O les beaux jours, Samuel Beckett
Enfin sorti de ma bibliothèque. Je savais que ça ne serait pas simple, je n'ai jamais beaucoup accroché avec Beckett, c'est trop obscur pour moi. Le sens, déjà, est volontairement obscur, à peine arrive-t-on à mettre bout à bout les dialogues tant les didascalies prennent de place, elles sont partout, s'intercalent entre toutes les phrases, hachent menu la lecture - je sais, qui n'est pas censée en être une. Une fois, j'ai vu jouer En attendant Godot, à Chartres. Je me souviens surtout du décor : presque rien.
Et de même, obscur ce que j'imagine quand je tente de décortiquer ses pièces. Triste, mélancolique et pesant. Je ne peux que grogner, quand je ne suis pas sûre de comprendre. Pourquoi faut-il que tout soit si opaque ? Une phrase lancée et jamais élucidée...
Dans ô les beaux jours, rien que Willie et Winnie. Deux personnes âgées, un mari, qu'on voit à peine, tantôt les mains, tantôt la tête. Il semble vivre là, à proximité de sa femme, peu loquace, peu mobile. Quant à sa femme, elle est enterrée jusqu'aux seins dans une petite colline herbeuse.
Situation loufoque, qui symbolise je suppose la vieillesse, la mobilité qui disparaît peu à peu. Leurs journées sont rythmées par des carillons (il me semble). On se réveille, on dort, on discute - mais trop peu. Pour toute occupation, un sac d'objets du quotidien, brosse, brosse à dents, lunettes, parapluie. Et un revolver (la mort toujours à proximité?). Les souvenirs, aussi, ont une place importante, le passé, par bribes.
Au moins en voici une qui a tout le temps de se rendre compte qu'elle a un pied, voire les deux, dans la tombe.
Je ne déteste pas. Je sais simplement qu'il faut une motivation extérieure - le tirage au sort en est une - pour me lancer aujourd'hui dans ces lectures-là, sans y être contrainte par les études car ça me laisse seule avec ce paquet de "????".