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La fable du muet

bond_existence.jpgExistence, Edward Bond

Avis chrono'

Cette pièce, écrite par un dramaturge britannique contemporain, est devenue pour moi un Classique dans le plus beau sens du terme, à peine en avais-je refermé les pages. C'est une plongée dans l'obscurité pour mieux entendre avec les tripes. Un dédoublement qui nous conduit à notre Moi le plus profond.


C'est un texte magnifique que j'ai découvert, grâce à une amie. Je m'en veux terriblement, ce soir, d'avoir laissé passer un mois entier sans rien en dire, à la fois parce que c'est un texte sublime que j'ai délaissé et parce que je crains, à présent, d'oublier des détails, d'hésiter, puisque je n'ai plus accès au texte.

Lire cette pièce, intitulée sobrement et mystérieusement Existence, était une expérience dérangeante et poignante. Je l'ai sentie intense, profonde et pourtant à ma portée. Le message m'est parvenu, je crois, par les moyens les plus étranges qui soient.

Apprenez tout d'abord l'identité des deux seuls personnages de cette pièce. Identité qui ne pourra pas être connue des spectateurs, qui n'est donc soumise qu'à la réflexion du lecteur: il y a "X" et il y a "Tom".
L'un porte un nom, l'autre pas. Saurez-vous, à la fin de mon article, proposer une interprétation à cela? (Tiens, c'est une idée, un challenge pour mes deux ou trois fidèles lectrices!)

La pièce démarre dans une obscurité totale. Ce qui est extraordinaire, c'est que pendant un long moment  - que j'évalue, à la lecture, à peut-être 20 ou 30 mn - la scène reste ainsi plongée dans le noir. Il n'y a rien à voir, rien qu'à entendre. X pénètre dans un appartement, et commence à le saccager. Est-ce un cambrioleur? Il découvre, dans l'obscurité de la pièce, un autre homme, Tom.

L'écriture est très particulière. Les phrases sont souvent inachevées, le lecteur/spectateur doit constamment combler les blancs. X, très agité, s'en prend à Tom qu'il tente de faire parler. Sa quête n'est pas identifiable. Nous comprenons rapidement que l'objet de son désir n'est pas matériel.

Je la cite de mémoire, j'espère ne pas trop me tromper, la plus belle phrase de la pièce, pour moi, est celle-ci, hurlée par X dans un moment d'intense désespoir:

"Dis-moi ce que c'est que je cherche!"

Mais Tom est muet, sa langue mutilée l'empêche d'apporter au malheureux la moindre réponse. L'ensemble du texte n'est donc qu'un immense monologue durant lequel, par la fenêtre, un mince filet de lumière se répand sur ces deux hommes en attente de quelque chose.

Sublime texte qui traite de ce que nous sommes, de notre rapport à l'autre et par dessus tout, de cette difficile communication, qui n'a pas toujours lieu, à l'intérieur de nous-même.

Lien permanent Catégories : Urgences 4 commentaires

Commentaires

  • X et Tom sont une seule et même personne?
    J'ai des questions mais demain, là il est tard, je m'endors un peu...
    Je ne connaissais pas du tout cette pièce, tu as le chic pour me rendre curieuse à son sujet. J'espère pouvoir la lire!

  • Si elle survit à ses collègues, à sa convocation et à la bataille qui s'annonce, nous aurons l'occasion de la voir cet été et qu'elle te prêtera son livre... ^^

    Et ces questions, alors? Quelles sont-elles?

    X et Tom pourraient bien être la même personne, d'une certaine façon, oui, je pense. Ou deux facettes d'un même esprit.

  • Dis-moi au fait, au sujet de cette pièce, est-ce qu'à la fin on sait pourquoi X a saccagé l'appartement? Finit-il par trouver ce qu'il cherche? Trouve-t-il un moyen autre que le langage pour communiquer avec "Tom" son... "double" (ou Moi profond)? ^^

  • Spoil: Je crois que X se cherche lui-même, ou une partie enfouie de lui même. Finit-il par trouver ce qu'il cherche... peut-être... à la fin, il demande à Tom de le tuer.
    Je pense, mais ce n'est que mon avis, que survit, à la fin, la bonne part, celle qui porte un nom. Celle qui est l'individu.

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