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Cujo à toutes jambes!

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Cujo, Stephen King

Dans le cadre du challenge proposé par Neph, retrouvailles (timides au début), avec Stephen King, qui a beaucoup marqué mon adolescence. Mon « choix », si l'on peut dire, s'est porté sur Cujo car c'était le seul des titres disponibles à la médiathèque que je ne connaissais pas encore.

Rien à voir avec ce que j'attendais du titre (pas grand chose, à vrai dire). Et tout à voir avec mes souvenirs de cet auteur: des débuts très très lents, une mise en place méticuleuse, qui laisse deviner toute la suite sans pour autant nous gâcher le suspense. Comment fait-il cela? Aucune idée.

Quelques familles dans l'état du Maine. Je n'irai pas jusqu'à dire « vie banale ». Je suis toujours un peu mal à l'aise face aux personnages peints par King. Des hommes rustres et brutaux qui battent leur femme résignée et sont incapables de leur donner du plaisir ou simplement un peu d'amour. Je trouve que chez lui, tout ce qui a trait à la sexualité est toujours malsain ou inquiétant. Mais je suis loin d'être une experte, mes souvenirs me trompent peut-être.

Dans Cujo, deux familles principales. Dona et Vic, dont le couple subit quelques remous. Et les Cambers, heureux propriétaires de Cujo, un énorme et inoffensif Saint-Bernard qui, un jour, attrape la rage.

Toute la tragédie est là, il n'y a plus qu'à laisser dérouler comme dirait un auteur que j'affectionne.

Le tout extrêmement plausible, c'est sans doute là que réside l'horreur, même si ce n'est pas exactement ce que j'ai ressenti à la lecture. Du suspense, oui, mais pas de terreur. Un chien, même malade, reste un chien. J'aime les chiens.

Un peu de surnaturel mais pas trop. Une pincée de rêves prémonitoires, de troublantes coïncidences...

Challenge_king.jpg

Je pensais valider une partie de mon challenge A vos Masques, mais finalement, non. Je n'ai pas eu peur, j'ai simplement été très très tendue, tenue en haleine, au point de ne pas pouvoir lâcher le livre alors que les heures dévolues au sommeil défilaient sur mon réveil. Mais quand j'ai éteint vers 2h, une fois la dernière page tournée, je n'ai pas eu de mal à m'endormir.

Je pense que je peux faire mieux côté peur, mais j'ai aimé Cujo!

Qui ne compte donc que pour le challenge Stephen King. Je vais tâcher de voir le film rapidement.

Un bon site: Club Stephen King

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Commentaires

  • ça répond à mes questions ;)
    C'est clairement loin d'être mon préféré.
    Je ne savais pas qu'il y avait un film par contre, je me demande ce que ça peut donner tiens !

  • Le film est super je trouve , Il ne fait pas non plus horriblement peur, mais a certain moment sa nous stress , Mais autrement j'adore ce film a voir et a revoir !

  • Attends, tu me fais peur! Hé! j'espère bien qu'il y a un film. J'en ai besoin pour le challenge! Suis presque sûre d'avoir vérifié avant de... Mais j'étais à la biblio... Arf... Je vais voir.

    ...

    Ouf. Film de 1983. Moi aussi je me demande ce que ça peut donner; Tu veux t'inviter pour une soirée ciné?

  • Je lirai bientôt mon premier King. Celui là me plaisait bien mais j'en ai pris un autre, à voir peut être si cela me plait.

  • Je suis allée voir quelques images du film, pas convaincue que ça soit mon style... je te laisse tester ! ;)

  • J'en garde un très bon souvenir. Pas le meilleur du King mais un roman honnête qui se laisse lire avec plaisir.

  • Pour commencer ce challenge, je lirai "Shining". (Mon premier Stephen King aussi :)
    Mais Cujo me tente bien aussi. Je le lirai sûrement.

  • J'ai lu Shining mais je n'en garde pas un grand souvenir...

  • Après Shining, j'ai passé quelques semaines à flipper dès que mon rideau de douche bougeait, à cause de la scène de la vieille femme dans la baignoire... hiiiiiiii

  • Rho.... alors c'est pire que ce que je pensais, je n'ai AUCUN souvenir de ce livre... A part quelques images de maison déserte. Point de douche, dans mon esprit.

