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harry quebert

  • Jeune et jolie (et décédée)

    harry quebert, joel dicker, couvertureLa vérité sur l'affaire Harry Quebert, Joël Dicker

    Si quelqu'un m'a vue samedi sur bfm avec une charge de CRS aux fesses, ne tirez pas de conclusion hâtive ! J'allais au ciné, je n'ai pas assez bien regardé avant de traverser la rue comme nous le conseille notre bon président.

    On est bien en ce moment non ? Il se passe plein de choses, on ne s'ennuie pas. Un peu de fatigue mais les vacances en vue. Des listes de lecture bien tenues, la famille et des tas d'apéro en vue... Impec.

    Je suis de si bonne humeur que je sens déjà que j'en veux moins à Harry Quebert. J'ai fini le roman juste quand commençait la diffusion tv de l'adaptation mais je ne l'ai pas encore regardée. 

    Un roman qui parle de l'écriture et des problématiques associées ( mercantilisme des éditeurs, versatilité du public, panne d'inspiration, quête de la vérité, techniques narratives ) avec un auteur pour personnage principal c'est toujours trois pas d'avance pour décrocher un prix littéraire... Il en a eu plusieurs.

    Je n'ai pourtant pas trouvé le style renversant. On tricote le présent (découverte du cadavre d'une jeune fille) avec le passé (époque de sa disparition trente ans auparavant) à l'aide de passages qui introduisent avec plus ou moins de brio les confidences des témoins auprès de Marcus Goldman.

    Marcus est un écrivain célèbre pour son premier roman et en panne du second. Il est sur le point de faire faillite quand le buzz du moment lui tombe dessus : son mentor et ex-professeur Harry Quebert est accusé du meurtre de Nola, disparue trente ans plus tôt.

    C'est aussi l'histoire d'amour entre ce prof trentenaire et une gamine de quinze ans. J'ai mis un peu de temps à me l'avouer mais je n'ai pas été emballée par ce thème. C'est pile la zone grise. Elle aurait eu douze ans, c'était carrément glauque. Dix-sept et tout l'intérêt du roman s'écroulait. 

    Parlons de la résistance héroïque du Harry et de ses scrupules moraux "oh quand même, on ne devrait pas, les gens ne comprendraient pas, tu es trop jeune". Mouais. J'ai trouvé ces objections assez complaisantes. La grande scène de la résistance à la tentation, c'est presque un passage obligé. Au final on glorifie plutôt ce couple hors du commun, qui se noue en dépit de la morale puritaine de cette petite ville. Sous-entendu : rhoo soyez pas des vieux cons coincés, à quinze ans, ça va, elle sait ce qu'elle fait. Plaignez ces amants que l'excès de morale condamne. D'ailleurs le parallèle fait avec le livre dans le livre, qui traite des couples mixtes, va dans le même sens : ça aussi, c'était mal et condamné par la société, avant, mais la société évolue.

    A la rigueur, j'aurais pu ne pas trop m'en formaliser, si la gamine avait été "spéciale". Mature pour son âge, présentant des talents particuliers, étudiante brillante et précoce, ou émancipée de sa famille, ou présentant une réflexion poussée sur la question de leur couple. Au lieu de quoi, ce qui plaît à Harry, c'est qu'elle danse sous la pluie. Je vous traduis : il aime son physique et sa naïveté. Elle boude, elle fait des caprices, ne semble même jamais consciente que l'écart d'âge peut être considéré comme un problème. Elle a vraiment quinze ans, c'est cohérent. Moi aussi, à quinze ans, je fantasmais sur ma prof. Pourquoi d'après vous l'actrice de la série a-t-elle six ans de plus? M'étonnerait que les familles devant la tv ait trop envie d'identifier Nola à leur adolescente.

    Évidemment au cours de l'enquête, on en vient à soupçonner Nola d'être une allumeuse. Inévitable ? 

    Les personnages secondaires valent aussi leur pesant de cacahuètes, très clichés de péquenots de province. Femme qui porte la culotte, mari un peu niais qui supplie sa "bibichette", serveuse de fast-food qui veut devenir une star, flics ripoux...

    Le suspense est variable, tantôt la mécanique est efficace, on se laisse surprendre. Tantôt on nous annonce comme un scoop un truc qu'on voyait venir à des kilomètres. Pour autant, globalement, ce n'est pas un mauvais roman. Je l'ai bien aimé.