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  • Purée!

    Patates.jpgLe cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates, Mary Ann Shaffer et Annie Barrows.

    Sous ce titre interminable (et encore, à la traduction, ils ont taillé), un roman épistolaire évoquant la seconde guerre mondiale.

    1946. Juliet, écrivain, cherche un sujet pour son prochain livre et fais la connaissance d'habitants de l'île de Guernesey (j'ai visité, c'est charmant. Mais ils roulent excessivement à gauche), qui acceptent de témoigner et racontent à tour de rôle leur expérience personnelle de l'occupation allemande.

    Aux mauvaises langues, qui suggerèrent en d'autres lieux que j'espérais trouver de la pomme de terre écrasée entre les pages, je peux enfin répondre: fi donc! Je ne suis point si naïve!

    Heureusement car de patates, il n'en a pas souvent été question (exception: un certain matin, à l'heure de partir au boulot, où je demandai fébrilement après mon livre rebaptisé « t'as pas vu mes Patates? » avant de le retrouver sous la table de nuit - et de rater mon bus).

    Disons-le tout de suite: je ne suis pas emballée. J'en avais entendu beaucoup de bien, j'étais toute disposée à encenser... et plouf. La déception.

    C'est très bien fait, pourtant. Le procédé - différentes lettres, de divers émettteurs qui sont autant de possibilités de varier les angles d'attaque - est ingénieux, réfléchi, bien maîtrisé.

    Exactement du même ennui qu'un appart' parfaitement rangé. Donne envie de déplacer en douce deux ou trois bibelots sur le buffet et de laisser traîner une paire de chaussettes.

    La vieille aigrie, à l'affut derrière ses rideaux. Le gentil garçon un peu benêt au grand coeur. La petite fille orpheline un peu sauvage à amadouer. Le type à la vie on ne peut plus banale qui ouvre un jour sa porte au prisonnier de guerre. La bonne vivante et son cochon. Le grand bourru. La demoiselle héroïque qui se sacrifie. Le vilain collabo...

    Le tout délicatement saupoudré de quelques références littéraires.

    Arrivée au milieu de l'oeuvre, j'étais partisane d'un article rageur intitulé « La guerre 39-45 pour les nuls » tant cet aspect catalogue bien propret de la guerre et de l'occupation m'agaçait.

    Mais je domine bien mon côté « mauvais poil » et je m'adoucie toute seule, en général. Ce qui n'a pas manqué. Le dernier quart, qui relève du pur romanesque, m'a plu davantage.

    Ainsi, je nuance mon jugement: c'est un très bon livre, j'y ai appris certains détails. Idéal pour ceux qui abordent le sujet et ont envie de découvrir la seconde guerre mondiale. Une oeuvre pédagogique, qui accompagnera parfaitement un cours d'histoire, en donnant un éclairage original, un brin ludique. Le style est bon, le texte accessible à un jeune lecteur, je pense.

    Ce n'est que par commodité pour les rares visiteurs de ce blog que je n'ai pas classé ce billet dans la rubrique « Pédiatrie ».

    Abc.jpgCar je n'ai en somme rien d'autre à reprocher à ce roman que d'être arrivé dans ma P.A.L. avec dix bonnes années de retard, après Si c'est un homme de Levi, après Les bienveillantes de Litell (quel choc ce livre!).

    A l'adolescence, j'aurais adoré Les Patates!