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pas pour les mauviettes ce bouquin

  • Quelle mouche a piqué Shakespeare?

    titus andronicus, shakespeare, théâtre, tragédie, classique, sanglant, barbare, meurtres et viols, pas pour les mauviettes ce bouquinTitus Andronicus, William Shakespeare

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    Avis chrono'

    Mon premier article sur Shakespeare... avec un texte qui ne lui ressemble pas! Quel dommage! Univers et personnages déroutants dans cette pièce sanglante et assez abominable... Quelques passages néanmoins sont de véritables chef-d'oeuvre de cynisme.

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    Je vais tenter un résumé succinct mais je ne promets rien, il y a tellement de personnages!

    Titus est un général romain. Il rentre avec une captive, Tamora, dont il sacrifie un fils pour faire plaisir aux Dieux. Ce qui plaît beaucoup moins à la mère, en revanche... laquelle va passer toute la pièce à se venger à l'aide de ses autres fils qu'on nommera C. et D. pour plus de commodité.

    Titus a lui aussi des enfants (dont une bonne vingtaine sont morts glorieusement à la guerre! Génial non?) il lui en reste quand même quatre ou cinq au début de la pièce... et beaucoup moins à la fin (il les tue lui-même, souvent, pour gagner du temps).

    C'est une tragédie, que voulez-vous...

    Il a, dans le lot, une fille Lavinia qui doit épouser l'empereur, puis finalement, non, celui-ci préfère épouser Tamora, qui elle, a un amant, Aaron, un gars pas gentil du tout... Extrait de sa morale personnelle. Lisez (oui!  tout!), ça vaut le coup d'oeil:

     

    « ... et même en ce moment je maudis le jour où je n'aie fait quelque grand mal, comme de massacrer un homme ou de machiner sa mort, de violer une vierge ou d'imaginer le moyen d'y arriver, d'accuser quelque innocent ou de me parjurer moi-même, de semer une haine mortelle entre deux amis, de faire rompre le cou aux bestiaux des pauvres gens, d'incendier les granges et les meules de foin dans la nuit, et de dire aux propriétaires d'éteindre l'incendie avec leurs larmes: souvent j'ai exhumé les morts de leurs tombeaux, et j'ai placé leurs cadavres à la porte de leurs meilleurs amis lorsque leur douleur était presque oubliée, et sur leur peau, comme sur l'écorce d'un arbre, j'ai gravé avec mon couteau en lettres romaines: Que votre douleur ne meure pas quoique je sois mort. En un mot, j'ai fait mille choses horribles avec l'indifférence qu'un autre met à tuer une mouche; et rien ne me fait vraiment de la peine que la pensée de ne plus pouvoir en commettre dix mille autres. »

     

    Lavinia va être violée, sur le cadavre de son mari, par C. et D. qui vont lui couper les mains et la langue aussi. Je vous laisse découvrir seuls les autres joyeusetés dont la pièce est semée : parricides et infanticides, assassinats nombreux et viols, accusations mensongères... et un peu de cannibalisme sur la fin.

    On en prend plein la gueule, une fois qu'on a réussi à s'y retrouver dans les personnages en -us: mucius, mutius, lucius (x2!), quintus, titus, démétrius, publius et j'en passe bien d'autres...

    Il n'y a que Lavinia que j'aie identifiée tout de suite!

    titus andronicus,shakespeare,théâtre,tragédie,classique,sanglant,barbare,meurtres et viols,pas pour les mauviettes ce bouquinL'ensemble est convaincant. Pas du tout une mauvaise pièce, d'ailleurs, elle se bonifie avec le temps. Ma lecture date de deux semaines (je n'ai QUE trois billets en retard!) et j'ai l'impression que chaque jour j'aime un peu plus ce texte. Faut dire que depuis j'en ai raconté l'histoire trois fois en détail, la familiarité aide à l'apprécier.

    Mais ce qui m'a gênée, c'est vraiment l'écriture. (en espérant que ça ne soit pas dû à la traduction, j'ai lu le texte sur internet et j'ai eu beaucoup de mal à le trouver). Rien là dedans ne me rappelait Shakespeare. Il faut que je me plonge dans les pièces qui me restent à lire, comme Macbeth... Et que j'en relise d'autres... On peut rêver (de trouver le temps...).

    Je signale tout de même deux passages d'anthologie! Des perles...

    La scène qui suit celle du viol est à mes yeux une merveille. Mais je préviens tout de même, une merveille de sadisme! Les deux violeurs "raccompagnent" leur victime et en profitent pour faire des... comment dire ça... des plaisanteries... (disons même des blagues à deux balles) sur ses mutilations...

    C'est ignoble mais divinement écrit! D'une irrévérence hallucinante...

     

    Et le second passage, c'est une citation que j'ai relevée parce qu'elle m'a fait rire (et ça marche encore). Vous allez être déçu, il m'en faut peu!

    Titus apprend de la bouche du diabolique Aaron la mort de son frère...

    « - Mon frère mort? Tu ne parles pas sérieusement; son épouse et lui sont vers le nord de la forêt, au rendez-vous de cette agréable chasse; il n'y a pas encore une heure que je l'y ai laissé. »
    - Nous ne savons pas où vous l'avez laissé vivant, mais, hélas! nous l'avons trouvé mort ici. »

     

    J'en ai encore fait une tartine!! Je crois que ça mérite un changement de catégorie, je le mets dans les urgences!

    Je conclus: c'est diabolique, infâme, barbare et grandiose!

     

    Ce livre pour...?

    Ce livre pour les amateurs de grands méchants bien méchants qui vont jusqu'au bout de leurs principes et de fêlés en tous genres. Je pense que ça peut convenir à quelqu'un qui lit peu de théâtre, à condition qu'il soit meilleur que moi dans la distinction des "-us".

     

    Lien permanent Catégories : Urgences 3 commentaires