'entre eux n'ont pas de passeport, ces gens-là connaissent leur Etat et c'est tout

    "Je suis peut-être seule à avoir l'impression d'apprendre quelque chose... En ce cas, est-ce un tort de ma part de parler de polar historique?"Non, c'est exactement ça.

    Rock on

    Luc

  • "il y a tant de choses plus passionnantes à lire."
    Et que lit un traducteur Nord Américain quand il lit pour le plaisir?

    "Les connaissances de la langue, c'est 50% du background exigé pour devenir traducteur" Non, rien à ajouter. Je trouve ça très juste. C'est ce qui me fascine.

    "Même pas. Ils savent pas grand-chose. Ils ne sont pas curieux. 82 % d'entre eux n'ont pas de passeport, ces gens-là connaissent leur Etat et c'est tout"
    Bah, c'est déjà pas mal... Je n'ai même pas encore eu le temps d'explorer mon quartier... ^^

    Plus sérieusement, je ne connais rien du système éducatif américain. Il doit bien y avoir un programme officiel en histoire ou quelque chose du genre, non?

  • Un traducteur lit pas mal de romans américains que lui demandent de lire certains éditeurs qui hésitent à acheter les droits de tel ou tel roman. Beaucoup de déchets, hélas, mais mon avis est subjectif.
    Je lis et relis les romans de mon meilleur chum, le Français Michel Embareck. Personne ne lui arrive à la cheville en France. J'espère qu'un jour la célébrité lui tombera dessus, ce serait 1000 fois mérité. Quel souffle ! Quelle truculence ! Quel souci du mot juste ! Quelle drôlerie ! Quelle langue !
    Je relis mes "classiques" à moi : Morrison, Céline, Simonin, Le Breton, Dard, etc.

  • Merci de cette précision, j'espère que vous ne me trouvez pas trop indiscrète. J'aime bien savoir ce que d'autres lisent!

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