L'enfant perdue, Elena Ferrante
(L'amie prodigieuse T4)
"Reste à son côté, c'est une femme qui n'arrive pas à vivre avec elle-même, sa vieillesse sera moche."
Mmmh, nan. Décidément pas. C'était pas ça. Pas trop ça. Pas vraiment ça. Pas la fin que je voulais ? Mais quelle fin voulais-je ? Je ne sais pas l'écrire. Peut-être parce que j'aurais voulu que ça se passe bien alors que c'était déjà plié, sans doute depuis deux tomes, que je n'étais pas censée l'espérer encore ?
Depuis, ça tourne un peu en rond, ça stagne méchamment. Lenu et son Nino. Encore Nino. Deux tomes de Nino.
Le quartier, la mafia, la pauvreté. La modernité qui se fraie à peine un chemin.
Et la relation avec Lila, âpre, brutale, en dents de scie, qui non seulement ne progresse plus mais ne s'éclaire pas. J'en sors sans savoir - ai-je assez dit que je déteste ne pas comprendre, ne pas être sûre. Je suis incapable de me faire une idée de ce qu'elles sont l'une pour l'autre. Affection, manipulation, rancune, incompréhension ? C'est presque du pile ou face. Avec une pièce à quatre faces. D'ailleurs tiens, oui, je n'y avais jamais songé, qu'on tire à pile ou face avec un objet à trois faces. C'est drôle, est-ce volontairement symbolique ? On croit faire des choix parmi un éventail fermé de possibilités et il en reste toujours une à laquelle on ne pense pas.
Thème des enfants et de la maternité, déjà un peu le cas dans le volume précédent. Le titre n'est pas représentatif du roman, qui, au fond, n'est le récit de rien. Je me suis à nouveau demandée si c'était une autobiographie et si c'était la raison de mon désamour. C'est trop confus, les sentiments, les relations humaines, quand ça n'est pas tamisé par les besoins d'un roman. Quand c'est trop vrai, c'est brouillon, complexe et souvent absurde. Comme de se brouiller avec une amie prodigieuse pour avoir pris de ses nouvelles.
A la fin de ma lecture du T3 j'écrivais :
"Si c'est un talent de cacher les choses, dois-je m'attendre à ne trouver aucune réponse, aucun éclaircissement dans le dernier morceau ?"
Quand je dis que du trois au quatre rien n'a progressé...
* Oh bon sang cette fois je tiens le jeu de mots parfait ! Mais c'est vraiment du pur lyonnais. Gône = gamin, gosse.
Commentaires
Oh c'est brillant cette question sur le pile ou face... Je ne m'étais jamais interrogée de façon aussi poussée !
Les relations humaines sont tout sauf simples. J'en jugerai après lecture mais du coup, ça me parait injuste de reprocher à une saga qui traite de l'amitié une trop grande complexité dans l'expression des sentiments. Ca semble plutôt réaliste et bien campé, finalement. L'amitié étant peut-être la relation la plus difficile de toutes à décortiquer...
Surtout pour moi qui n'ai jamais réussi à en maintenir une sur la durée... ça me désole. Ce n'est pas tant la complexité que l'enlisement des propos qui m'a agacée. On ne progresse plus. Même dans la complexité on peut soit éclaircir des choses avec le temps, soit ajouter une couche de complexité. Là on tourne quand même sur les mêmes questions que le tome précédent. La même relation.