    Cela me terrifie. Cette semaine une collègue m'a demandé si je connaissais le prénom de l'écrivain Lenoir, auteur de la promesse de l'ange. J'ai répondu "Je connais pas".
    Elle a changé de pièce mais je l'ai entendu raconter à d'autres l'histoire, qui se passait au Mont Saint Michel. ça m'a fait qque chose... comme un vague souvenir. En rentrant j'ai consulté mes archives. J'avais lu le bouquin en 2004! Ce n'est pas si vieux et aucun souvenir.

    Cela t'arrive aussi? Je deviens vieille et gâteuse ? ou je lis mal??

  • Je me souviens mieux des bouquins depuis que je fais des "fiches de lecture" dessus !
    Mais certains ont complètement disparu de ma mémoire, soit parce que le livre n'avait rien de marquant, soit parce que je n'étais pas réceptive pour diverses raisons au moment de ma lecture.
    Et souvent mon souvenir est plus composé d'impressions floues (peur, nostalgie...) que de faits précis se déroulant dans l'histoire.

  • J'ai lu Cujo il y a bien longtemps mais j'avais bien aimé !

    Shining aussi d'ailleurs qui est plus compréhensible que le film, si mes souvenirs sont bons ! Film que j'aime beaucoup aussi !

  • @ Radicale : Tu fais des fiches systématiquement? Je me contente de les inscrire dans un "registre", qui commence en 1996. Mais je ne dis rien sur l'intrigue, ça ne m'aide pas à me souvenir après.

    @ Frankie : Je ne crois pas avoir vu beaucoup de films adaptés de S. King. en dehors de DreamCatcher et surtout de la ligne verte, que j'ai adoré, mais c'est un peu à part.

  • Je le fais systématiquement pour les romans depuis 3 ans, au début c'était quelques lignes sur l'histoire et sur que j'avais aimé ou non ; depuis que j'ai ouvert mon blog, j'essaie de développer et de soigner un peu plus !
    Mais c'est vrai que ça demande du temps :(

    Je plussoie pour la Ligne verte !

  • Cujo a été mon premier King, et ainsi ma première immersion dans son monde ! j'ai beaucoup aimé et j'en garde un excellent souvenir ! je dirais presque que c'est le meilleur King pour moi, mais c'est parce que c'était mon premier aussi !

  • @ Cacahuète: Je suis plutôt d'accord, c'est un de mes préférés, au final. Ah, j'avais oublié Talisman écrit avec Peter Straub. Très bien ficelé aussi!

    @ Radicale: Et quelle forme cela prend-il? Papier? Chez moi, petit classeur jaune. Je n'arrive pas à me décider à passer à l'équivalent informatique, j'ai trop souvent perdu des données dans de mémorables crash pc, malgré les sauvegardes.

  • Les Stephen King que j'ai lus à l'adolescence ne me restent que sous forme d'impressions... Le challenge avait justement pour but de me les remettre en tête ! Le pire, c'est pour les Agatha Christie : je les confonds tous et les oublie dès que je les ai terminés...
    Merci pour ta participation :)

  • (Si tu peux, essaie de rajouter un lien depuis ton article jusqu'à mon blog ! Merci :D)

  • Je pensais l'avoir fait. C'est réparé.

    Même constat. Des impressions pour les Stephen King et je confonds les Agatha Christie. A l'exception des plus emblématiques. Les dix petits nègres, le meurtre de Roger Ackroid, le crime de l'Orient Express...
    Souvent, je me souviens de détails de l'intrigue, sans pouvoir les associer à un titre.
    Par exemple une histoire de femme enceinte ayant attrapé la rubéole (rougeole?).

    J'ai vu les huit premières minutes de Cujo, le film ^^ Je continue cette semaine.

  • pour mes "fiches" : au début, je les enregistrais sur un fichier Excel. Maintenant j'utilise "Google Documents", qui me permet de les stocker en ligne, et de travailler dessus à partir de n'importe quel ordinateur avec connexion internet.
    Quand j'étais sur fichier, je m'envoyais régulièrement mon fichier par e-mail, comme ça même si ton pc crashe, tu peux le récupérer sur ta boite mail (je faisais ça pour mes devoirs pendant mes études aussi, ça rassure quand tu arrives à 100 pages de mémoire !!)

  • Je ne suis pas assez organisée, j'oublierais tout le temps d'envoyer le fichier!
    Je ne connaissais pas du tout google document. Merci pour l'info, Radicale!

