Le diable de Radcliffe Hall, Stéphanie des Horts
Discipline, vous voyez ? Un article tous les deux jours jusqu'à retrouver la paix intérieure. Ou bien avoir épuisé mes articles en retard, les paris sont ouverts.
Je ne peux pas me faire vraiment les dents sur ce roman parce que je n'arrive pas à savoir s'il y a eu, entre lui et moi, un énorme malentendu. En effet, j'ai tout du long pensé que la narratrice était la même dans les deux parties, sans tenir compte du fait qu'elle ne portait pas le même nom. Aurais-je dû être surprise à la fin ? ça restera un mystère... Il me semblait évident que c'était la même personne, mais un détail final m'a fait douter.
Années 1940, la narratrice est une riche petite fille américaine, qui aime son papa, l'argent et torturer sa nounou qu'elle appelle affectueusement sa p'tite négresse.
Douze ans plus tard, Maisie, américaine ingénue, débarque en Angleterre où elle fait la rencontre de la famille Radcliffe. Chez les Radcliffe, frères soeurs et père sont équitablement arrogants, déjantés et cruels. Objectivement, on pourrait dire "la pauvre", puisqu'elle se fait violenter, humilier, qu'on se paie sa tête à chaque instant, qu'on lui jette au visage qu'elle est une cruche, mais une cruche riche dont on veut l'argent. Elle couche dans la douleur avec les uns, les unes et les autres en se disant bien à elle-même - à raison - que ce sont des viols mais elle y retourne sans cesse, fascinée. Qu'est ce qu'elle nous agace... C'est horrible, mais on finit par lui souhaiter ce qui lui arrive, tant elle est antipathique, molle, gourde et passive. Ce roman crée un réel malaise psychologique. Après quoi on se demande comment le petit monstre qu'elle était à douze ans peut être devenu cette victime consentante. Et après quoi, encore, tout bascule, tardivement, presque quand on ne l'attendait plus et le roman devient encore autre chose.
Très curieux phénomène, inclassable, ni bon ni mauvais. Pervers.