Une dérogation exceptionnelle, pour une occasion exceptionnelle. Aujourd'hui, sur Talemore, il sera question de danse et/ou de théâtre.
Un énorme merci, très ému, à mon amour, qui est à l'origine du choix de ce spectacle dans notre abonnement annuel et qui a eu du flair, comme souvent, comme toujours!
Autant le dire tout de suite, entre moi et la danse, aucune compatibilité naturelle. Je suis aussi gracieuse qu'un essuie-glace. J'ai vu mon premier spectacle de danse il y a deux ans et je risque, au cours de cet article, de manquer du vocabulaire nécessaire. Mais pas du coeur, non, c'est certain. Alors les puristes et les experts me pardonneront.
Le spectacle se nomme Stand Alone Zone, par la compagnie Système Castafiore. C'est un conte moderne, en danse contemporaine sur une musique magique.
Je suis ressortie chamboulée, les yeux brillants, le tête pleine d'images magiques.
Je n'ai jamais rien vu d'aussi beau de toute ma vie.
Futur. Les hommes ont délaissé la terre pour vivre dans une cité céleste. Le rideau s'ouvre sur un danseur perché sur fond de nuages. Au fond de la scène, un écran de cinéma, incurvé, qui laisse défiler des images de synthèse d'une qualité exceptionnelle.
Et d'une poésie... Les tableaux s'enchaînent, ils durent quelques secondes, ou quelques minutes. Quatre danseurs. Les costumes merveilleux, colorés. La première danse, sans musique, avec une bande sonore qui hâche une bouillie de syllabes mêlant anglais, français, langue slave, fait sourire. C'est délirant. C'est parti.
Second tableau. Le bébé qui joue sur le sol. Tête énorme.
Puis s'enchaînent en vrac... les pêcheurs d'oxygène. L'enfant malade, des fleurs plein le cerveau. L'étrange docteur à tête d'oiseau, qui était sur l'écran et que l'on retrouve ensuite sur la scène.
Obligation, pour sauver l'enfant, de redescendre sur la terre en quête d'un remède magique...
C'est comme un conte, en trois dimension. Parfois, la limite entre la scène et l'écran s'efface, comme si nous étions au coeur d'un dessin animé, qui mêle fantasy et poésie.
Avec d'incroyables trouvailles visuelles, comme lors de la descente en ascenseur, que j'ai véritablement ressentie, dans mes tripes. Première "image". Deux danseurs, face à nous, prennent l'ascenseur. Le noir se fait, une seconde. La lumière se rallume, nous sommes toujours dans la machine, mais cette fois, en vue de dessus. Les danseurs flottent à l'horizontale, comme en lévitation, les pieds en direction de l'écran, sur lequel les étages défilent. Vertigineux.
La suite est envoûtante, je pose ma tête sur mes bras croisés et je reste là une heure, scotchée comme une gosse devant le dessin animé ultime.
Le récit se poursuit par la traversée d'une succession de pièces qui sont autant d'étapes, décrites comme des plongées dans l'inconscient humain. Un monstrueux colosse d'argile, des personnages difformes, comiques, effrayants. Un corps sans tête. Des boxeurs qui s'affrontent en rythme sur un fond qui tourne à n'en plus finir...
Chaque costume semble trop net, trop coloré, trop beau pour être vrai. Le monstre qui traverse l'écran finit par le quitter pour onduler sur la scène et prendre sur son dos la jeune femme.
Je suis dans un rêve éveillé du début à la fin. Nous sortons à demi somnanbules et pendant près d'une heure, nous allons nous repasser toutes les images, tous les moments. Mais avant, dans la voiture, je fonds en larme, parce que c'est fini, que c'était beau, plus beau que tout ce que je peux en dire et que je ne les reverrai plus jamais.
Mais vous, peut-être? J'ai fait quelques recherches, Saint Raphael (83) et Chalon sur saône (71) en décembre. Martigues (13) en janvier. Pontoise (95) en mars (et là je me demande si je ne vais pas y retourner... Je viens d'apprendre, en écrivant cela, que mon amour l'avait déjà prévu et voulait me faire la surprise. C'est pas beau la vie?)
Commentaires
Hey miss !
Je comprends ton ressenti, j'ai eu le même genre de sentiments quand je suis allée voir la comédie musicale Hair cet été. C'est fou comme on peut découvrir en le théâtre, la danse, les chansons des sentiments inexpliqués, alors que de prime abord on n'était pas forcément tentés. Perso ça m'a donné envie d'explorer un peu plus le milieu des comédies musicales, comme la pièce Othello m'a donné envie de voir plus de théâtre ! :)
Belle découverte en tout cas !
Oui... pour moi, mettre les pieds au théâtre, c'était loin d'être évident. La première fois, j'avais déjà 20 ans.
Depuis trois ans, j'ai un abonnement, je vois des pièces qui me plaisent. Et j'ai voulu tenter la danse, pour voir. J'ai déjà aimé des spectacles l'année dernière.
Mais je n'avais jamais quelque chose d'aussi magique, d'aussi complet, technique, poétique, envoûtant, délirant que ça. J'ai terriblement peur d'oublier... Et je voudrais pouvoir le revoir à volonté, mais c'est impossible et ça me brise le coeur.