  • Cujo je l'avais adoré (bon pour être honnête, il y a pas beaucoup, pour ne pas dire aucun King que je n'ai pas apprécié ^^') justement parce que c'était tout à fait possible qu'un chien attrape la rage et devienne comme ça (même si je pense que c'est dans une moindre mesure (en tout cas je l'espère lol))

    Bien qu'ayant pas mal vieilli, l'adaptation en film reste assez honnête et convaincante je trouve ^^ (tu en as pensé quoi si tu l'as vue ?)

  • Alors... euh... hum... comment dire? J'ai vu les 5 premières minutes seulement pour l'instant... Mauvaise qualité, tout ça tout ça... (mine contrite). Je m'y remets dès bientôt.

  • Le roman "Cujo" et son adaptation cinématographique ont toujours été vendus comme des oeuvres de terreur, d'épouvante ; ce qu'ils ne sont pas à mon avis.
    Le roman de King va bien au-delà du simple roman de collection de terreur dans lequel il a toujours été classé.
    Le sujet de ce roman n'est pas le chien enragé, mais la culpabilité d'une femme adultère qui prend la forme d'un chien enragé qui la menace, projection psychique mais néanmoins bien réelle, sorte de punition pour sa "mauvaise conduite".
    A cette culpabilité atroce, s'ajoute le fait que son propre fils soit également entraîné dans cette histoire d'adultes et y laisse la vie.
    En somme, c'est un bon roman qui développe - sous la forme d'un récit à suspens, la dénonciation de la situation féminine dans l'Amérique profonde des années '80 puisque surnagent les trajectoires de 2 femmes fortes, à la fois actrices de leurs vies, mais aussi victimes de leur statut d'épouses : Donna et l'épouse du propriétaire de Cujo.

  • Je ne vais jamais si loin dans l'analyse (vague... non, tsunami de culpabilité)

    Cela dit je suis ravie qu'on m'y emmène et si tu permets, je vais ajouter des questions. Je suis évidemment d'accord avec l'analyse sur la femme adultère (je me réfère au souvenir que je garde du livre, car si j'ai vu le film il y a moins de deux semaines, je ne l'ai pas du tout apprécié.)

    C'est la fin de ton analyse qui m'intrigue. Amérique profonde, oui. Dénonciation, déjà, j'ai un peu plus de mal à la sentir. Je ne ressens pas King comme un grand défenseur de la femme, dans Cujo. A quoi remarques tu cela?
    Je ne trouve pas les personnages féminins si attachants au final. Ce sont des victimes, mais pour lesquelles la compassion ne s'éveille pas facilement.
    Pour la femme du garagiste, encore, ça fonctionne. Femme forte, pour elle, ok.

    Mais Dona est-elle à ce point une figure positive? Elle se défait de son amant, c'est vrai... Et puis? Elle échoue à sauver son enfant. Et si j'avais dû réfléchir à la question, j'en aurais conclu, à l'inverse de toi, que King ne niait pas sa responsabilité et que la culpabilité symbolisée par le chien sonnait un peu comme un "c'est bien fait pour toi, tiens!". Tu penses que c'est l'opinion d'une majorité (d'hommes?) et qu'elle est dénoncée par l'auteur?
    Tu m'en dis un peu plus? S'il te plaît?

    Suis curieuse, justement, car je suis en pleine lecture de Misery. Je n'en suis qu'au début, mais je vois surtout la "femme sorcière", la femme négative pour l'instant.

    _____________
    J'ajoute, pour ma défense, que cherchant un livre "pour faire peur", j'ai pensé, à tort peut-être, à King. Mais j'ai pris au hasard un titre sur l'étagère de la médiathèque et comme je ne lis jamais les résumés... Je ne savais même pas qu'il était classé quelque part dans le genre "horreur/épouvante". Pour ma part, je l'en ai exclu en le lisant.
    C'est même la conclusion de mon billet.

  • Concernant l'utilisation du terme "dénonciation" : pour avoir lu pas mal de romans de King depuis une vingtaine d'années, on peut aisément affirmer que cet auteur n'est pas un auteur à thèses, je te le concède.
    Ceci dit, si tu y regardes de plus près, une très grande partie des personnages principaux de ses oeuvres sont des femmes, souvent confrontées à la violence des hommes et/ou des institutions morales (famille, religion) et tentent de s'en affranchir par tous les moyens, même les plus désespérés ou illégaux (l'adultère et le meurtre en font partie).

