Le mec de la tombe d'à côté, Katarina Mazetti
« Parfois, j'ai l'impression que je suis en train d'essayer d'apprendre son corps par coeur, comme si j'avais peur qu'il disparaisse. »
Je ne m'explique pas comment ce « roman d'amour tendre et débridé » (C'est la 4e de couv' qui le dit) est entré chez moi. Vraiment pas mon genre.
La composition est simple: les deux personnages principaux se rencontrent dans un cimetière, et prennent la parole, un chapitre chacun. Procédé qui pour une fois n'est pas creux et attire notre attention sur les différences de perception d'un même évènement.
Lui, Benny, est un agriculteur suédois. Il aime ses vaches et les napperons de feue sa maman.
Elle, Désirée, est bibliothécaire. Son mari était un écolo gentil comme tout mais chiant à mourir: la preuve, il s'est fait renversé à vélo.
La voilà jeune veuve. Quand, à la page 23, elle s'est mise à parler en ces termes «Assis, pas bouger!» à ses ovules... j'ai tout de suite compris qu'on allait pas s'entendre elle et moi.
Désirée, (dite La Crevette) se définit elle-même ainsi :
« Je n'ai jamais été un être sensuel, la vie avec Orjan me l'avait fait comprendre. Je le prenais avec philosophie , ou allez savoir si je n'en tirais pas une certaine fierté, comme si cela faisait de moi un être de raison, élevé au-dessus des comportements plutôt bestiaux. »
Si la partie psychologique me semble plutôt bien traitée, le thème central, lui, me laisse perplexe. Car entre ces deux-là, c'est le «choc des cultures» dans ce qu'il a de plus caricatural. Benny, qui avait de bonnes notes à l'école mais qui ne pense plus qu'aux (posters de) tracteurs et ronfle au théâtre. Désirée, l'intello qui ne peut survivre sans trois bouquins dans son sac et qui ne sait pas faire cuire un steak.
Je ne connais rien de rien à la Suède d'aujourd'hui, mais les traits semblent un peu forcés, non? Autant Benny a l'air de savoir où il va et surjoue son rôle de paysan inculte car il sent bien qu'elle ne voit que le fossé entre eux, autant la jeune femme semble vraiment pédante, agaçante, instable. Détestable, bien que parfois lucide.
« L'existence est devenue tellement physique, je sens que je suis en train d'en perdre le contrôle. »
Amour tendre... mouais... s'ils le disent. Débridé? Ah non, là non!
A lire pour se faire une idée. Matière à débat.
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