Entrons chez nos ancêtres, Jean-Louis Beaucarnot
Avis chrono'
Une histoire des objets de la vie quotidienne, de la commode à la chemise, en passant par l'assiette. Un ouvrage qui s'adresse aux passionnés de généalogie, d'histoire, aux amateurs d'étymologie ou aux simples curieux.
"Au XVIIIe siècle, même à Paris, 75% des foyers étaient concentrés en une seule pièce et en 1870, en Touraine, 70% des logements n'avaient de même qu'une pièce unique, de souvent 30 à 40 m2, où étaient rassemblés tous les membres de la famille, et où étaient entreposés tous les meubles, objets et outils possédés!"
Une façon originale d'aborder l'histoire, qui n'est pourtant pas du tout mon rayon. Le livre est bien conçu, il explore les pièces de la maison, en partant des murs et du seuil, de la symbolique du foyer, pour ensuite circuler à l'intérieur. Ce travail est réalisé à partir de sources auxquelles on ne penserait jamais: les inventaires dressés après decès. Ils concernent l'ensemble de la population, du châtelain au misérable paysan.
De nombreux encadrés agrémentent les chapitres, apportant le plus souvent des explications étymologiques (saviez-vous que le lit à baldaquin tenait son nom de la ville de Bagdad? Et le robinet du roman de Renart?) ou listant des expressions françaises qui contiennent des noms d'objets. C'est ainsi que j'ai découvert cette poétique expression "Parler de mon cul sur la commode", qui signifie parler de choses sans intérêt.
Et qu'au chapitre traitant de l'éclairage, de la bougie, du réverbère, j'ai lu avec attention une histoire de... la Sainte Ampoule.
Sans avoir tout retenu, j'ai pioché quelques anecdotes que je partage avec vous:
- Avant que les pompiers ne se généralisent, les incendies étaient nombreux. Si vous n'aviez pas la chance que le curé arrive assez vite pour arrêter le feu à coup de saint-sacrement, bah, pas d'assurance, hop, S.D.F. Mais attention, pour ne pas être confondu avec le vulgaire vagabond, avant de vous jeter sur les routes, la ville vous remettait un certificat attestant de vos malheurs. Chouette.
- Le lit représentait parfois jusqu'à 30% des avoirs du défunt. Un objet de luxe. Et il a existé des couvertures en peau de chien!
- La farine nécessaire au poudrage des perruques aurait permis de nourrir 10.000 personnes.
N'oublions pas la très célèbre anecdote sur Louis XIII, qu'on raconte à tous les enfants: sa majesté n'a pris son premier bain qu'à l'âge de 7 ans. Rassurez-vous, avant cela, on le débarbouillait parfois. Au beurre frais...
Le mot d'ordre, en matière de propreté (avant les leçons d'hygiène de J. Ferry): mettre des habits propres et tant pis pour ce qu'il y a en dessous.
Je déplore tout de même quelques longueurs. A lire comme un roman, d'un bout à l'autre et sans être une grande amatrice c'est un peu fastidieux. Les longs développements sur les armoires et les vêtements m'ont laissée de marbre.