    Cette récurrence de personnages féminins forts laisse à penser que King prend fait et cause pour les femmes qui refusent de courber l'échine et compatis avec les humiliations que certaines d'entre elles subissent au quotidien, dans un pays occidental comme les Etats-Unis.

    Ne dit-on pas que parler d'une chose, c'est commencer à contribuer à sa dénonciation ?

    Je trouve que dans "Cujo", peut importe que les personnages féminins soient attachants ou pas, le fait est qu'ils existent, ils ont une belle épaisseur dramatique et ce, d'autant plus facilement qu'ils ont en face d'eux des personnages masculins falots, inexistants quand ils ne sont pas lâches.

    Est-ce-que l'irruption tragique du chien qui provoque la mort de Tad a une fonction punitive ?...
    Le problème des américains (on voit surtout ça aussi dans le cinéma) est qu'ils ont une conception du monde très manichéenne (la morale religieuse omniprésente dans le quotidien des américains y est pour beaucoup). De là à déduire que Cujo symbolise le tranchant de l'épée moralisatrice, il n'y a effectivement qu'un pas, mais c'est essentiellement parce que Donna ne se pardonne pas elle même son adultère que son fils est comme qui dirait "sacrifié" pour la punir et incidemment la laver de son péché (encore la religion catholique, tu vois ! :-) ).

    Quant à l'"héroïne" de "Misery", je la verrais pour ma part, plutôt comme une victime (tu verras une fois le roman terminé, elle est plutôt pathétique) : elle est faible d'esprit, influençable et accorde une importance disproportionnée et irrationnelle au personnage fictif de Misery Chastains (un peu comme la mère de Carrie - à la fois bourreau et victime - qui, pour le bien de sa fille, cherche à la soumettre aux diktats aveugles d'une forme fondamentaliste de la religion catholique).

  • C'est très convaincant. Je commence à revenir un peu de mon impression première qui aurait été de voir chez King une sorte de condescendance envers les femmes, trop imparfaites et "pécheresses", oui, d'une certaine façon, c'est le mot qui convient.
    Pas gâtées non plus côté mari, en général... Ou alcooliques, ou brutaux, violents, incapables de donner du plaisir et souvent, de l'amour. Existe-t-il des familles heureuses chez cet auteur? La famille, dans l'imaginaire américain, ça vaut bien la morale religieuse, non?

    Mais je réfléchis à vide. Mon corpus est réduit, je ne garde que des souvenirs imprécis de mes lectures d'adolescences (Sac d'os, Shining, Dead Zone, Talisman, Désolation, La ligne verte, Minuit 2 et 4). C'est d'ailleurs pour cela que je m'étais lancée dans ce challenge. Il me manque quelques incontournables comme "Christine", "Salem", "Simetierre".

    Tu as l'air d'être passionné(e?). En aurais-tu un à me conseiller pour la suite?
    Vers quels romans vont tes préférences?
    J'ai lu sur Babelio que tu n'appréciais guère les titres les plus récents.


    Je te remercie d'être venu échanger avec moi, les visites de connaisseurs qui n'hésitent pas à creuser un peu sont toujours très agréables! Elles me rappellent mes années d'étude (mais dans le bon sens, pour une fois) et le plaisir que j'avais à découvrir dans des textes ce que je ne savais pas trouver seule... ça me manque.

    Malheureusement, à tout décortiquer, j'avais fini par user mon appétit de lectrice...
    Je n'ai pas encore trouvé d'accès satisfaisant à la culture. Je cherche, je cherche...

  • Tout d'abord meilleurs voeux et bonnes lectures pour 2011 ! :-)

    "Très convaincant", dis-tu ? Mon but n'était pas de te convaincre absolument, mais surtout d'argumenter clairement, sans trop de "bla-bla" ampoulé, le pourquoi des déductions que je tire de mes lectures de King.

