A la vue, à la mort, Françoise Guerin
Je découvre enfin le premier roman de Mme Guérin, croisée aux quais du polar et écoutée avec grand plaisir cette année dans une conférence qui avait pour thème "Polar et psy", laquelle, trop brève à mon goût, n'a pas creusé grand chose, mais l'ambiance était joyeuse et les deux autres invités (psychiatres) tout aussi passionnés.
Je n'ai pas fait d'article sur la Grande Enquête de l'édition 2015 des Quais du Polar. J'en avais l'intention, puis le temps a passé. C'était peut-être une façon de me venger des organisateurs qui avaient choisi les pentes de la Croix-Rousse. Des heures à monter et descendre des rues en pente et des escaliers!! Et une énigme vexante, dont nous avons fini par trouver la solution sans vraiment recoller tous les morceaux. Pas tout à fait au hasard, mais pas convaincues quand même. Au point que la fin de notre Enquête a consisté essentiellement à pister dans la foule (10 000 participants cette année d'après ce que j'ai entendu) la scénariste de l'enquête en personne, dont nous étions parvenus à obtenir auprès du personnel encadrant à la fois le prénom (Christelle? Christine? J'ai oublié.) et la description : tee-shirt gris et sac à dos, noué sur le devant par une lanière. Un peu léger. Mais accompagnée d'un homme en orange!
Bref. Nous ne l'avons bien sûr pas trouvée. Avons deux fois écouté le dernier duo de comédiens censé détenir la clé de l'énigme et avons déposé nos bulletins.
Finalement c'est bien de la conférence que je garde le meilleur souvenir. Il y a surtout été question des expériences professionnelles du trio, un peu quand même de l'acte d'écriture, et des différences entre fiction et réalité. J'ai noté (et perdu depuis) une phrase magnifique qui portait sur l'espace des battements (de coeur?) et à peu près retenu ce qui était dit de la psychologie qui s'appuie sur les travaux de Lacan et s'attache particulièrement à ce qui est caché dans la parole.
Mois d'une semaine plus tard, je lisais A la vue, à la mort et retrouvais tout cela ! Ce premier roman est bien meilleur que Cherche jeunes filles à croquer, je trouve. Plus original, hypnotique. L'enquête est intériorisée par le flic, Lanester (incarné par Richard Berry dans l'adaptation télé que je n'ai pas vue). En effet, celui-ci perd brutalement la vue sur la scène d'un crime d'un tueur en série : victimes énuclées, oeil géant peint au plafond. Un flic aveugle et égaré, voilà qui est peu banal. Il débute alors une psychanalyse qui sera, en réalité, le lieu principal de l'enquête. J'ai beaucoup aimé les retranscriptions de séances.
Je n'en dis pas plus. Très bon polar. Je vais suivre d'encore plus près cette auteure bien sympathique car ses idées et sa façon d'aborder le psychisme sortent de l'ordinaire.