    Je n'ai pas souvenir qu'il existe des familles heureuses dans les romans et nouvelles de King, en tous cas (j'en ai lu beaucoup certes, mais je n'ai pas la prétention de me souvenir de tout en détail, et il se peut que j'oublie ce qui ne vient pas conforter mon interprétation...).
    Dans les titres que tu as cité pour les avoir lus par exemple, observe bien l'état de la cellule familiale : familles séparées, monoparentales, couples en cours de séparation, enfants livrés à eux-mêmes et/ou mal-aimés, crise d'adolescence critique.
    Je pense aussi que King puise énormément dans son vécu lorsqu'il était enfant : issu d'une famille monoparentale (son père ayant mis les voiles très tôt), ceci explique cela, je suppose.

    Tu as raison : la famille, tout comme la morale et la religion, se valent dans les valeurs américaines et le talent de King est précisément de malmener cet ordre.
    Le genre "fantastique" étant précisément le renversement de l'ordre établi, la mise à mal de la normalité par l'irruption progressive d'un ordre autre (perturbateur de préférence), il est normal que King s'empare du quotidien de l'américain lambda pour le malmener et ainsi donner chair à ses histoires et les rendre crédibles et attirantes.

    Je ne suis pas vraiment un "passionné", car depuis pas mal d'années, les écrits de King me déçoivent énormément.
    Je ne suis pas non plus le genre d'aficionado "geek" et monomaniaque qui ne jure que par cet auteur (même s'il m'arrive de relire des romans de lui que je connais déjà).
    Disons que j'analyse les écrits qui m'ont plu parce qu'à force et que pour avoir passé de nombreuses années à les lire, j'y vois une certaine cohérence.

    Que te conseiller d'autre de King, me demandes-tu ?
    Ceux que tu prévois de lire font partie de ce que je considère parmi les meilleurs (notamment "Simetierre" qui est - à mon humble avis - le plus sombre et le plus nihiliste de ses écrits).

    Je te conseille chaudement "Ca" et aussi "Le Fléau", qui méritent largement le détour.
    Et bien sûr, l'immense saga de la "Tour sombre", pierre angulaire et somme de son oeuvre, mais qui ne plaît pas forcément à tout le monde, vu qu'on nage ici en plein mélange de dark fantasy, fantastique, SF.

    Quant à la manière dont on apprend à soit-disant apprécier la littérature à l'Education Nationale, je suis beaucoup plus circonspect...
    J'ai trouvé que la manière de l'enseigner ressemble plutôt à de la vivisection (aime-t-on et connaît-on mieux les animaux en les découpants une fois morts ?... Pas sûr...).
    Ce qu'on nous apprend à l'école ne devrait être qu'un tremplin pour mieux savoir apprécier la littérature par soi. Or, j'ai trouvé au cours de mes études que l'on est plus proches du dégoût que de l'amour... Je suis certain qu'un grand nombre de mes camarades de classe ne prennent plus un livre en main pour en avoir été dégoûtés par l'école...

  • Ton dernier paragraphe rejoint mes préoccupations. Je me demande ce que pourrait être un enseignement réussi de la littérature. Je ne suis pas certaine en même temps que les livres entrent véritablement dans le cadre de ce qui peut s'enseigner. Mais cette assertion me dérange tout autant, parce qu'alors, il me semble que j'en fais quelque chose d'élitiste.

    Dans l'idéal, le contact avec le texte suffirait à faire naître le désir et l'amour de lire. Mais je ne sais pas comment déclencher un contact spontané et sans pression chez les élèves. Les termes eux-mêmes se contredisent, non?

    Si je pense que ça doit se faire seul, alors j'exclus ceux pour qui, non, vraiment, lire n'est pas un acte naturel et allant de soi.
    Mais si j'estime qu'il faut accompagner alors, comment? Rien de ce que j'ai expérimenté ne me semble vraiment au point... Dégoût, refus... Oui, c'est bien tout ce qui reste chez la majorité.

    Moi-même, quand j'étais encore étudiante (en lettres), j'ai cessé de lire.
    Ce tarissement est inquiétant. Je ne l'ai connu qu'après le bac parce que mon amour des livres m'a protégé longtemps. Je lisais ailleurs; Je ne me souviens d'ailleurs presque d'aucune lecture "scolaire".
    Mais au tout début du collège, déjà, combien estiment avoir déjà tourné, définitivement, sans regret, leur dernière page? Trop. C'est triste.

    Quel genre de tremplin imagines-tu?

    Si tu veux que je m'engage avant toi dans cette voie glissante "trouver des solutions à un problème vieux comme le monde", je me lance:

    Il faut s'asseoir n'importe où et lire à voix haute, pour les élèves. Et c'est tout. Surtout ne rien analyser, ne rien demander, ne rien commenter. Juste tourner les pages.

    Et renouveler souvent l'expérience. Plus souvent que ne le permettent les rares heures rescapées de "français" (qui est tout sauf de l'initiation à la littérature. Il faudrait différencier.), et la demande croissante, de tous les côtés, de "rendement", "d'efficacité", de cases à "compétences" et autres idioties chronophages.

  • Vaste débat soulevé par ta dernière réponse...

    Je ne voudrais pas m'engager sur un terrain que je ne maîtrise pas : à savoir que - n'étant pas enseignant, j'estime être mal placé pour te révéler la formule secrète qui va intéresser tout à coup la majorité de tes élèves d'un coup de baguette magique.

    Tout au plus pourais-je étayer en multipliant les anecdotes personnelles remontant à mes souvenirs du collège et du lycée, mais au fond, quel intérêt ?...
    Et puis mon exemple n'est pas parlant : durant ma scolarité, je faisais partie de cette race de bêtes curieuses qui ont toujours aimé lire (certains me surnommaient "l'intello" juste parce que je leur préférais la compagnie des livres et me suffisais à moi-même). Il n'a donc pas fallu pour mes enseignants me faire venir au livre, mais plutôt m'aiguiller vers des lectures différentes.

    Contrairement à toi, j'ai des souvenirs très précis de mes lectures scolaires : mes tout premiers livres d'apprentissage à la lecture (la méthode "Rémi et Colette" !), je garde un souvenir ému de "Crin-Blanc" lu en classe de CE1 ou CE2, d'une version jeunesse de l'odyssée d'Ulysse... ; et puis il y avait ceux que mes diverses maîtresses me prêtaient pour les vacances d'été (des Jules Verne, notamment).

    J'ignore les raisons de cette attirance car à la maison, les livres ont toujours été inexistants (à part dans ma chambre une fois l'argent de poche venu).
    Pour ma famille, lire est un acte superflu et la présence de livres à la maison, une chose assez suspecte, j'ai malgré tout persévéré sur cette voie.
    Ce qui m'amène à cultiver une certaine intolérance à l'égard des élèves "molasses" (issus de catégories sociales basses ou pas, de l'immigration ou "français de souche") qui se cachent dans le sempiternel discours d'auto-commisération pour justifier leur paresse intellectuelle et/ la crasse ignorance dans laquelle certains éléments se complaisent : à mes yeux, le soi-disant déterminisme contre lequel on ne peut rien n'existe que pour se donner bonne conscience.
    Je suis moi-même issu d'une famille d'immigrés quasi analphabètes ; chez moi, pas de diplômés ou de cadres, pas de budget pour la culture, la télé et ses programmes navrants pour tout hobby. C'est pourquoi ces discours bien-pensants me font doucement rigoler.

    Pour trouver les livres que je ne pouvais acheter à la fin des années '70-début '80, j'allais en bibliothèque municipale qui - aux dernières nouvelles - ont été et sont toujours gratuites (ou si peu chères).
    Aujourd'hui, le progrès qui facilite l'accès à l'information décuple de loin les possibilité d'accès à la culture telles que je les ai connues étant enfant. Mais la culture, c'est comme toutes les choses vertueuses en ce monde : ça demande de l'effort, du travail, de la curiosité et de la persévérance (bon, j'arrête de faire mon vieux con).

    Tu as raison, je ne pense pas que l'amour de la lecture soit une matière qui s'enseigne.
    Personne n'est en mesure d'expliquer, de démontrer, ni même de laisser concevoir à un non-lecteur, l'ampleur du plaisir créé par l'intimité existant entre un lecteur et son livre ; le plaisir que représente cette immersion dans l'indicible bulle d'imaginaire est une chose unique à chaque lecteur et il n'existe pas de cours pour ça.
    Tant pis pour ceux qui passent à côté de ça (et il n'y a aucune forme d'élitisme à parler ainsi, je trouve).

    Je ne suis pas persuadé que lire à voix haute pour les élèves soit une bonne solution pour leur faire partager le plaisir d'un texte (au risque de passer pour une douce originale au mieux, pour une folle casse-pied au pire).

    Si tu es enseignante comme le laisse supposer ton message précédent, alors ton rôle est - à mon humble avis - de détecter les quelques éléments chez qui cet intérêts pour le livre sommeille ou se manifeste (ils sont en général très peu nombreux dans une classe) et de les aider à le faire fructifier, le canaliser, de te mettre au service de cet intérêt.

    Le souvenir de ces enseignants (profs de français, toujours :-) ) qui m'ont poussé à nourrir mon intérêt pour le livre reste gravé dans mes souvenirs. Je porte leur souvenir en moi pour toujours et il ne se passe pas de mois où je n'ai une pensée pour eux lorsque je suis ému, touché ou enrichi par un livre.

  • Au CP, chez moi, c'était Ratus, Mina et des petits animaux rigolos.

    "détecter les quelques éléments chez qui cet intérêts pour le livre sommeille ou se manifeste". Oui, bien sûr. Sauf que comme cela se fait sans problème, je ne m'arrache jamais les cheveux là dessus. Ceux-là roulent seuls, et lorsque dans quelques années il n'y aura plus que des profs made in E.N.T, des écrans et les trucs à cliquer, ils s'en sortiront aussi bien.

    C'est l'autre partie, "ceux qui passent à côté de ça" qui m'inquiète. Peut-être que je n'arrive pas à me dire comme toi "tant pis" parce que d'une certaine façon, je suis la responsable, celle qu'on va montrer du doigt en disant "elle n'a pas su donner envie".

    Mais c'est au delà de ça. Je ne crois pas plus que toi au "déterminisme". Mais alors, s'ils peuvent... s'ils sont "molasses", quoi faire? Rien?
    C'est dur, ne rien faire.
    Surtout que c'est la meilleure partie du travail, la seule qui ait vraiment un sens.

    Mais, soit... Je ne peux suffire à botter tous les derrières et il faut un minimum d'effort personnel. Suis d'accord, suis d'accord. (soupir)

    Pour changer un peu de sujet: ma bibliothèque est minable, je passe mon temps à la bibliothèque, depuis toujours. Lieu essentiel!

    J'ai presque terminé Misery! Je ne sais pas encore ce que je vais penser d'Annie (orthographe? Audio-livre...) . L'intensité est montée d'un cran, j'ai hâte de savoir comment ça va finir...

  • "Ratus, Mina et des petits animaux rigolos" dis-tu ?... J'y vois là une forme du syndrome de l'anthropomorphisation disneyienne (ou l'américanisation-mondialisation des esprits dès l'âge tendre :-p ).
    Plus sérieusement : de quelle décennie date cette méthode de lecture ? (par simple curiosité et non pas parce que je m'y connais en méthodes de lecture).
    "Rémi et Colette" remonte à la fin des années '70.

    "Profs made in E.N.T." ? Je n'ai pas compris l'allusion, désolé ("Education Nationale" quelque chose ?...).

    C'est vrai, tu as raison : les élèves curieux s'en sortent seuls.
    Mais il ne faut pas les négliger, je pense.
    Ils ont parfois de fâcheux goûts littéraires (comme moi qui ne lisais que du King, des récits d'épouvante et de terreur, ou des bouquins sur le paranormal).

    Il est bon - comme je le disais - d'ouvrir leur champ littéraire si besoin, comme par exemple les aiguiller vers le roman épistolaire "Dracula" de Bram Stoker s'ils viennent à faire preuve d'un intérêt déraisonnable pour le vampirisme en littérature et se bornent à aduler la saga "Twilight", par exemple :-D (je taquine ici les lecteurs de ces oeuvres qui envahissent les rayons des librairies mais que je n'ai pas lus).

    On sent à te lire, un réel souci - noble et respectable - pour "les autres", ces élèves qui ont besoin que l'enseignant soit derrière eux.
    C'est louable, certes, et je ne voudrais pas interférer avec ta déontologie professionnelle, mais prends garde à ne pas en faire une lutte sans fin contre ces fameux "moulins à vent"...

    Tu ne devrais pas culpabiliser parce que certains de tes élèvent échouent, je pense.
    Je trouve que le discours ambiant sur la soi-disant responsabilité unique des profs dans la médiocrité de l'enseignement est chose facile.
    J'y vois pour ma part une façon facile et lâche des familles de se décharger de leur devoir d'éducation qu'elles n'assument pas entièrement (à entendre les récriminations des parents lorsque surviennent les grèves des enseignants, l'école semble se résumer à une sorte d'antichambre gratuite de la garderie !).

    Dans le cadre de ma profession, il m'arrive d'animer des TP de "méthodologie à la recherche documentaire" pour des étudiants de L1 à L3 (d'une vingtaine d'année, donc).
    Le schéma est strictement le même que pour une classe traditionnelle (bien que je n'ai pas la même pression que toi : je ne rencontre ces promos qu'une seule fois, à l'occasion d'une séance de 2h à chaque fois, pas de suivi à proprement parler).
    Il y a les (rares) individus intéressés et dont les yeux brillent... et puis il y a les autres... Des "fatigués de la vie" au regard bovin, des zappeurs d'info plus intéressés par les commentaires de leurs camarades sur "Facebook" que par leur avenir ; ceux-là même qui zapperont les événements qui jalonnent une vie "classique" au moindre problème, comme ils zappent ou cliquent sur leurs divers écrans lorsque pointent les premiers picotements de l'ennui...

    Je ne suis pas excessivement vieux, l'ordinateur faisait déjà plus ou moins partie de mon quotidien étant ado (j'ai connu les ordis Amstrad ou Amiga) mais je suis saisi de sidération lorsque je constate à quel point cette génération d'ados a déjà intégré les pires travers des toutes récentes technologies du Web, celles qui poussent nos jeunes à être "connectés" pour exister parmi ses pairs !

    Pour tout avouer, je me destinais initialement à l'enseignement... mais j'ai laissé tomber, essentiellement par crainte d'avoir à affronter des hordes hostiles de boeux agressifs et arrogants (face à l'insolence de ces têtes blondes issues de la génération de l'enfant-roi, j'aurais eu la main leste, ce qui m'aurait attiré de gros ennuis à l'heure où tout se règle dans les tribunaux pour gifler de grossiers avortons contrariés...).

    Bref... peut-être que je cherche à justifier ma lâche attitude, alors que tu sembles te soucier sincèrement du devenir de ceux qui sont laissés au bord du chemin... En tous cas, cela t'honore.

    Tu écris : "ma bibliothèque est minable, je passe mon temps à la bibliothèque"... Tu opposes ta bibliothèque personnelle à la bibliothèque municipale, si j'ai bien compris ?...
    Pas grave : je ne suis pas du style à jouer à celui qui la plus grosse bibliothèque, tu sais...
    Et puis c'est bien d'emprunter en municipale : le gros avantage c'est que tu lis tes livres puisque tu es soumis à une date de retour ! :-)

    "Annie (orthographe ? Audio-livre..." : j'avoue là encore ne pas avoir compris ton allusion...

    Tu vois ? Tu le constates par toi-même : les actuels écrits de S. King ne te collent plus cette envie irrépressible de les terminer pour savoir comment cela se termine (je me souviens avoir été plongé dans le même état de fébrilité lorsque je lisais "Misery"... et d'autres de cette période bénie !).

  • En cherchant la référence exacte à Ratus (j'ai trouvé cela.) je viens de voir qu'il existait un groupe facebook de ceux qui ont appris à lire avec cette méthode. Rien que cela devrait m'inquiéter.

    Alors comme ça on demande insidieusement l'âge des filles?
    Je dirais... fin des années 80, environ.

    E.N.T c'est environnement numérique de travail, si je me souviens bien. Un truc de la fac.

    Quant à la seconde allusion à "Annie", ce n'en est pas une. Je m'interrogeais simplement sur l'orthographe d'Annie/Anny parce que je "lis" misery en livre-audio, j'avoue tout. Deux heures de route chaque jour et besoin de m'occuper. Donc parfois, j'ai des doutes sur l'orthographe des noms propres.

    Pas trop envie de parler boulot. D'abord, ici, je tâche de ne pas trop en parler. A la fois par discrétion et parce que justement, j'ai besoin d'oublier. ça fait longtemps que les moulins à vent ont eu raison de moi.
    Un bastion tient encore: le refus de céder à la tentation de leur faire lire un "truc sympa" (pour eux). Pas de Twilight au programme. S'ils peuvent lire seuls, pas besoin de moi.


    Non, je ne compare pas ma bibliothèque à celle de la municipalité. Cela ne me viendrait même pas à l'esprit!
    Je constate simplement que je suis une emprunteuse, non pas une acheteuse de livres (sauf crise de démence acheteuse, comme ces dernières semaines. Mais c'est très rare).

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